Allemagne: effets uniques et inflation

Marc Brütsch, Swiss Life Asset Managers

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Une nouvelle vague infondée d’hystérie inflationniste gagnera les Allemands. En France, l’inflation dépassera le consensus en 2021 et 2022.

Le deuxième confinement allemand n’a pas causé de nouvelle chute de l’activité économique au quatrième trimestre 2020. Les données nous ont fait légèrement rehausser notre projection de croissance du PIB au quatrième trimestre avant la publication préliminaire des données officielles le 29 janvier. La forte demande en Asie et aux Etats-Unis a soutenu l’activité industrielle. Mais des mesures plus restrictives depuis début 2021 et la prolongation probable du confinement poussent à une révision à la baisse de la prévision du premier trimestre. Selon l’indice de restriction de l’Université d’Oxford, les mesures allemandes sont parmi les plus dures du continent. Conséquence, l’activité économique intérieure a faibli en janvier. La confiance des consommateurs et des entreprises (indicateur ifo pour ces dernières) enregistre un net repli dernièrement. L’activité du secteur des services se dégrade selon les données préliminaires du PMI. Le PIB devrait donc perdre 0,4% au premier trimestre, avant une reprise. Notre scénario de référence voit le PIB allemand réel fin 2021 juste en deçà de son niveau pré-crise. Fin 2022, le PIB devrait être supérieur de 1,5% à ce niveau. Nous anticipons un large soutien de la politique fiscale: la coalition au pouvoir a toutes les raisons de maintenir sa posture généreuse, coûte que coûte, d’ici aux élections générales en septembre 2021.

Plusieurs effets uniques vont porter l’IPC allemand en 2021. Hausse des prix des produits énergétiques sur le marché mondial, nouvelle taxe CO2 et suspension de la baisse temporaire de TVA font bondir l’inflation de -0,7% en décembre 2020 à 3,0% à la fin de cette année. Bien que temporaire selon nous, cette hausse suffira sûrement à attirer l’attention des médias et à déclencher une nouvelle vague infondée d’hystérie inflationniste dans la population.

En contraire, en France, timides débuts de la vaccination

Contrairement à l’Allemagne, la France a commencé à assouplir ses mesures depuis décembre. Le moral des entreprises en a profité, toujours à l’inverse du voisin d’outre-Rhin. Conséquence, le PIB français devrait reprendre sa tendance à la hausse en cours de trimestre, après un nouveau repli au quatrième trimestre 2020. L’économie devrait progresser de 1,8% au premier trimestre 2021, et de 2,1% au deuxième. Le retour du PIB à son niveau pré-crise n’est pas attendu avant le second semestre 2022. Le moral de l’industrie manufacturière est relativement bon, mais les restrictions pèsent sur les services. Pôle touristique européen majeur, la France a tout à gagner du succès des campagnes de vaccination sur le continent, permettant la réouverture du trafic international d’ici au deuxième trimestre 2021. Mais le début de la vaccination en France a été affreusement lent. Selon les données collectées par Our World in Data, une initiative de l’Université d’Oxford, seul 1,61 Français sur 100 ont reçu une première dose à l’heure où nous écrivons, à la traîne de la zone euro. La logistique joue peut-être un rôle, mais la défiance vaccinale est bien plus répandue qu’ailleurs en Europe. Toutefois, la volonté de se faire vacciner en nette hausse ces dernières semaines, en écho aux bons résultats israéliens, est encourageante.

L’inflation globale sera tombée à 0% en décembre 2020, marquant un creux cyclique. Nos prévisions restent toutefois supérieures à celles du consensus pour 2021 et 2022. Les prix de l’énergie ont poursuivi leur hausse en début d’année. Selon le moment de la réouverture de l’économie intérieure, les entreprises des transports et de l’hébergement retrouveront un pouvoir de fixation des prix une fois la demande comprimée en loisirs et divertissements libérée.

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