Gonet: l'actualité des marchés au 8 août

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,60%, S&P 500 -0,77%, Nasdaq -1,05%, Russell -1,41%,SOX -3,09%, Eurostoxx +2,03%, SMI +2,89%.

Vous souvenez-vous d’Alain De Greef, dont la marionnette des guignols de l’info tenait un discours binaire? Ce jeudi matin le regretté joyeux taciturne nous servirait probablement un long: «ça va paaas…».

Ça ne va pas en effet, pas comme nous le voudrions en tous les cas. Le timide rebond des indices d’actions observé mardi semble se poursuivre en début de séance hier mais cela ne dure guère et, à l’heure de notre goûter, la pression vendeuse refait surface et envoie les indices clôturer près de leur plus bas du jour. Rien de bien nouveau à se mettre sous la dent hier en termes de nouvelles, le marché digère la séance surréaliste de lundi, la volatilité fait mine de rentrer dans le rang en début de séance (le VIX revient à 21,97) pour repartir vers le nord et clôturer à 27,85, proche de l’équilibre. C’est un peu décevant certes, notons au passage que l’indice de la volatilité du SPX n’est plus suracheté et qu’il a un gap à combler à 19,48. Les baisses des secteurs de la technologie, de la santé et de la consommation discrétionnaire tirent le SPX vers le bas. Le segment de l'énergie suit le rebond du pétrole (le baril de WTI Light Crude de retour à 75,14 dollars), les secteurs des services publics, de la finance et de la consommation de base progressent également. Le marché continue de réagir aux résultats de sociétés, avec une propension à ne rien pardonner, mais alors rien du tout. Prenez Walt Disney, dont l’action chute de 4,5% après que la société a annoncé des défis pour son activité de parcs à thème. Hormis ce segment, on peut affirmer que ça se passe de mieux en mieux pour Mickey & Co. Airbnb glisse de 13% après que la société de location à court terme a mis en garde contre le ralentissement de la demande aux États-Unis. Les actions de Super Micro Computer dégringolent de 20% après que le fabricant de serveurs a annoncé des bénéfices inférieurs aux prévisions. Les mastodontes de la tech sont en hausse pour la plupart, hormis Tesla et Nvidia.

Sur le front obligataire, le rendement de l’emprunt US à 10 ans se stabilise à 3,91%, la courbe des taux 2/10 ans est toute proche de se «désinverser» à nouveau, elle traite actuellement à -3,8 points de base, pendant que JP Morgan nous annonce que les risques de récession aux Etats-Unis ont augmenté de 25% à 35%. La banque d’affaire New Yorkaise prévoit par ailleurs 30% de probabilités que la Fed maintienne ses taux élevés encore longtemps, contre 50% il y a deux mois. Nous avons donc d’un côté le marché obligataire qui semble s’inquiéter de moins en moins du risque d’une récession aux USA, tandis que Jamie Dimon et consort semblent penser le contraire. Rappelons ici qu’une courbe de taux inversée se produit lorsque les obligations à court terme offrent des rendements effectifs plus élevés que celles à long terme, de ce fait la courbe des taux révèle une anticipation de baisse des taux d’intérêts à long terme due à des perspectives économiques pessimistes.

Alors que la saison des résultats de sociétés touche à sa fin, les analystes s'attendent à ce que les bénéfices des entreprises du SPX progressent de 12% au deuxième trimestre, alors qu'ils prévoyaient une croissance de 9% à la fin du mois de mars, selon FactSet. Les secteurs des services financiers, de la santé et des services publics devraient enregistrer des pourcentages de croissance des bénéfices à deux chiffres.

Le patient Wall Street reste clairement en observation, la très forte dose de VIX qu’il a reçue lundi prendra probablement du temps à se résorber, ce filou de VIX qui fait mine de nous laisser en paix en début de séance hier, avant de revenir en force en deuxième partie de séance. En Europe en revanche, c’est un très joli mercredi que passent les indices, plus particulièrement en Suisse où le SMI décolle de près de 3% (l’équivalent NDX doit correspondre à 5 – 7%, sans rire). Les cyniques me diront que le marché se met en mode défensif, les autres que l’on achète des actions de qualité si longtemps délaissées par des investisseurs n’ayant d’yeux que pour ce qui a trait à l’IA. Bon d’accord, dans les deux cas c’est un peu la même chose, ça ne sent guère l’exubérance à plein nez ces jours, et c’est peut-être bien ainsi.

On jette un œil aux niveaux techniques. Le SPX est tenu en respect par sa moyenne mobile à 100 jours @5308,63 pts contre un top intraday @5330,64 pts et une clôture à 5199,50 dollars. Le principal support se situe sur la 200 jours @5020,95 pts. Le NDX recule mais défend sa 200 jours @17'688 pts contre 17'867 pts à la cloche. Sur le front des petites capitalisations américaines, le RTY semble bloqué entre ses 200 jours @1992,26 pts et 100 jours @2070,02 pts contre une clôture à 235,11 pts. En Europe, l’indice Stoxx Europe 600 (SXXP) récupère sa 200 jours @493,53 à la cloche @495,96 pts. En Suisse, le SMI a rebondi de sa 200 jours @11'447 pts, clôture juste au-dessus de sa 100 jours @11'843 contre la 100 dma 11'838 pts.

Du côté des monnaies, le Dollar Index recule légèrement à 102,93, il voit son principal support dans la zone 102,00 – 102,20. La paire EUR/USD traite à 1,0938, elle est en train de terminer un triangle dont les sorties actuelles se situent à 1,0720 et 1,0940. Cassure potentielle à la hausse de l’euro aujourd’hui donc, à suivre.

Une deuxième présidence de Donald Trump poserait un «problème sérieux» à l'Europe, déclare le chef de l'Eurogroupe, Paschal Donohoe. L'UE devrait se préparer à faire face aux changements potentiels en matière de droits de douane et de commerce en rendant son économie moins dépendante des États-Unis, selon l’agence Bloomberg.

Au menu macro-économique du jour, on attend surtout les nouvelles demandes d'allocations chômage (14h30) et les stocks de grossistes (16h00) aux Etats-Unis.

Siemens AG dépasse les prévisions du marché grâce à l'électrification et aux logiciels. Allianz publié un bénéfice du deuxième trimestre en hausse de 7,5%, supérieur aux prévisions. L'assureur confirme ses objectifs. Sandoz relève ses objectifs 2024. Deutsche Telekom annonce un bénéfice en ligne au deuxième trimestre et relève ses perspectives en matière de flux de trésorerie disponible. Munich Re affiche une hausse de 41% de son bénéfice net au deuxième trimestre, supérieure aux prévisions. Zurich Insurance devrait pouvoir dépasser ses objectifs après un solide premier semestre. Le Fabhalta de Novartis obtient le feu vert de la FDA contre la protéinurie. Meta revient sur le marché obligataire et émet 10,5 milliards de dollars de dette. Des actionnaires d'Intel intentent une action en justice contre le fabricant de puces après que des réductions d'emplois et de dividendes ont fait plonger l'action en bourse. Des passagers de Delta Air Lines poursuivent la compagnie aérienne pour avoir refusé des remboursements après une panne informatique. La FAA compte 16 actions en cours concernant Boeing, selon un responsable.  Toyota réduit de 5% ses prévisions de production mondiale de véhicules pour 2024, selon le journal Chubu Keizai.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo recule de 0,74% à la cloche, Hong Kong grappille 0,27%, Shanghai traite à l’équilibre, Séoul rend 0,45% et le Nifty50 monte de 0,13%. Le future SPX traite en très léger recul, son alter ego du Nasdaq reprend 30 points et l’Europe ouvre en repli de 0,9%.

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