Les marchés européens flambent après le «grand bazooka» allemand

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Le DAX de Francfort s’envole de 3,16% à la clôture, au lendemain d’une forte chute, profitant des annonces d’investissements massifs en Allemagne pour relancer l’économie et muscler sa défense. A paris, le CAC 40 grimpe de 1,56%.

Après les annonces d’investissements massifs de l’Allemagne pour booster son économie et sa défense, les Bourses européennes ont terminé en forte hausse mercredi, l’euro s’envole et les taux d’emprunt des Etats flambent sur le marché obligataire.

Le taux allemand à échéance 10 ans, surnommé le Bund, est passé de 2,49% mardi à 2,79% mercredi, sa plus forte progression sur une séance depuis la réunification de l’Allemagne en 1990.

Des variations de 0,30 point de pourcentage sont rarement vues sur une séance. Ailleurs en Europe, le taux d’emprunt de la France à échéance 10 ans est passé de 3,23% mardi à 3,49% mercredi, son équivalent en Italie est passé de 3,62% à 3,90%.

«La hausse de ces taux reflète principalement une hausse des perspectives de croissance et d’inflation» après les «annonces historiques de l’Allemagne», explique François Rimeu, stratégiste sénior chez Crédit Mutuel Asset Management.

Sur les marchés d’actions, l’indice vedette de la Bourse de Francfort, le DAX, s’est envolé de 3,37%, signant sa meilleure progression sur une séance depuis novembre 2022. Parmi les autres places du Vieux continent, Milan a bondi de 2,08%, Paris a aussi terminé en nette hausse de 1,56%, seule Londres est restée à l’équilibre (-0,04%). A Zurich, le SMI a gagné 0,82%.

La première économie européenne, en récession depuis deux ans, va lancer un fonds spécial de 500 milliards d’euros sur 10 ans pour rénover les infrastructures et gagner en compétitivité.

Surtout, toutes les dépenses de défense dépassant le seuil de 1% du Produit intérieur brut (PIB) allemand, soit au-dessus de 45 milliards d’euros environ, ne seront plus décomptées dans le dispositif du pays du «frein à l’endettement».

Les dépenses militaires pourraient ainsi atteindre au moins 100 milliards d’euros par an, selon l’une des négociatrices du SPD, soit deux fois plus qu’actuellement.

En parallèle, il faut aussi prendre en compte «le plan de réarmement de l’UE», a expliqué François Rimeu.

La Commission européenne a dévoilé mardi un plan pour mobiliser près de 800 milliards d’euros pour la défense européenne, mais aussi pour fournir une aide «immédiate» à l’Ukraine après le gel de l’aide américaine.

Ursula von der Leyen, présidente de l’institution, a confirmé sa volonté d’encourager les Etats à dépenser plus pour leur défense, sans être contraints par les règles budgétaires qui les obligent à limiter leur déficit public à 3% de leur Produit intérieur brut (PIB).

Concrètement, les 27 pourront consacrer 1,5% supplémentaire de leur PIB à des dépenses militaires, chaque année pendant quatre ans, sans risque que cette augmentation soit prise en compte dans le calcul des déficits excessifs, a expliqué un responsable de la Commission sous couvert d’anonymat. Cette possibilité offerte aux Etats membres peut permettre de dégager quelque 650 milliards d’euros sur quatre ans, a assuré la Commission européenne.

«La Banque européenne d’investissement pourrait financer tous les projets de la défense, ce qu’elle n’avait pas le droit de faire jusque-là», a aussi relevé François Rimeu.

Défense, industrie et banque sur le podium

Parmi les valeurs de la défense, à Paris, Thales s’est envolé de 7,63% et Dassault Aviation de 4,29%, à Francfort, Rheinmetall de 7,17% et Hensoldt 8,89%. A Stockholm, Saab a gagné 6,12% et à Milan, Leonardo 3,93%.

Du côté des industriels, ArcelorMittal a pris 10,47% et le géant des matériaux Saint-Gobain 8,84%. A Londres, Glencore a gagné 2,57%. A Francfort, l’industriel Thyssenkrupp a bondi de 13,44%.

Les banques, soutenues par la hausse des rendement des obligations souveraines, ont aussi gagné du terrain. A Francfort, Deutsche Bank s’est envolé de 12,36%, Commerzbank de 10,95%. A Paris, Société Générale a progressé de 5,08% et BNP Paribas de 4,14%.

Le pétrole glisse

Les cours du pétrole plongent dans la foulée de la publication d’une hausse des stocks hebdomadaires américains et encore secoués par l’annonce lundi du retour dès le mois d’avril des barils de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et ses alliés (Opep+).

Vers 17H00 GMT, le prix du baril de Brent de la mer du Nord perdait 3,66% à 68,44 dollars, au plus bas depuis décembre 2021. Son équivalent américain, le baril de West Texas Intermediate, chutait de 4,27% à 65,34 dollars.

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