Aux Etats-Unis, les consommateurs américains, moteurs de l’économie de la première puissance mondiale, commencent à s’inquiéter de voir leur horizon s’assombrir devant la frénésie d’initiatives du nouveau gouvernement.
Deux indicateurs évaluant la confiance des consommateurs ont fait l’effet de premiers coups de semonce, en s’enfonçant brusquement depuis le début du second mandat de Donald Trump.
Le premier, de l’université du Michigan, a reculé de 10% sur un mois en février.
Le second, publié mardi par l’association professionnelle Conference Board, a perdu sept points en un mois, à 98,3, au plus bas depuis juin 2024.
A chaque fois, les analystes s’attendaient à un bien moindre recul.
Les publications montrent notamment que les consommateurs prennent au sérieux le risque de voir l’inflation rebondir à cause du relèvement des taxes sur les importations décidées par le nouvel exécutif.
Dans l’indice publié mardi, la quasi-totalité des paramètres évalués (appréhension du marché du travail actuel et à venir, perspectives économiques et revenus futurs) ont reculé.
Surtout, les sondés s’attendent à subir une forte accélération de l’inflation dans l’année.
«Cela reflète plusieurs choses: une inflation qui résiste, le bond récent du prix de certains produits de grande consommation comme les oeufs, mais aussi l’impact attendu des droits de douane», relève une économiste du Conference Board, Stephanie Guichard, citée dans le communiqué.
Parmi les sondés, elle note «une forte hausse des mentions du commerce et des droits de douane, à un niveau qui n’avait pas été vu depuis 2019», sous le premier mandat de Donald Trump.
«Les remarques sur le gouvernement actuel et ses politiques ont été très présentes dans les réponses», ajoute-t-elle.
«Chaos à Washington»
La chute de l’indice est «spectaculaire et logique, vu l’imminence de nouveaux droits de douane, du risque induit sur l’inflation, mais aussi de l’inquiétude accrue quant à la sécurité de l’emploi suscitée par les licenciements dans l’administration fédérale», commente l’économiste Robert Frick, de Navy Federal Credit Union.
Il ne s’attend toutefois pas que cette confiance égratignée se traduise par un repli des achats «tant que les revenus continuent de progresser».
A l’inverse, la crainte de voir les prix augmenter à cause des droits de douane pourrait même se traduire à court terme «par une demande accrue» pour profiter des tarifs actuels, estime dans une note Jeffrey Roach, économiste pour LPL Financial.
«La consommateur est le moteur principal de l’économie américaine. Si la confiance s’affaisse et que les dépenses baisse, la croissance du PIB va ralentir», anticipent les économistes de HFE dans une note.
«A nos risques et périls, nous considérons que le chaos à Washington a quelque chose à voir avec ça», écrivent-ils.
Selon eux, le recul de la confiance des consommateurs depuis l’élection en novembre «pourrait ne pas être une coïncidence».
Le marché obligataire a joué son rôle de refuge après la publication de l’indice, mardi : le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans - qui était déjà bas après l’ouverture de Wall Street - s’est d’autant plus détendu, s’établissant à 4,30% vers 16H00 GMT contre 4,40% lundi en clôture.
«Les inquiétudes concernant la croissance qui se manifestaient aujourd’hui (sur le marché) se sont encore renforcées après la publication du rapport», a commenté dans une note Patrick O’Hare de Briefing.com.
Plus une obligation est recherchée par les investisseurs, plus son taux va baisser.
Les marchés avaient aussi été alertés la semaine dernière par les prévisions de croissance du géant de la distribution Walmart, qualifiées de «prudentes» par le groupe compte tenu d’une «certaine imprévisibilité».
Cela a été interprété par les analystes comme un signe que la chaîne s’attend à voir les consommateurs américains freiner leurs dépenses.