Marchés financiers: risque lié à la hausse des rendements réels

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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Le taux d’actualisation plus élevé est un souci surtout pour les «titres de croissance», d’où la récente sous-performance du secteur informatique.

©Keystone
Actions: solides bénéfices, notamment dans le secteur informatique

Malgré une volatilité élevée, les marchés mondiaux des actions ont poursuivi leur hausse en février. Et les raisons d’être positif sont nombreuses : meilleures perspectives de croissance, accélération du rythme de la vaccination et soutien continu des politiques monétaire et fiscale. Autre motif clé, quoique plus discrètement évoqué, des bénéfices relativement solides. Dans les publications actuelles, la large majorité des entreprises américaines font mieux que les prévisions. Avec, côté bénéfices, une surprise en moyenne un peu en deçà de la précédente saison de publication des résultats (17,9% vs 18,7%); celle côté ventes a nettement augmenté (de 2,5% à 3,0%), traduisant une dynamique économique en amélioration. 

Poids lourd du S&P 500, le secteur technologique a publié des chiffres très solides, 90% des entreprises dépassant de 18,7% les estimations, et les ventes sont meilleures que prévu (6,0% en moyenne). Malgré des fondamentaux en amélioration, l’évaluation des titres reste très élevée du fait des faibles taux d’intérêt et du manque d’alternatives. La situation s’est corsée sur ce point. Les rendements réels (ajustés de l’inflation) des obligations d’Etat ont rebondi depuis de très bas niveaux en Europe et aux Etats-Unis, améliorant un peu l’attractivité relative de cette classe d'actifs.

La base technique est suffisamment robuste
pour assurer la tendance modérément positive des actions.

Le taux d’actualisation plus élevé est un souci surtout pour les «titres de croissance», d’où la récente sous-performance du secteur informatique. Mais la base technique est selon nous suffisamment robuste pour assurer la tendance modérément positive des actions.

Les taux d’intérêt réels ont atteint leur plus bas

Après un bref pic de volatilité en janvier, les écarts de crédit ont poursuivi leur implacable resserrement. En février, les écarts libellés en EUR et USD ont perdu respectivement 6 et 5 points de base (pb). Si les écarts de crédit connaissent un mouvement à sens unique depuis avril 2020, les taux se sont envolés ces dernières semaines. En février, les rendements des T-Bonds à 10 ans et ceux des Bunds à 10 ans ont respectivement gagné 30 pb et 20 pb. Si cela semble important, la tendance peut encore durer ces prochaines semaines selon nous. 

Les économies développées devraient progressivement rouvrir et signer une croissance solide et largement synchrone au deuxième trimestre 2021. De plus, le plan américain de relance massive devrait être bientôt approuvé, tandis que l’argent bon marché émis par la banque centrale continue d’affluer dans l’économie. Ce tiercé a déjà commencé à faire revenir l’inflation. 

Il y a un risque haussier supplémentaire pour les rendements des obligations
d’Etat, les taux étant trop faibles comparés aux prévisions d’inflation.

Certes, des facteurs temporaires et un effet de base notable des prix de l’énergie au deuxième trimestre portent l’inflation, mais selon nous, il y a un risque haussier supplémentaire pour les rendements des obligations d’Etat, les taux étant trop faibles comparés aux prévisions d’inflation. Nous maintenons donc notre position en duration courte et attendons un nouveau raidissement. 

Côté obligations d’entreprises, les écarts de crédit devraient rester dans leur fourchette, mais nous maintenons la légère surpondération en vue d’un «carry».

Devises: Vente du CHF sur fond d’une «activité de reflation» globale

En février, nous avons observé deux surprises sur les marchés des devises. Premièrement, le taux de change EUR/CHF est sorti de sa récente fourchette 1,075–1,085 pour atteindre 1,10, une première depuis novembre 2019. Le moment et l’ampleur du mouvement en fin de mois ont été une surprise. Bien sûr, la paire EUR/CHF a globalement évolué selon le sentiment de risque mondial, la valeur refuge qu’est le franc s’appréciant au plus fort de la crise l’an dernier, et se dépréciant depuis mai 2020, les investisseurs reprenant leurs esprits animaux. 

Mais globalement, les mouvements ont été timides eu égard au stupéfiant flux de nouvelles (élections américaines, annonces de vaccins, etc.). On peut donc interpréter le bond de la paire EUR/CHF comme une réaction différée aux puissants moteurs macroéconomiques mondiaux (prévisions d’inflation et de croissances plus élevées) tirant les rendements des obligations et les actions vers le haut depuis début 2021. Seconde évolution surprenante, l’accélération de l’appréciation de la livre en février. 

Le taux de change effectif de la GBP a livré la seconde meilleure performance depuis le début de l’année parmi les principales devises, juste derrière l’AUD. La livre a profité de la hausse des prix du brut et de l’avancée vaccinale rapide, relevant les prévisions de croissance pour l’Angleterre en 2021. L’envolée de la GBP nous semble exagérée, et nous sommes neutres sur la paire GBP/USD.

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