Et bien mes aïeux… comme dirait ce cher Baloo il en faut (vraiment) peu pour être heureux…
Figurez-vous que les craintes d’une grosse sortie de route de la croissance des Etats-Unis s’évaporent ou presque hier, après la publication des demandes hebdomadaires d’allocations chômage, qui ressortent à 233'000 contre des attentes de 240'000. Il ne vous aura peut-être pas échappé que cette statistique est hebdomadaire. En temps normal, tout le monde ou presque se fiche de ce chiffre, sauf lorsqu’il entame une tendance sur plusieurs semaines. C’est un tout autre scénario qui se déroule sous nos yeux hier dès 14h30, le marché réagit au quart de tour et fait remonter brusquement le rendement de l’emprunt US à 10 ans, de 3,92% à 4,02%, pour revenir à 3,97% ce matin. Au-delà de son caractère hebdomadaire, ce chiffre reste faible, des demandes d’allocations chômage nettement au-dessus de 200'000 ce n’est pas folichon mais passons, tout le monde semble heureux, les oiseaux gazouillent au-dessus de Wall Street, la récession peut aller se rhabiller, je vais bien tout va bien. Blague à part, la réaction du marché d’hier tend à confirmer l’idée que la chute brutale des indices de lundi est probablement plus motivée par des facteurs techniques, qui sont devenus de plus en plus tendus ces dernières semaines et ces derniers mois, que par une détérioration significative des fondamentaux sous-jacents. Cela faisait un petit moment que les mastodontes de la tech cherchaient un deuxième souffle, les statistiques macro-économiques récentes indiquaient un léger ralentissement du moteur américain et le Japon a été le facteur déclencheur, qui a fait déborder le vase de taureaux au bord de l’indigestion.
Dans sa dernière enquête mensuelle conduite à la mi-juillet, Bank of America interroge des gérants d’actifs, qui sont plus ou moins tous longs la tech US et baissiers sur le yen, deux énormes «crowded trades» donc, ce qui provoque une exacerbation des réactions en ce début de semaine. La plupart des analystes s’accordent à dire que les fondamentaux de l’économie américaine restent solides, voyez par exemple les résultats de sociétés au deuxième trimestre, qui restent très bons. La consolidation en cours des principaux indices d’actions, S&P500 (SXP) en tête, fait simplement partie d’un cycle boursier sain, la volatilité s’en trouve revigorée, qui offre de belles opportunités aux investisseurs à sang froid, la tension semble déjà retomber d’un cran dans les salles de marchés, le nettoyage d’été est-il déjà terminé? Je pense que l’avenir nous le dira…
En termes de données macro-économiques, les demandes initiales d'allocations chômage de 233’000 sont donc inférieures au consensus, on notera que c’est le chiffre le plus bas depuis quatre semaines, ce qui reflète une certaine modération des perturbations liées à l'ouragan Beryl. Les demandes continues sont légèrement supérieures au consensus, établissant un nouveau record depuis le 21 novembre. Rien n'est prévu dans le calendrier économique ce vendredi et bien que la semaine prochaine soit marquée par le CPI et le PPI, les ventes au détail devraient faire l'objet d'une attention particulière en raison des préoccupations quant à la croissance. La semaine prochaine marque également le début de la saison des résultats des détaillants. Thomas Barkin, de la Fed, déclare qu'il reste du temps pour déterminer si l'économie se normalise.
Wall Street s’offre une belle journée de hausse hier, elle a quasiment effacé les pertes enregistrées lundi mais les indices américains se dirigent tout de même en l’état vers une quatrième semaine consécutive de repli, il leur reste aujourd’hui pour faire mentir la tendance. Clôture quasiment au plus haut du jour, les 11 secteurs du SPX progressent sur la séance avec, sur le podium, la tech, les services de communication et les industrielles. Les mastodontes de la tech sont au rendez-vous, notamment Nvidia qui récupère 6,38%, le marché vend les bons du Trésor US pour revenir dans les actions, le Dollar est plutôt stable, la paire EUR/USD traite ce matin à 1,0926, une golden cross semble en vue qui pourrait donner un coup de pouce à l’euro, à suivre. Au registre des résultats d’entreprises, Eli Lilly grimpe de 9,5% après avoir relevé ses prévisions de revenus annuels de 3 milliards de dollars. Warner Bros. Discovery chute de 9% après que la société a enregistré une perte de près de 10 milliards de dollars liée à des dépréciations sur ses chaînes de télévision.
La volatilité recule, le VIX abandonne 14,47% à 23,79, il a un gap à combler à 19,48, puis il regardera 18,40, c’est le haut de son canal baissier entamé en octobre 2022. On jette un œil au ratio puts/calls et on constate avec une certaine forme de soulagement qu’il rebondit enfin et atteint 0,97, ce qui indique que les volumes en options puts (droit de vendre) décollent finalement, en bref on se couvre sur le marché des options, un bon signe pour les actions.
La configuration technique du marché s’améliore. Le SPX récupère sa moyenne mobile à 100 jours à la cloche, le NDX s’en rapproche, le RTY (Russell 2000) imite le SPX tandis que le Stoxx 600 Europe (SXXP) récupère sa 200 jours. En Suisse le SMI clôture juste en-dessous de la sienne.
Ce matin les Fed Funds prévoient entre 3 et 4 baisses de taux de 25 points de base chacune par la Fed, d’ici à la fin de l’année.
L’attaque surprise de l'Ukraine en territoire russe dope les prix du gaz et ceux du pétrole, le baril de WTI Light Crude remonte à 76,24 dollars.
Donald Trump déclare que les présidents devraient avoir leur mot à dire sur les taux d'intérêt et la politique monétaire, ce qui irait à l'encontre de la tradition d'indépendance politique de la Fed. Il propose par ailleurs trois débats en septembre avec Kamala Harris.
Rien de particulier à se mettre sous la dent au menu macro-économique du jour, il reste toujours les JO au cas où. Un peu plus tôt l'indice des prix à la consommation de la Chine progresse plus que prévu pour atteindre 0,5% en juillet, offrant l'espoir d'une reprise de la demande intérieure. Mais les prix à l'usine ont chuté de 0,8%, prolongeant une série déflationniste qui a commencé à la fin de l'année 2022.
Le bénéfice de Generali au premier semestre est en hausse malgré l'impact des catastrophes naturelles. Ryanair renforce son plan de rachat d'actions. Delta Air Lines évalue à 380 millions de dollars la perte de revenu liée à la panne informatique due à CrowdStrike. Walt Disney va dépenser 5 milliards de dollars en Europe et au Royaume-Uni pour de nouvelles superproductions, selon le FT. Apple annonce des ajustements sur l'App Store après une mise en garde de l'UE. Petrobras affiche sa première perte nette en près de quatre ans, mais approuve le versement de dividendes.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse, hormis Shanghai qui recule de 0,21%. Tokyo progresse de 0,56% à la cloche, Hong Kong avance de 1,29%, Séoul prend 1,24% et le Nifty50 gagne 0,97%. Le future SPX recule de 5 points et l’Europe ouvre en hausse de 0,3%.