Gonet: l'actualité des marchés au 5 août

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

4 minutes de lecture

Dow -1,51%, S&P 500 -1,84%, Nasdaq -2,43%, Russell -3,52%, SOX -5,18%, Eurostoxx -2,67%, SMI -3,59%.

Et voilà, c’est reparti pour un tour de Silver Star sur les indices. Cela faisait longtemps avouons-le, le sentiment prend les choses en mains la semaine passée, laissant Dame émotion gérer tout cela, plongeon dans un monde d’exagérations, bien souvent passagères rappelons-le.

La vue du marché quant à l’état de forme de la croissance américain change assez brutalement en fin de semaine passée. On passe d’un avis général d’une économie des Etats-Unis résistante (portée par les baisses de taux à venir de la Fed mais aussi par l’intelligence artificielle) à un gros mur nommé récession qui serait en vue, promettant les pires souffrances aux investisseurs et leur enjoignant d’investir massivement dans des obligations dites sécures, au détriment de ces affreuses actions devenues subitement radioactives.

Les émotions de tout un chacun émergent, elles qui avaient été muselées pendant plus d’un an et tout ou presque part en vrille, déroulant un tapis rouge aux scénarii extrêmes, qui ne se font pas prier pour revenir sur le devant de la scène. La mèche est allumée par le rapport mensuel sur l’emploi américain au mois de juillet, qui rate nettement les attentes vendredi, décrivant une économie créant nettement moins d’emplois que prévu avec un taux de chômage en hausse à 4,3%, les économistes prédisaient 4,1%. L’ISM manufacturier avait préparé le terrain la veille en se ratatinant, le marché se laisse aller à craindre le pire, lisez que la Fed a trop attendu pour démarrer son cycle de baisses de taux, bienvenue dans un monde d’exagérations émotionnelles, qui bénéfice toujours en fin de compte aux investisseurs à sang froid.

Deuxième baisse consécutive des indices américains vendredi, l’indice Nasdaq100 (NDX) recule désormais de 10,75% depuis son top du 10 juillet, il entre donc officiellement en territoire de correction, pour autant que cela signifie quelque chose. Alors bien évidemment, les derniers arrivés doivent être quelque peu chafouin ce matin. En revanche sur l’année l’indice technologique progresse encore de 10% et je ne vous dis pas qu’il décolle de 71% depuis le premier janvier 2023, le long terme, toujours penser au long terme. Vendredi les mastodontes de la tech appuient fort sur la tête du marché, Apple mise à part. On vend des actions à tout va pour se ruer dans les bons du  Trésor US, dont le rendement du 10 ans se replie violemment, ce matin à 3,75%, notez qu’il est désormais extrêmement survendu (le rendement), presque autant qu’au mois de mars 2020, première exagération notable. Sur la semaine tous les indices d’actions se replient, le Russell2000 (RTY) souffre particulièrement (-6,7%), en Europe ce n’est guère mieux avec l’Eurostoxx50 qui abandonne 4,6% et la Suisse (SPI) qui limite la casse à -1,7%.

Le dollar se replie, il prend acte des attentes montantes dans le marché que la Fed coupe ses taux et fissa. Le Dollar Index (DXY) recule à 102,93, il tente en ce moment de casser son bas du 8 mars (@102,36). La paire EUR/USD décolle de 1,0794 vendredi à 1,0965 ce matin. Vous noterez donc que, malgré le retour rapide de la peur dans le marché, on ne se rue pas dans la principale valeur refuge au monde, c’est à suivre de près. En parlant de valeurs refuges, l’or ne profite pas de l’ambiance du moment, l’once recule à 2444 dollars contre un top de 2477 dollars vendredi. Le pétrole fait de même et se replie à 73,05 dollars le baril de WTI Light Crude, malgré les tensions géopolitiques croissantes et la faiblesse du billet vert.

Sur le front de l’analyse technique, ce n’est pas très joli à voir. Le canal haussier de l’indice S&P500 (SPX) entamé en octobre 2022 reste intact en clôture vendredi, mais pourrait bien être cassé ce lundi, les futures font grise mine. Le canal haussier entamé en octobre 2023 relève désormais du passé. Sur le NDX, le canal haussier est cassé, alors que l’Eurostoxx 50 reste en tendance bullish. Le SMI voit son principal support à 11730 points mais le plus impressionnant des graphiques est celui du Nikkei 225 (NKY). Si l’on connecte son bas du covid avec les bas de janvier et mars 2023, on constate que le NKY clôture ce lundi quasiment pile sur son support, impressionnant sachant qu’il est passé de 42426 points le 11 juillet à 31'458 pts à la cloche ce matin, soit une chute de près de 26%.

La volatilité retrouve d’éclatantes couleurs. Le VIX (volatilité du SPX) a gagné 120% depuis son bas en séance du 19 juillet. Cela faisait un moment qu’il se positionnait pour casser sa tendance baissière entamée en janvier 2022 à la hausse. C’est désormais chose faite, vendredi, l’indice de la peur vient très brièvement humer l’air qu’il fait tout près de 30 points, pour clôturer à 23,39. Au vu du comportement des futures ce matin, le VIX devrait poursuivre sa hausse en ce lundi matin et offrir de ce fait de belles opportunités en produits structurés.

Du côté des Fed Funds, tout cela est devenu un peu fou, le marché prévoit désormais un peu plus de 100% de probabilités d’une baisse de 50 points de base par la Fed lors de sa réunion du 18 septembre, presque la même chose pour le FOMC du 7 novembre et 121% de chances d’une baisse de  25 points de base le 18 décembre. Deuxième exagération et pas des moindres. Le marché indique même 60% de probabilités que la Fed coupe ses taux de 25 points de base d’ici une semaine, m’est avis que pas mal de monde va être déçu à ce sujet, Jerome Powell et ses amis vont-t-ils changer de discours parce que le marché perd les nerfs?

Et que dire de la paire EUR/CHF, qui traite ce matin à 0,9269 et a cassé son bas du 29 décembre à 0,9253. Le prochain support tangible est le bas du 15 janvier 2015, dont certains ici se souviennent, la paire était alors allée à 0,8517, le matin même elle traitait à 1,20, un communiqué de la BNS est passé par là, on connait la suite.

Les économistes de Goldman relèvent de 15% à 25% la probabilité d'une récession aux États-Unis au cours de l'année prochaine, après la publication d'un rapport sur l'emploi médiocre. 

Israël se prépare à une éventuelle attaque en représailles à l'assassinat de responsables du Hezbollah et du Hamas, tandis que les États-Unis continuent de faire pression en faveur d'un accord de cessez-le-feu. Antony Blinken déclare à ses homologues du G-7 qu'une attaque de l'Iran et du Hezbollah pourrait commencer dès aujourd'hui, selon Axios.

Au menu macro-économique du jour, les indices PMI des services des grandes économies sont attendues tout au long de la journée, accompagnés de l'indice ISM des services aux Etats-Unis (16h00). 

Société Générale vend ses unités de banque privée au Royaume-Uni et en Suisse pour environ 1 milliard de dollars à l'UBP. Infineon revoit à la baisse ses prévisions de recettes après que les résultats du troisième trimestre ont été inférieurs aux prévisions. PostNL ne répond pas aux attentes en matière de volume de colis en raison d'effets de mixage défavorables. Les liquidités de Berkshire Hathaway atteignent 277 milliards de dollars alors que Buffett réduit sa participation dans Apple. Le retard de la nouvelle puce d'IA de Nvidia pourrait affecter Microsoft, Google et Meta, selon The Information. Coca-Cola va faire appel d'un redressement fiscal de 6 milliards de dollars. Alphabet a cédé deux tiers de sa participation dans CrowdStrike au premier semestre. CrowdStrike qui rejette les allégations de Delta Air Lines sur sa responsabilité après la panne géante. AMC Entertainment enregistre une perte au deuxième trimestre, en raison de la faiblesse de son offre de films.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en forte baisse. Tokyo plonge de 12,4%, pénalisée par les craintes générales de ralentissement de l’économie américaine, mais aussi par sa banque centrale, qui nage à contre-courant et relève ses taux, le yen se renforce, double peine pour l’indice japonais, qui plus est qui paie sa performance des derniers trimestres. Hong Kong et Shanghai limitent la casse avec -2,15% et -1,54%. Séoul se prend les pieds dans le tapis et chute de 8,77%, elle est truffée de semi-conducteurs. Le Nifty50 abandonne 3,07%. Le future SPX glisse encore de 144 points, soit 2,7%, le Nasdaq indique -4,6% et l’Europe ouvre en baisse de 3,2%, principalement pénalisée par son secteur technologique, ASML et SAP en tête. 
La Chine annonce samedi 20 mesures pour stimuler les dépenses de consommation et relancer son économie par l'intérieur. L'indicateur PMI Caixin des services du mois de juillet, publié cette nuit, dépasse les attentes et se maintient en zone d'expansion. 

Le VIX ouvre en hausse de 18,28 points soit 78%, à 41,61 pts.

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