L’année a été dominée par trois grands thèmes d’investissement: l’inflation, la politique de taux des banques centrales et les élections américaines. Le résultat des élections américaines a apporté à la fois de la clarté et de l’incertitude pour 2025. La bonne nouvelle est que le résultat des élections est clair et incontesté, la mauvaise est que le président élu Donald Trump est plutôt imprévisible. Son programme électoral est assez clair, mais la manière dont il le mettra en œuvre, ou pourra le faire, et la vitesse à laquelle il le fera, seront des sources d’incertitude dans les mois à venir. A ce stade, les investisseurs ont intégré avec enthousiasme les aspects positifs de son programme, principalement la déréglementation, les réductions d’impôts et l’avantage relatif de l’économie américaine en termes de croissance par rapport à ses principaux partenaires commerciaux. Le dollar américain et les marchés boursiers américains ont nettement surpassé la plupart des autres marchés depuis l’élection. Cette surperformance est justifiée à court terme, car les Etats-Unis bénéficient déjà d’un avantage relatif en termes de croissance et profiteront probablement encore à court terme des réductions d’impôts et du protectionnisme économique.
LES PERSPECTIVES POUR L’ÉCONOMIE AMÉRICAINE SONT PLUTÔT POSITIVES
Le moyen terme est légèrement plus incertain, car deux parties du programme de Trump, soit les droits de douane sur les importations et surtout le plan visant à «déporter» des millions d’immigrants, sont susceptibles d’attiser l’inflation et peut-être de réduire la croissance économique. Les droits de douane peuvent être mis en œuvre dans un délai très court toutefois, il faudra beaucoup plus de temps pour ajuster l’offre intérieure afin de compenser la baisse des importations. Si les autorités cherchent simultanément à expulser 8 à 10 millions d’étrangers sans papiers, dont la plupart contribuent fortement à l’activité économique dans des secteurs tels que l’agriculture, les loisirs et la construction, le risque est grand que les coûts salariaux augmentent beaucoup plus rapidement que prévu et relancent une tendance inflationniste. A ce stade, nous pensons qu’il s’agit du risque le plus important pour les investisseurs. La Réserve fédérale (Fed) n’aura d’autre choix que de cesser de baisser ses taux, voire de les augmenter à nouveau. Pendant la campagne électorale, Trump avait menacé l’indépendance de la Fed, mais il a récemment calmé sa rhétorique à ce sujet.
Compte tenu de ces risques, les investisseurs devront trouver le bon moment pour commencer à évaluer les réalités du programme du futur président. Les perspectives à moyen et long terme pour l’économie américaine sont plutôt positives, car la baisse des impôts, la déréglementation, la réindustrialisation et l’innovation augmentent le taux de croissance potentiel à long terme de l’économie américaine en termes absolus et relatifs par rapport aux principaux autres blocs économiques que sont l’Europe et la Chine. Il est de plus en plus évident que le marché des actions américaines mérite une prime d’évaluation structurelle. La grande question pour les investisseurs est de savoir à quel niveau cette prime devrait se situer. Les marchés des actions ont donné quelques indications, le marché des actions américaines représentant aujourd’hui 70% de l’indice MSCI World, largement suivi, contre 30 % dans les années 1980.
DANS L’ATTENTE D’UN DÉCLENCHEUR POSITIF EN EUROPE
Alors que les capitaux circulent assez librement à travers le monde, il convient d’envisager aujourd’hui des alternatives au marché des actions américaines. L’Europe semble actuellement dans une position de faiblesse, sa croissance oscille autour de 1 % depuis plusieurs années et ses deux principales économies, l’Allemagne et la France, sont confrontées à une incertitude politique qui perdurera au moins jusqu’au printemps 2025. La guerre en Ukraine a fait grimper les prix de l’énergie en Europe et a entamé la confiance des consommateurs et des entreprises. Du côté positif, on note un faible taux de chômage et des taux d’épargne élevés. Les responsables politiques à Bruxelles prennent enfin conscience que quelque chose doit changer. L’ancien président de la BCE, Mario Draghi, et l’ancien premier ministre italien, Enrico Letta, ont présenté des études et des recommandations sur la manière de relancer la croissance européenne. A ce stade, les marchés d’actions européens sont valorisés de manière attrayante, mais les investisseurs ont besoin d’un élément déclencheur pour redéployer leurs capitaux. L’un d’entre eux pourrait être une forme de résolution de la guerre en Ukraine. Trump fait clairement pression sur toutes les parties concernées pour qu’elles aillent de l’avant. Il est trop tôt pour savoir si et comment la situation évoluera, mais il est fort probable qu’elle agisse comme un déclencheur positif pour le sentiment des consommateurs, des entreprises et des investisseurs en Europe.
LA CHINE EN EMBUSCADE
De l’autre côté du monde, les autorités chinoises s’efforcent de stimuler à nouveau l’économie. Confrontées à une probable guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine, elles doivent d’urgence stimuler le marché intérieur pour compenser la perte potentielle de certaines exportations. Les autorités ont pris un nombre important de mesures. En d’autres temps, les investisseurs auraient réagi positivement, mais à ce stade, ils se concentrent uniquement sur les marchés américains. Nous pensons que les autorités chinoises ont pris la mesure de la situation et qu’avec un peu de patience, les marchés d’actions chinois devraient retrouver l’intérêt des investisseurs en 2025. L’Europe suivra de près les tensions commerciales entre les Etats-Unis et la Chine, car les exportations chinoises pourraient bien se retrouver sur les marchés européens. En revanche, si le marché intérieur chinois redémarre, les exportations européennes pourraient en bénéficier.
UNE PERFORMANCE PLUS ÉQUILIBRÉE EN 2025?
Dans l’ensemble, 2024 a été une année plutôt bonne pour les investisseurs, malgré un environnement géopolitique tendu et une croissance inférieure à la tendance en Europe et en Chine. De toute évidence, cette performance a été principalement tirée par les actions américaines et le renforcement du dollar américain. Nous pensons que 2025 verra probablement une performance plus équilibrée, car les écarts de valorisation et de sentiment des investisseurs entre les actions américaines et le reste du monde semblent extrêmes. Nous attendons avec impatience les premiers mois de 2025.