Les taux d’intérêt et le dollar chutaient jeudi après la baisse plus forte qu’attendu de l’inflation aux Etats-Unis, donnant plus de crédibilité à une baisse des taux de la banque centrale américaine, mais servant aussi de prétexte à des prises de bénéfices.
L’inflation aux Etats-Unis a continué à ralentir au mois de juin à 3% sur un an, contre 3,3% le mois précédent, les prix connaissant même un léger recul sur un mois, mieux que les attentes du marché, selon l’indice CPI publié jeudi.
Les données ont ravi les investisseurs européens: Paris a terminé en hausse de 0,71%, Francfort de 0,69%, Londres de 0,36%, des gains plus importants qu’en début de séance. A Zurich, le SMI a gagné 0,86%.
Le Dow Jones en profitait aussi (+0,28% vers 15H45 GMT), mais le Nasdaq, qui vole de record en record depuis plus d’une semaine, subissait un sévère retrait (-1,73%). La coqueluche des marchés, Nvidia, chutait de près de 5%, Tesla de près de 4%.
«La publication de l’inflation peut servir de prétexte à des prises de bénéfices, d’autant plus que la saison des résultats d’entreprises démarre», explique Amélie Derambure, gérante de portefeuille diversifié chez Amundi.
Les mouvements les plus importants ont lieu sur d’autres marchés: sur les emprunts des Etats, les taux, orientés à la hausse avant l’inflation américaine, chutaient: le taux de l’emprunt américain à 10 ans reculait à 4,18% contre 4,29% la veille, celui allemand à 2,47% contre 2,53% et le français à 3,12% contre 3,18%.
Le dollar creusait ses pertes face aux principales autres devises, permettant par exemple au yen de bondir de 1,97%, un dollar valant 158,55 yens. L’euro avançait aussi, de 0,36% à 1,0869 dollar pour un euro.
Le rapport montre «la modération nécessaire à une baisse en septembre» des taux d’intérêt de la Réserve fédérale américaine (Fed), juge Florian Ielpo, responsable de recherche macroéconomique au sein de Lombard Odier IM.
Il note notamment que «les composantes spécifiques de l’inflation qui montrent des signes de recul sont précisément celles sur lesquelles la Fed et les marchés se sont concentrés», notamment dans le secteur des services ou du logement.
Interrogé devant le Congrès américain mardi et mercredi, le président de la Fed Jerome Powell avait déjà jugé que des «progrès» avaient été réalisés ces derniers mois sans s’avancer sur des baisses de taux.
«La Fed a le luxe d’attendre en raison de données économiques contradictoires, qui témoignent d’une croissance robuste malgré quelques faiblesses en surface» souligne Christophe Boucher, directeur des investissements chez ABN Amro IS.
Si le marché du travail américain en juin a montré des signes d’essoufflement, les demandes d’allocation chômage ont été inférieures aux attentes la semaine passée, selon un indicateur publié jeudi.
Delta Airlines en forte baisse
A la cote, Delta Airlines dévissait de près de 6% après une chute de son bénéfice de 29% au deuxième trimestre en dépit de ventes trimestrielles records. La progression de 7% du chiffre d’affaires a été effacée par une hausse des coûts d’exploitation, du carburant et de la masse salariale.
Barry Callebaut pris dans la flambée du cacao
Le numéro un mondial du cacao Barry Callebaut a chuté de près de 12% après ses résultats trimestriels.
L’entreprise a reconnu que ses grands clients étaient confrontés à un affaiblissement de la demande et, pour Andreas von Arx, analyste chez Baader Helvea, elle n’a pas répondu aux inquiétudes concernant l’ampleur de la baisse des volumes face aux hausses de prix que les grands groupes agroalimentaires et fabricants de produits chocolatées devront imposer aux consommateurs.
Le pétrole en baisse
Les cours du pétrole progressaient, poussés par la baisse des réserves commerciales de brut aux Etats-Unis la semaine passée et le recul du dollar.
Le prix du baril de Brent de la mer du Nord gagnait 0,47%, à 85,48 dollars vers 15H35 GMT. Son équivalent américain, le West Texas Intermediate (WTI), prenait 0,55%, à 82,55 dollars.
Le bitcoin progressait de 0,35% à 57'600 dollars.