Gonet: l'actualité des marchés au 1er mars

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,12%, S&P 500 +0,52%, Nasdaq +0,90%, Russell +0,71%, SOX +2,7%, Eurostoxx -0,12%, SMI +0,23%.

On se bouscule aux OA (Ours Anonymes) en ce vendredi matin 1er mars. C’est la déprime générale chez les baissiers, les indices d’actions, non contents d’avoir décollé en novembre et décembre de l’an passé, on remis ça en janvier (ça c’est plutôt habituel) et viennent de boucler un quatrième mois consécutif de hausse (ça c’est nettement plus rare, février est historiquement le deuxième plus mauvais mois boursier de l’année). Me voici de facto autorisé à écrire que le démarrage boursier de 2024 est solide. 2023 a été marquée par une engouement croissant des investisseurs de tous bords pour les valeurs technologiques, les 6 magnifiques en tête (oublions Tesla voulez-vous?). Le secteur du luxe a aussi apporté sa pierre à l’édifice des taureaux et les espoirs déçus mais jamais anéantis d’un début de cycle baissier par la Fed ont entretenu la flamme à leur manière, même si aujourd’hui tout un chacun dans les salles de marchés semble ne plus trop s’en soucier, les traders s’enivrent d’intelligence artificielle, qu’importe le processeur, l’ivresse est systématiquement au rendez-vous.

La mère de tous les titres, Nvidia, atteint un énième record à la cloche hier soir, elle pèse désormais 1977 milliards de dollars en bourse, personne ne sera étonné si elle fait irruption dans le rétroviseur d’Apple et Microsoft un jour prochain. Sur le front des indices, les records tombent un peu partout hier soir, le S&P500 (SPX) en réalise un nouveau et clôture tout près de la barre des 5100 points (vous souvenez-vous le niveau du 6 mars 2009 ? 666 points….il se murmure dans les milieux autorisés que the devil himself avait acheté des actions ce jour-là). De retour légèrement plus haut, le SPX ne semble même pas suracheté. Record historique du côté du Nasdaq100 (NDX) également, l’indice phare des valeurs technologiques n’en avait plus réalisé depuis 2021, c’est donc un événement sur ce front-ci, les e-tshirts sont imprimés. Mais laissons à César ce qui lui appartient, cette année parmi les principaux indices mondiaux, c’est le Nikkei225 qui réalise le plus beau départ avec une hausse de 19,2% en deux mois. Sur le vieux continent, le Danemark se fait remarquer avec un fort joli +11%, big up à Novo Nordisk, responsable à elle seule de… 97% de la hausse de l’indice! Il est cocasse de constater que la firme pharmaceutique danoise fait prendre du poids à son indice premier grâce à un médicament qui combat l’obésité. On en parle peu, mais la Grèce se porte de mieux en mieux sur le front boursier, son indice phare gagne près de 11% cette année. Au Pays-Bas, le sourire est également de mise, merci à ASML qui permet à l’indice AEX de progresser de 7,8%. Enfin les deux principales places boursières européennes, le Dax et le CAC40 avancent chacune d’un peu plus de 5%, elles évoluent aussi en terre inconnue.  

La Suisse boude la fête pour le moment, le SMI grappille 2,7% depuis le premier janvier, l’indice est tenu en laisse par Nestlé et Roche, qui représentent à elles-deux plus ou moins tout ce que les investisseurs avides d’IA ne regardent pas. La patience est de mise pour qui en détient, gardez en tête que le rendement du dividende du SMI a dépassé les 3%, pas mal du tout pour du CHF, et que la monnaie helvétique, l’air de rien est en train de tenter de casser sa tendance haussière contre l’euro. Et puis un jour viendra où le marché se prendra les pieds dans le tapis, il sera alors heureux de détenir des valeurs solides mais ô combien ennuyeuses de nos jours.

Le NDX profite de la séance d’hier pour dépasser le niveau de 18'000 points. La pression acheteuse est importante, les indices terminent leur séance proches de leur plus haut du jour, le FOMO (Fear Of Missing Out) fonctionne à plein régime, dans un environnement encore moins volatile que la veille, le VIX perd 3% supplémentaires et revient à 13,40. Les bons du Trésor US se détendent, bien aidés par la publication de l’indice PCE (les détails un peu plus bas) qui ne permet pas aux deux ours encore en vie sur terre de contester la thèse de la désinflation en cours. Le rendement du 10 ans US revient à 4,27%, le dollar est plutôt stable, la paire EUR/USD traite ce matin à 1,0816. Le pétrole est également calme, le baril de WTI Ligh Crude évolue à 78,32 dollars. L’or redémarre quelque peu, probablement encouragé par la détente du marché obligataire, l’once revient à 2042 dollars. Sur le front des Fed Funds, le marché semble pointer du doigt la séance du 12 juin comme point de départ du cycle de baisses de taux de la Fed.

Allez, on plonge sous la surface du SPX et on constate que la participation des valeurs de l’indice est passée de moins de 20% récemment (les 6 magnifiques et puis rien…) à 80% pour la première fois depuis plus de trois ans. C’est l’image de l’armée qui rejoint les généraux sur la colline, plutôt rassurant et à suivre, ce genre de phénomène est historiquement un signal haussier (ceci n’est qu’une constatation de faits historiques, en aucun cas une recommandation). En bref, de plus en plus d’actions du SPX s’orientent vers des tendances haussières à long terme, à suivre.

Sur le front de la macro publiée hier, la première révision du PIB américain du quatrième trimestre est marquée par une baisse de 0,1 point de pourcentage à 3,2%. La consommation personnelle progresse de 0,2pp à 3,0%, tandis que l'indice des prix du PIB du quatrième trimestre augmente de 0,1pp à 1,6% et l'indice PCE (Personal Consumption Expenditure) de base du quatrième trimestre avance de 0,1pp à 2,1%. C’est ce dernier que le marché regarde, le PCE est l’indicateur favori de la Fed pour mesurer l’inflation. Il confirme le processus de désinflation en cours et permet donc au marché obligataire de se détendre. Quelques membres de la Fed réagissent. John Williams indique qu'il ne voit pas la nécessité de resserrer davantage la politique et répète qu’il prévoit des réductions de taux plus tard dans l'année. Loretta Mester déclare à Yahoo Finance que trois réductions cette année lui semblent appropriées, tandis que Mary Daly affirme qu'il n'y a pas de besoin urgent de réduire les taux. Rien de bien nouveau sous le soleil donc, le marché s’en accommode aisément. 

La BNS annonce ce matin que son président, Thomas Jordan, quittera ses fonctions à la fin du mois de septembre. Monsieur Jordan était en poste depuis 2012. «Maintenant que les différents défis rencontrés ces dernières années ont pu être maîtrisés, le moment est propice pour me retirer», affirme-t-il dans un communiqué. 

Gardez un œil sur la pair EUR/USD ce vendredi. Les cambistes seront confrontés à une session chargée, avec les PMI, le sentiment de l'Université du Michigan et les chiffres de l'ISM. Aucun de ces chiffres n’est censé être particulièrement favorable au dollar américain. Si cela déclenche une tendance à la hausse pour l’euro, il se heurtera peut-être à des vents contraires avec une armée d’option dont le strike se situe à 1,0865.  

Au menu macro-économique du jour, S&P publiera les PMI manufacturiers définitifs des principales économies tout au long de la journée, dont en zone euro (10h00) et aux Etats-Unis (15h45). Les autres temps forts sont l'inflation de l'UE en février (11h00), puis outre-Atlantique à 16h00 les dépenses de construction, l'ISM Manufacturier et l'indice du sentiment des consommateurs de l'Université du Michigan (16h00). 

Autodesk gagne 8% hors séance après ses trimestriels. Hewlett Packard Enterprise perd 4% hors séance après ses résultats. Kuehne und Nagel subit une forte baisse de résultats en 2023 avec la normalisation de la logistique. Dans une lettre aux actionnaires les petits-enfants de la famille Disney soutiennent la direction et le conseil d'administration de Walt Disney et s'opposent aux nominations de Nelson Peltz. La Comco requiert un examen approfondi sur la position dominante d'UBS. Tesla met en place de nouvelles mesures incitatives en Chine, alors que la guerre des prix s'intensifie. Boeing remporte un contrat de 3,4 milliards de dollars pour 17 avions P-8A Poseidon. NYCB (New York Community Bank) plonge de 22% après la clôture de Wall Street après avoir subi une baisse de 2,4 milliards de dollars de ses bénéfices, suite à l'identification de faiblesses dans son processus d'examen des prêts.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse. Séoul est fermée, Tokyo gagne 1,9% à la cloche, Hong Kong avance de 0,48%, Shanghai progresse de 0,39% et le Nifty50 s’adjuge 1,51%. 

Bienvenue en mars, le printemps semble vouloir prendre de l’avance, les indices boursiers vous saluent bien, le bitcoin aussi et l’euro tente de se rebeller durablement contre l’indestructible franc suisse, suivez le niveau de 0,9565 de près, il s’agit de la moyenne mobile à 200 jours, ce d’autant plus que la tendance baissière de l’euro, accélérée le 17 septembre 2021, passe par 0,9530, la paire évolue ce matin à 0,9587, elle remet donc en question sa 200 jours et aussi sa tendance baissière, c’est peut-être un détail pour vous, mais pour de très nombreux exportateurs helvétiques ça veut dire beaucoup. À suivre de près donc, le niveau de 0,9530 semble clé. 

Le future SPX avance de 7 points, l’Europe ouvre en hausse de 0,15%, cette vague haussière est rare, elle durera ce qu’elle durera, la surfer en portant un gilet semble de plus en plus indiqué. Le gilet peut être un ordre stop-loss ou une option put, la faible volatilité actuelle a fait considérablement chuter les coûts de protection, surtout sur les indices américains. 

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