Good Morning, Vietnam

Charles-Henry Monchau, FlowBank

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L’économie vietnamienne est l’une des plus dynamiques parmi les pays émergents. Aperçu des perspectives d’un pays à fort potentiel.

Comme la plupart des pays, le Vietnam a souffert de la pandémie. La croissance du PIB a connu un net ralentissement et environ 35,000 PME et TPE ont fait faillite. Relevons toutefois que le pays a géré la crise Covid de manière remarquable, tout d’abord en fermant ses frontières, suspendant les vols et les voyages, puis en imposant des mesures strictes d'isolement. Cette gestion a évidemment eu des répercussions économiques notamment sur les chaînes d'approvisionnement («supply chain»). Les usines de production automobile implantées au Vietnam, telles celles de Honda, Toyota, Nissan et Ford, ont été contraintes de suspendre leurs activités. Avec la fermeture des frontières, des vols et du fret, les inventaires se sont accumulés et les carnets de commandes se sont effondrés. Cependant, les fondamentaux du Vietnam restent exceptionnels et les perspectives de croissance attrayantes.

Signature d’importants accords commerciaux et de partenariats

2020 n’a pas amené que des mauvaises nouvelles au Vietnam. En effet, le mois d'août dernier a vu la signature d'un important accord commercial entre l'Europe et le Vietnam appelé EVFTA. L'accord supprime 99% des droits de douane et devrait permettre d’augmenter le PIB du Vietnam de 4,6% par an et d’augmenter ses exportations de plus de 40% d’ici à 2025, assurant ainsi une croissance du PIB nominal à deux chiffres. L'élimination tarifaire profitera aux industries d'exportation telles que la fabrication de smartphones et d'électronique, mais aussi la confection de chaussures et les produits agricoles. Cela devrait également engendrer des créations d’emploi et une importante expansion industrielle.

Les attentes de croissance bénéficiaire en 2021
sont de 23% après un recul de 17% l’année dernière.

Le RCEP, un partenariat régional signé au mois de novembre dernier, inclut 15 pays dont le Vietnam, la Chine, le Japon et l'Australie. Tout comme l’accord conclu avec l’EVFTA, le RCEP va diminuer les droits de douane et fixer des règles commerciales mais aussi favoriser la restructuration des chaînes d'approvisionnement, un effort qui vient à point nommé après la pandémie.

Enfin, le Vietnam vient d’apporter des modifications importantes à la «loi sur les entreprises». Les amendements simplifient le processus d'enregistrement de celles-ci. Alors que la politique du pays est centralisée, la nation s'intègre dans le marché libre et devient résolument «pro-business». Le Vietnam vient également d’approuver un nouveau code du travail qui a pris effet au mois de janvier. Il permet un meilleur alignement avec les lois internationales.

Les perspectives macroéconomiques

Alors que le taux de croissance du PIB a fortement reculé en 2020, le Vietnam fait toutefois figure de très bon élève à l’échelle planétaire avec une croissance du PIB réel de 2,9% l’année dernière, un taux supérieur à celui de la Chine (selon les chiffres de BoA Global Research). Au Vietnam, le taux de croissance du PIB nominal pourrait être à deux chiffres en 2021, grâce à l'effet combiné de la reprise et des nouveaux accords commerciaux. Le Vietnam a l’avantage de conserver un déficit budgétaire qui n’est pas excessif (-6% mais il était de -3% en 2019), tout comme le taux de chômage extrêmement bas (2,4%) qui pourrait d’ailleurs encore baisser grâce aux créations d’emploi dans le cadre des accords commerciaux. Preuve des bons fondamentaux de l’économie, le dong vietnamien est resté stable même face au dollar. Les économistes sont optimistes sur les perspectives de croissance car d'importants investissements directs étrangers sont attendus, non seulement en provenance des États-Unis, mais aussi de la Corée du Sud et du Japon qui cherchent une relocalisation depuis la Chine. Le Vietnam est le pays actuellement privilégié par les entreprises internationales dans les domaines de l'assemblage de faible technologie, l'électronique étant la plus grande industrie au Vietnam alors même que le coût de la main d’œuvre reste très bas (300 $ par mois).

Taux de croissance du PIB réel en Asie
GDP growth (YoY) 2020 2021 Forecast 2022 Forecast
China 2,3% 8,5% 5,6%
Vietnam 2,9% 9,3% 6,5%
Hong Kong -6,1% 4,7% 4,0%
India -6,9% 8,9% 5,5%
Indonesia -2,3 4,7% 5,2%
South Korea -0,8% 3,4% 2,2%
Malaysia -5,1 8,0% 4,8%
Philippines -9,5% 5,3% 6,8%
Singapore -5,7% 6,4% 3,1%
Taiwan 2,6% 4% 2,7%
Thailand -6,7% 2% 5,7%
Source: BofA
Actions vietnamiennes: des valorisations attractives

Le multiple P/E de l’indice actions Vietnamien se traite à environ 16x les bénéfices, en ligne avec le P/E médian de ces 3 dernières années.

A noter que les attentes de croissance bénéficiaire en 2021 sont de 23% après un recul de 17% l’année dernière. Le ratio PEG (P/E divisé par la croissance bénéficiaire) est donc plus attractif que celui de nombreux pays émergents et ce malgré une bonne performance en 2020 (+15% pour le MSCI Vietnam contre +1,5% pour le MSCI Frontier Markets).

L’indice actions Ho Chi Minh représente la performance de plus de 300 titres côtés sur les bourses de Ho Chi Min et de Hanoi. La capitalisation boursière de ces échanges est supérieure à 150 milliards de dollars.

Comment investir en actions vietnamiennes?

Comme de nombreux marchés dits «frontières» (c’est-à-dire proche d’être considérés comme pays émergents), la liquidité et l’accès à des sous-dépositaires constituent des barrières à l’investissement.

Il est évidemment possible d’investir sur le Vietnam
à travers des fonds de placement.

Il est évidemment possible d’investir sur le Vietnam à travers des fonds de placement. La gestion active dans ce type de marché peut amener de la surperformance par rapport à l’indice du fait des nombreuses inefficiences et de la difficulté à obtenir des informations de qualité sur les sociétés (les gérants ayant accès à l’information ont donc de bonnes chances de sélectionner les meilleurs titres).

Mais il est également possible d’investir à travers un ETF (exchange-traded-fund). Le VanEck Vietnam ETF (ticker: VNM) a un coût de fonctionnement annuel de 0,66%. Ses actifs sous gestion s’élèvent à près de 500 millions de dollars. A noter que l’ETF n’est pas seulement investi sur des actions cotées au Vietnam. L’ETF est également exposé à 35% dans des titres cotés en Corée du Sud, à Taïwan et au Japon. Il s’agit d’entreprises dont au moins 50% des revenus provient d’activités commerciales au Vietnam. La capitalisation boursière pondérée est de 5,7 milliards de dollars. L’ETF est investi à 38% dans le secteur financier et immobilier, 25% dans la consommation et 18% dans la technologie.  

Les quatre principaux titres sont No Va Land (Immobilier), Vinhoes (Immobilier), Vincom (Mall) et Vietnam Dairy Products Jsc (consommation).

A noter que la performance de cet ETF a été relativement volatile au cours de la dernière décennie, une caractéristique propre à de nombreux ETFs sur les pays émergents.

 

Note: ce texte ne constitue en aucun cas une recommandation d’investissement.

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