Les indices boursiers européens ont fini en recul vendredi, à l’issue d’une semaine mouvementée, entre incertitudes liées aux revirements de politique douanière aux Etats-Unis et promesses d’investissements massifs pour la défense en Europe, tandis que Wall Street digère un rapport mitigé sur l’emploi américain.
Francfort a perdu 1,75%, Paris 0,94% et Milan 0,48%. Londres est restée à l’équilibre (-0,03%). A Zurich, le SMI est allé à contre-courant et a gagné 0,36%.
«Les places européennes sont victimes de prises de bénéfices de la part des investisseurs, après les performances remarquables et la volatilité des derniers jours», a estimé Amélie Derambure, gérante multi-actifs chez Amundi.
Entre mercredi et jeudi, les indices boursiers du Vieux Continent ont connu de fortes hausses, portés par l’annonce mardi soir de Friedrich Merz, futur chancelier de l’Allemagne, du déblocage de plusieurs centaines de milliards d’euros, afin de renforcer la défense et l’économie du pays.
En début de semaine, ils avaient au contraire nettement chuté, en raison des craintes liées à l’imposition de nouveaux droits de douane américains de 25% contre le Canada et le Mexique... finalement suspendus par Donald Trump.
«Les marchés sont saturés d’actualités», ce qui provoque «une volatilité qui devrait perdurer», a jugé Andreas Lipkow analyste indépendant.
A Wall Street, les investisseurs font aussi preuve d’indécision, oscillant depuis l’ouverture entre territoire positif et négatif, après la publication d’un rapport sur l’emploi américain un peu en dessous des attentes des analystes.
Vers 16H50 GMT, les indices s’enfonçaient finalement nettement dans le rouge: le Dow Jones cédait 0,84%, l’indice Nasdaq perdait 1,45% et l’indice élargi S&P 500 glissait de 1,13%.
Selon ce rapport publié vendredi, les Etats-Unis ont créé le mois dernier 151.000 emplois, soit davantage qu’en janvier (125.000, chiffre révisé en baisse), mais moins que ce qu’attendaient les analystes (autour de 170.000), selon MarketWatch.
Or, ces données étaient particulièrement attendues, alors que les investisseurs guettent depuis plusieurs semaines les signes d’un ralentissement de l’économie américaine, après une série de données décevantes.
L’emploi est devenu, ces derniers mois, l’un des indices les plus surveillés par les marchés pour jauger la santé et la dynamique de l’économie américaine.
Or, «ce rapport est cohérent avec (...) un ralentissement de la croissance économique aux États-Unis», même s’il «n’indique pas de récession à ce stade», a souligné Florian Ielpo, responsable de la recherche macroéconomique pour Lombard Odier IM.
Dans ce contexte, les taux d’intérêt des bons du Trésor américain reculent, dans la mesure où une croissance plus faible laisserait à la Réserve fédérale américaine (Fed) plus de marge de manoeuvre pour baisser ses taux lors de ses prochaines réunions, afin de stimuler l’activité.
Vers 16H50 GMT, le taux de l’emprunt à dix ans américain atteignait 4,23%, contre 4,27% la veille en clôture. Sur deux ans, il reculait à 3,90%, contre 3,96% jeudi soir.
Sur le marché des change, le billet vert reculait de 0,58% face à la monnaie unique européenne, à 1,0852 dollar, au plus bas depuis novembre dernier.
Salvatore Ferragamo sanctionné
Le titre de la maison de luxe italienne Salvatore Ferragamo a dévissé de 15,90% à la Bourse de Milan après publication de résultats annuels jugés décevants par le marché.
Bayer dérape
Le chimiste Bayer a cédé 6,42% sur l’indice DAX de la Bourse de Francfort, après avoir demandé une importante augmentation de capital à ses actionnaires, face à la menace financière des innombrables procès liés au glyphosate aux États-Unis.
Le bitcoin chute, le pétrole se reprend, l’or flambe
Le bitcoin perdait 6,26% à 86'984 dollars, après l’annonce par Washington de l’établissement d’une «réserve stratégique» composée d’actifs numériques confisqués par la justice américaine. Le marché se montrait déçu qu’aucune politique d’achats publics de cryptomonnaies ne soit prévue dans l’immédiat.
Les cours du pétrole sont quant à eux en hausse, au lendemain de déclarations du ministre américain des Finances, Scott Bessent, réaffirmant la stratégie de «pression maximale» contre l’Iran, et l’utilisation des sanctions comme levier de négociation avec la Russie.
Vers 16H50 GMT, le prix du baril de WTI américain avançait de 1,49% à 67,35 dollars et celui du baril de Brent de la mer du Nord gagnait 1,65% à 70,61 dollars.