On assiste à des achats à bon compte vendredi à Wall Street. Sur 5 séances en revanche, les indices d’actions exposés aux valeurs technologiques souffrent, on prend quelques profits dans les géants de la tech, les sept magnifiques en tête, pour réallouer le capital à des entreprises de l'ancienne économie telles que les banques, les services publics et le secteur manufacturier. Ce phénomène de rotation est sain, les investisseurs couvrent leurs expositions à la frénésie boursière qui entoure tout ce qui a trait de près ou de loin à l’intelligence artificielle, la question de la monétisation des tombereaux de milliards de dollars investis dans ce domaine étant au centre des préoccupations. En parallèle, les intervenants de moins de 25 ans découvrent d’obscurs noms dont ils n’avaient jamais entendu parler (de type Dassault Aviation, EssilorLuxottica, 3M, Visa ou encore Caterpillar). Les investisseurs se souviennent qu’il y a de la croissance au-delà des entreprises technologiques. Ceci dit attention à ne pas les jeter à la poubelle trop vite, les flux de trésorerie générés par ces mastodontes restent énormes. Il va donc falloir suivre de près les résultats trimestriels qui tombent chaque jour, cette semaine les têtes d’affiche se nomment Heineken, L’Oréal, Airbus, HSBC, Schneider, Shell et Axa pour le vieux continent, Microsoft, Apple, Meta et Amazon pour les Etats-Unis, qui tenteront de faire mieux que Tesla et Alphabet, qui ont provoqué un beau trou d’air en milieu de semaine passée, le marché ne pardonne en aucun cas les déceptions, aussi minimes soient-elles.
On notera par ailleurs que plusieurs firmes européennes émettent des avertissements sur bénéfices la semaine passée et que les statistiques macro sont rassurantes, à l’image du PIB américain ou de l’inflation, qui reste contenue. Cette semaine nous nous concentrerons sur la première estimation de l’inflation en zone euro pour le mois de juillet, puis sur trois banques centrales, Fed (mercredi soir), Banque du Japon et Banque d’Angleterre. Le marché attend un statu quo de la Fed, une baisse de taux de la BOE et reste indécis sur une hausse de taux de la BOJ.
Les actions du fabricant 3M décollent de 23% vendredi après que le géant des matériaux a dépassé les attentes des analystes en matière de ventes et de bénéfices au deuxième trimestre et que l'entreprise a relevé le niveau de ses perspectives pour l'ensemble de l'année. 3M mène le Dow Jones à un gain de 654 points. Tous les secteurs du S&P500 (SPX) terminent la séance dans le vert. L'indice Dow Jones Industrial Average progresse de 0,7% sur la semaine. Le SPX rend 0,8%. Le Nasdaq Composite enregistre une baisse hebdomadaire de 2.1% après avoir subi mercredi sa plus forte baisse journalière depuis 2022. Notons les petites capitalisations qui sont activement recherchées, l'indice Russell 2000 RTY) poursuit sa remontée en augmentant de 1,7% vendredi et de 3.5% sur la semaine, la troisième de suite à la hausse.
Sur le front de l’or noir, ce n’est pas vraiment Broadway. Les prévisions économiques décevantes en Chine, des PMI manufacturiers en berne et une nette montée de l'aversion au risque sont autant de facteurs qui pèsent sur les prix pétroliers cette semaine et font reculer le baril de WTI Light Crude de 3%. Le baril s'apprête ainsi à enchainer une troisième semaine de baisse consécutive. Le marché relègue au second plan des facteurs positifs, qui pourraient soutenir le prix du brut dans les prochaines semaines, comme la politique de l'OPEP+, qui devrait ne pas trop évoluer compte tenu de la faiblesse des prix, ou encore les risques de production au Canada, frappé par de multiples incendies dans son bassin pétrolier. Techniquement le WTI Light Crude semble cappé à court terme par sa moyenne mobile à 200 jours, qui se situe à 78,70 dollars contre un cours actuel de 77,56 dollars.
Du côté des métaux précieux, l'or ne profite pas de son caractère refuge puisque le métal doré se replie sur la semaine, il traite actuellement à 2392 dollars l’once, son principal support se situe à 2359 dollars et Bloomberg nous raconte que la relique barbare est le meilleur trade à implémenter dans l’optique d’un retour de qui vous savez à la Maison-Blanche. Du moins c’est ce qu’un sondage conduit par l’agence auprès de ses clients indique.
Au chapitre des monnaies, l'euro est sous pression face au franc suisse et au dollar mais reprend quelques cents à la livre sterling. La paire EUR/CHF traite à 0,9588, son prochain niveau de résistance se situe à 0,9604 (moyenne mobile à 200 jours). Le principal mouvement à signaler est toutefois le réveil du yen face au dollar américain, deux semaines après avoir touché un plus bas de plusieurs décennies. Il faut 153,31 JPY pour 1 USD ce matin contre près de 162 JPY le 10 juillet.
Le rendement de la dette à 10 ans US varie peu durant la semaine et traite ce matin à 4,18%. Le marché reste convaincu que la première baisse de taux du cycle actuel de la Fed interviendra en septembre (107% de probabilités d’une baisse de 25 points de base le 18 septembre).
Si l’on devait retenir trois titres de la semaine passée, hormis 3M, on peut mentionner Tesla, qui abandonne 8% sur 5 séances, après avoir publié pour le deuxième trimestre consécutif des chiffres de rentabilité en baisse. Le report en octobre de la présentation du Taxi Robot sans chauffeur a également contribué à la baisse. Chez Kering, ça ne s’améliore pas vraiment, l’action réalise une performance hebdomadaire de -9,79% après avoir publié des résultats semestriels décevants. La marque Gucci a particulièrement souffert, avec des ventes en recul de 20%. Nestlé perd 6,2% sur la semaine. La direction a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour l'année, visant désormais au moins 3% contre 4% auparavant.
Nicolás Maduro a remporté le scrutin présidentiel au Venezuela, annonce l'agence électorale du pays, lors d'un vote qui représente la plus grande menace à ce jour pour son pouvoir. Antony Blinken déclare qu'il est important que tous les votes soient comptés et qu'un décompte détaillé soit divulgué.
Israël attaque des cibles du Hezbollah en représailles à une frappe qui a tué 12 enfants sur les hauteurs du Golan. Benjamin Netanyahu envoie un émissaire à Rome pour discuter d'une proposition de cessez-le-feu à Gaza, tandis que Recep Tayyip Erdogan suggère que la Turquie pourrait intervenir au nom des Palestiniens, éventuellement avec un soutien militaire.
Rien de bien intéressant à se mettre sous la dent au menu macro-économique du jour.
Bernard Arnault (LVMH) confirme qu'il détient une petite participation à titre personnel dans Compagnie Financière Richemont, dont il respecte la volonté d'indépendance. Heineken relève ses prévisions pour l'exercice malgré un premier semestre raté et des dépréciations d'actifs. Roche veut accélérer la mise au point d'une pilule amaigrissante pour concurrencer ses rivaux, selon le FT. Les fonctions d'intelligence artificielle d'Apple vont être retardées, selon Bloomberg. Pershing Square repousse son IPO à New York. Kelly Ortberg, ancien CEO de Rockwell Collins, rejoint la liste des candidats au poste de patron de Boeing, selon The Air Current. Honeywell envisage l'introduction en bourse de Quantinuum à une valeur de 10 milliards de dollars, selon Bloomberg News.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse à l’exception de Shanghai, qui rend 0,07%. Tokyo progresse de 2,13% à la cloche, Hong Kong gagne 1,58%, Séoul prend 1,3% et le Nifty 50 avance de 0,62%. Le future SPX avance de 26 points et l’Europe est indiquée en hausse de 0,45% à l’ouverture de 9 heures. Le VIX évolue à 16,39, un peu plus tôt dans la semaine passée il a atteint 19,36 et tenté de ce fait de s’extirper par le haut de son canal légèrement baissier entamé en octobre 2022. Il faut donc surveiller de près le niveau de 18,70 – 19,00, si ça casse ensuite la zone entre 23 et 30 pourrait offrir de belles opportunités, notamment en produit structurés.