Commentaire hebdomadaire de Raiffeisen

Raiffeisen Suisse CIO Office

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Le tourisme suisse souffre des mesures visant à endiguer le coronavirus, comme aucune autre branche.

Vacances au pays ou plutôt les Caraïbes? La Suisse n’est pas que le pays des banques et des montres, mais aussi un pays de tourisme. En effet, l’ensemble des revenus dans ce secteur s’élevaient à 44 milliards de francs suisses en 2018, dont près de 37% provenant de touristes étrangers. Par ailleurs ce secteur contribue à près de 3% de l’ensemble de la valeur ajoutée brute de la Suisse, avec 18,7 milliards de francs, constituant ainsi l’une des plus grandes branches exportatrices du pays. Or, les Suisses ne sont pas seulement des hôtes reconnus, mais eux-mêmes aussi des touristes. Ainsi, chaque habitant a fait en moyenne 3,2 voyages avec nuitées en 2018,dont environ deux tiers à l’étranger. A cela s’ajoutent plus de 10 voyages d’un jour, que les Suisses ont préféré passer dans leur propre pays. Tout ça avant la crise du coronavirus. Les choses sont désormais tout autres.

Le nombre de nuitées en Suisse s’est effondré dans des proportions jamais vues (cf. graphique de la semaine) en mars dernier, après l’annonce du confinement économique. Le taux d’occupation net des chambres, de 50% un an auparavant, atteignait alors à peine 23%. Tout un pan de l’économie a dû fermer pour une durée indéterminée d’un jour à l’autre. Par ailleurs, les mesures visant à endiguer le coronavirus ont entraîné des pertes de recettes provenant de la fin de la saison hivernale, et donc coûté de nombreuses places de travail. En effet, il n’est pas possible d’envoyer les collaborateurs des funiculaires, d’hôtels, ni le personnel de service en télétravail aussi simplement que ceux de bureau.

Bien que l’ensemble de l’économie suisse en soit moins durement touché que, par exemple, l’Autriche, haut lieu du tourisme, dont le business constitue tout de même 6% de la valeur ajoutée brute, la branche suisse doit toutefois faire face un problème non négligeable. En effet, de nombreuses exploitations, en particulier les plus petites, seront tôt ou tard à court de liquidités et finiront par faire faillite, malgré les plans de sauvetage de la Confédération. Ce pan subira donc très certainement des dommages persistants, dont on ne connaît pas encore l’ampleur.

Mais, il y a raison d’être un peu optimiste: en effet, les taux de nouvelles contamination, toujours en baisse, encouragent le Conseil fédéral à assouplir les mesures de manière prudente et donc à relancer progressivement l’économie. Déconfinement accompagné, toutefois, de conditions strictes, sachant qu’il faut à tout prix éviter une flambée des contaminations par le virus. Les restaurants pourront rouvrir leurs portes le 11 mai, suivis par les funiculaires et autres exploitations touristiques, début juin. En raison des concepts de protection, les structures disponibles seront inévitablement bien loin de leur exploitation d’avant la crise, ce qui signifie d’autres pertes financières. Au total, en revanche, il serait préférable pour la plupart des exploitations de générer des revenus réduits que zéro revenu. Et pour le consommateur final, qui se réjouissait de partir en voyage aux Caraïbes depuis plusieurs mois? Le retour vers une normalité sera long, malgré l’évolution réjouissante actuelle des nouvelles infections qui permet l’assouplissement des mesures de confinement.

Il ne devrait donc très probablement pas être possible de passer ses vacances aux Caraïbes, contrairement à un séjour dans les pays voisins de la Suisse. Or, cela dépend d’un grand nombre de facteurs, dont en premier lieu le taux de propagation du coronavirus. Une évasion touristique au Tessin ou dans les montagnes tyroliennes sera d’autant plus possible, en l’absence d’une nouvelle vague d’infection. D’une manière ou d’une autre, plus rien ne devrait cependant s’opposer à un weekend de randonnée en Suisse. Et soyons honnêtes: rien ne nous empêche d’être patriote et de soutenir un peu le tourisme dans notre pays.

Graphique de la semaine

La crise du coronavirus touche fortement le tourisme. L’hôtellerie a enregistré à peine 1,3 million de nuitées en mars, soit une baisse de plus de 60% par rapport au même mois de 2019, en raison de la fin précoce de la saison hivernale et la fermeture des frontières.

GROS PLAN

Octroide dividende en cas de chômage partiel. Le Conseil des Etats a rejeté l’interdiction aux entreprises, ayant déposé une demande d’indemnité de chômage partiel pendant la crise du corona, de verser des dividendes, contrairement à une exigence de la Commission sociale du Conseil National (CSSS-CN), expliquant qu’une telle intervention dans l’activité entrepreneuriale pourrait porter préjudice au marché de l’emploi et à la compétitivité de la Suisse sur le long terme.

LE PROGRAMME

Chômage aux USA. Le US Department of Labor publiera les chiffres du chômage pour avril 2020 le 8 mai prochain. La pandémie a également provoqué des turbulences sur le marché de l’emploi US ces dernières semaines. Les experts s’attendent donc à une nette hausse du taux de chômage à environ 16%.

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