Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Raiffeisen Suisse CIO Office

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Le coronavirus a paralysé le transport aérien civil. Les dépenses sont restées les mêmes, alors que les revenus se sont effondrés.

Comment le coronavirus plombe les ailes des compagnies aériennes. Un voyage détendu, une liberté pratiquement sans limite et le meilleur des services. Année après année, les compagnies aériennes nous attiraient avec de telles promesses à bord de leurs vols. Mais la réalité était souvent toute une autre: des avions remplis à ras bord, de longs retards et une nourriture de mauvaise qualité. Les chiffres de l’industrie aérienne avant la crise du coronavirus affichent toutefois des records: en effet, les compagnies aériennes du monde entier ont transporté plus de 4 milliards de passagers, effectuant environ 40 millions de décollages, et traversant plus de 8000 milliards de kilomètres en vol – soit vingt mille fois l’équateur.

L’apparition et la propagation du coronavirus dans le monde a tout changé d’un jour à l’autre. Les gouvernements ont mis en place des restrictions de sortie pour endiguer la pandémie, de nombreux pays fermé leurs frontières, les compagnies aériennes réduit leur offre.

Ainsi, le groupe Lufthansa, qui compte notamment la Swiss en son sein, a décidé de clouer 700 de ses 763 avions au sol, jusqu’à nouvel ordre, et de réduire son plan de vol au niveau de 1955. Or, l’industrie fait face à un problème existentiel, sachant que son service consiste à rester le moins de temps au sol: car contrairement à la baisse massive des revenus provenant des passages, rien ne change côté dépenses; bien que les coûts variables diminuent (par exemple le kérosène), il faut toutefois continuer à payer des coûts fixes, dont les créneaux de vol, ou encore la maintenance des avions cloués au sol.

Certes, les nouvelles infections en baisse depuis avril permettent aux compagnies d’augmenter à nouveau leurs capacités, mais les dégâts sont immenses. Easyjet, la compagnie low cost, a récemment annoncé devoir mettre en place un programme radical d’économies en raison de la crise et de supprimer 5000 emplois. Ces mesures devraient impacter également de nombreux employés en Suisse. La plupart des vols n’atteindront pas leur capacité prévue, pendant un bon moment, malgré l’assouplissement des mesures. Par ailleurs, les compagnies devront procéder à des investissements non budgétisés, afin de garantir les règles de distanciation, telles qu’elles sont définies par les autorités, des nombreuses compagnies risquant de répercuter ces coûts sur leur clientèle. Une grande vague de consolidation devrait néanmoins être inévitable.

La chute du condor. Lufthansa s’est vue en fortes difficultés ces dernières années en raison de l’incessante pression sur les coûts dans l’industrie. L’action avait perdu environ 13% de sa valeur en 2019, alors que le DAX avait augmenté de plus de 25% à la même période. De nombreux investisseurs avaient acheté des actions, espérant faire une bonne affaire. Ils devraient cependant avoir été déçu de la situation bien avant la crise. Malgré son potentiel et sa valorisation, l’entreprise n’est tout simplement pas parvenue à se redresser. Puis, elle a été touchée de plein fouet par le coronavirus. Le 24 avril dernier, l’action avait enregistré son plus bas niveau depuis presque 17 ans, avec un cours à 7,18 euros. Lufthansa a subi une perte d’environ 2,1 milliards d'euros au premier trimestre 2020, et devrait faire face à un deuxième trimestre encore plus grave. L’entreprise risque de licencier 10’000 personnes, et de vendre des centaines d’avions. Un plan d’aide à hauteur de 9 milliards de dollars a été mis en place afin de sauver le groupe. Lufthansa a accepté, en contrepartie, de céder jusqu’à 24 créneaux de vols depuis Francfort et Munich à un concurrent chacun - un cauchemar pour une entreprise. D’autres compagnies aériennes devraient toutefois se soumettre à une telle procédure, afin d’éviter la faillite en raison du coronavirus - à l’image de Latam, la plus grande compagnie aérienne d’Amérique latine.

Graphique de la semaine

Le groupe français de matériaux de construction Saint-Gobain (SGO) a vendu son paquet d’actions Sika d’environ 10% après la fin de la période de détention de deux ans. Au départ, SGO avait prévu une prise de contrôle stratégique, mais elle a échoué et est restée un pur investisseur financier. Au cours de cette période, les actions de Sika ont gagné 26%, tandis que les actions de SGO ont perdu environ 40% de leur valeur.

GROS PLAN

L’économie suisse se contracte. Le PIB suisses’est effondré de 2,6% au premier trimestre 2020 par rapport au trimestre précédent. La consommation privée, les investissementsdans l’équipement et l’exportation ont particulièrement souffert pendant le confinement.

LE PROGRAMME

Assouplissement des restrictions d’entrée. Le Conseil fédéral assouplira davantage ses restrictions d’entrée le 8 juin prochain. En effet, l’administration fédérale traitera toutes les demandes de séjour de travailleurs en provenance de l’UE / l’AELE.

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