Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Raiffeisen Suisse CIO Office

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La demande en voitures s’est effondrée et devrait rester modeste en raison des incertitudes persistantes. Les Etats veulent en profiter pour promouvoir l’électromobilité.

L’industrie automobile passe à une vitesse supérieure. La production était à l’arrêt presque partout pendant la crise du COVID-19, des points de vente étaient fermés, et les ventes se sont effondrés. Les actions des constructeurs de voitures ont tout d’abord connu une correction, puis une reprise rapide. On verra en milieu d’année, lors de la publication des chiffres trimestriels, si la valorisation des titres est attractive, une fois que l’on discernera l’ampleur de la crise. Si les bénéfices s’érodent, les actions seront chères. En effet, les indications d’Allemagne ne laissent présagerrien de bon. Le nombre de nouvelles immatriculations a reculé de 50% en mai par rapport à l’année précédente, soit -35% depuis le début de l’année, La fédération de l’industrie automobile parle même du niveau de production le plus bas depuis 1975.

Or, l’industrie se remet progressivement à présent, grâce aux mesures d’assouplissement et aux aides conséquentes de l’Etat. La France injecte 8 milliards d’euros dans le secteur automobile afin de relancer l’industrie - une somme énorme, sachant que la capitalisation de marché de Renault et Peugeot atteint 7,8 milliards et 14,1 milliards d’euros respectivement. Et pourtant, Renault ne pourra pas s’empêcher de licencier presque 15’000 employés. La France veut promouvoir l’électromobilité par des mesures de soutien, comme l’Allemagne, qui promet 6000 euros, au lieu de 3000, pour tout achat d’un véhicule électrique. La question est de savoir si cela suffira à donner une impulsion à la croissance. Les investisseurs misent sur les véhicules électriques, à l’image de Tesla, le constructeur de voitures électriques US qui a complètement chamboulé l’industrie. Créée il y a 17 ans, Tesla est entrée en bourse il y a 10 ans jour pour jour. Contrairement à sa capitalisation boursière de 226 millions de dollars à l’époque, elle atteint environ 190 milliards de dollars aujourd’hui, soit plus que les constructeurs établis, dont BMW, Daimler, Fiat Chrysler, Ford, Peugeot et Renault agrégés.

En raison de la fluctuation importante de Tesla, on ne peut pas parler d’un roulement en douceur. En effet, l’action a doublé dans les deux premiers mois de l’année, puis chuté au niveau de début d’année pendant la crise du coronavirus, et coûte deux fois plus qu’en fin d’année 2019. Mieux vaudrait avoir une Tesla plutôt dans son garage que dans son portefeuille d’actions.

Les fournisseurs d’automobiles suisses souffrent. En Suisse, ce sont avant tout les fournisseurs qui souffrent. L’industrie automobile travaillant à flux tendus, c’est-à-dire sans stocks, les fournisseurs ont donc été touchés aussi durement que les constructeurs. Autoneum table sur une perte de plusieurs dizaines de millions de francs pour le premier semestre. Quant à Georg Fischer, fournisseur de pièces de fonderie, et Feintool, le fabricant de composants, ils renoncent à faire des prévisions pour les résultats semestriel et annuel pour 2020 en raison de l’imprévisibilité de la chose.

EMS-Chemie, où environ 60% du chiffre d’affaires provient du secteur automobile, est la seule entreprise à être dans une meilleure situation. Certes, le groupe ressentira le choc, mais réussira à surmonter la crise, étant très liquide et pas endettée. Il n’est donc guère étonnant que ses actions cotent en territoire positif, alors que celles des autres fournisseurs sont à la traîne par rapport au marché suisse, mesuré au Swiss Performance Index (SPI). Le moral des investisseurs semble toutefois avoir basculé. La reprise des cours des actions des producteurs et fournisseurs automobiles depuis la mi-mars est nettement plus marquée que le SPI. Reste à savoir si la tendance s’est durablement inversée au vu de la récession imminente.

Graphique de la semaine

L’euro s’apprécie face au franc, grâce à la consolidation du plan de sauvetage anti-corona par la BCE. Le cours a dépassé son niveau moyen des 200 derniers jours pour la première depuis une année, et ne semble pas s’affaiblir pour autant.

GROS PLAN

Von Roll livre Audi. Le groupe industriel Von Roll sera à l’avenir le fournisseur d’Audi, pour les composantes d’isolation de ses moteurs électriques. La réaction du cours montre à quel point les investisseurs ont apprécié la nouvelle: l’action de Von Roll a augmenté de 20% après la publication de l’information.

LE PROGRAMME

Evaluation par la BNS de la politique monétaire. La BNS publiera son évaluation de la situation de politique monétaire le 18 juin prochain et donnera une prévision de l’inflation. Elle avait corrigé sa prévision à la baisse en mars. Cette tendance devrait s’être poursuivie.

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