Attention au profond changement de régime

Emmanuel Garessus

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Les stratégistes d’Edmond de Rothschild AM privilégie les valeurs européennes, notamment celles de la défense et de l’eau, et celles qui évitent les risques macros.

© Keystone

 

«Nous sommes entrés dans un profond changement de régime», indique Michaël Nizard, Head of Multi-Asset & Overlay auprès d’Edmond de Rothschild Asset Management, lors d’une conférence de presse sur les perspectives de marchés. La globalisation heureuse appartient au passé. La croissance des échanges ralentit. L’heure est à la souveraineté économique et énergétique, ainsi qu’à des processus tels que le re-shoring. L’effet sur les coûts serait significatif puisque les coûts de production devraient augmenter de 10 à 20%. 

Dans ce contexte, Michaël Nizard privilégie une bonne diversification, sous-pondère légèrement les actions et se révèle prudent sur les actions américaines. Le secteur lié à l’intelligence artificielle se traite à des niveaux qui ne se justifient que si l’ensemble des attentes sont confirmées. Non seulement la valorisation des actions américaines est élevée, mais le dollar, longtemps surévalué, devrait structurellement s’affaiblir.

Attention à la baisse du dollar

L’investisseur ne peut guère s’attendre à des gains significatifs dans les obligations. D’ailleurs la prudence est recommandée pour les échéances à long terme. Mais l’investisseur, dans le cadre d’une bonne diversification, peut continuer à faire confiance aux actions européennes. Le regain d’intérêt observé au premier semestre, après de longues années de sous-performance, n’est de loin pas épuisé, avance Aymeric Gastaldi. Le multiple des bénéfices n’y est que 14, contre 21 aux Etats-Unis. L’Allemagne est en train de sortir d’une longue stagnation économique et elle devrait croître de 1,3% en 2026 et de 1,7% en 2027. 

«Michaël Nizard privilégie une bonne diversification, sous-pondère légèrement les actions et se révèle prudent sur les actions américaines».

En termes d’allocation, Edmond de Rothschild privilégie les secteurs défensifs. Face aux chocs géopolitiques, climatiques, démographiques et politiques, le thème du moment est celui de la résilience, déclare Aymeric Gastaldi. Les entreprises doivent être spécialisées dans des domaines peu exposés aux risques, tels que géopolitiques, et présenter un bilan solide, donc peu endetté.

Les experts soulignent les atouts des valeurs de la défense en Europe. Le marché devrait tripler de taille en dix ans et les dépenses passer de 2 à 3,5% du PIB. Avec une bonne visibilité et une croissance forte des bénéfices, les actions de ce secteur disposent encore d’un bon potentiel. L’eau est un autre segment attractif, ainsi que l’actualité géopolitique récente l’a encore souligné lors du conflit entre des Etats du Canada et les Etats-Unis. Dans ce secteur aussi, la visibilité est bonne, la croissance des bénéfices régulière et les dividendes généreux.

Le Japon appartient aussi aux opportunités, note Michaël Nizard. Le yen est sous-évalué, mais la Banque du Japon n’acceptera l’appréciation de la monnaie japonaise qu’après les négociations commerciales avec Donald Trump.

D’ailleurs, les droits de douane ne semblent plus être la première préoccupation des investisseurs, avance Michaël Nizard. Les dernières informations portant sur le sort du Vietnam et de la Chine vont dans le bon sens. Le stratégiste s’attend à des droits de douane de 14 à 20%.

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