C’est une semaine de tous les dangers que les investisseurs ont dans le rétroviseur en ce joyeux lundi d’automne. Exercice réussi pour un marché qui a obtenu ce qu’il voulait. La Fed a démarré son tant attendu cycle de baisses de taux en tapant fort, 50 points de base d’un coup et des mots doux aux oreilles des taureaux quant à l’économie, qu’elle fera tout pour la protéger et que les Cassandre de service allaient voir ce qu’elles allaient voir. Jerome Powell ne promet rien quant à l’ampleur des prochaines coupes, insiste de dire que les investisseurs ne doivent pas s’attendre à 50 points de base à chaque FOMC, le graphique dot.plot, qui nous indique les attentes des membres de la Réserve Fédérale quant aux taux d’intérêts, prévoit deux baisses supplémentaires de 25 bps chacune d’ici à la fin de l’année, le marché lui penche plutôt pour 3 fois 25, le sentiment général est plutôt bon ce matin. Il faut dire que l’histoire nous rappelle que des baisses de taux effectuées lorsque les résultats de sociétés progressent et qui ne sont pas suivies d’une récession voient les indices d’actions bien se comporter dans les 12 mois qui leur font suite. En l’état, c’est ce scénario qui prévaut, les bénéfices des entreprises américaines croissent de 10% en moyenne, l’indice Citi Economic Surprise montre un redémarrage à la hausse récent de la macro, autant aux Etats-Unis qu’en Europe. La saison 3 des résultats trimestriels des entreprises aux Etats-Unis démarre dans trois semaines, elle nous permettra d’affiner le tableau.
Les indices américains d’actions se replient légèrement vendredi, après un rallye rare réalisé jeudi. On peut donc dire que les gains de la veille sont défendu en grande majorité en cette fin de semaine. Les mastodontes de la tech sont mitigés, Tesla et Nvidia reculent de 2,3% et 1,6%. Nike a changé de CEO et décolle de 7%, la volatilité recule un chouia, le VIX perd 1,1% à 16,15, tandis que le ratio put/call chute de 0,77 à 0,52 et nous confirme que ça se détend plutôt pas mal sur les parquets de trading en actions ces jours. Une belle semaine pour Wall Street donc, le SPX progresse de 1,4%, le Nasdaq de 1,5% et le Russell2000 (RTY, les petites capitalisations) de 2,1%. En Europe ce n’est pas la même chanson, le Stoxx Europe 600 (SXXP) recule de 0,6% sur la semaine, la fébrilité règne sur le vieux continent boursier, la faute aux titres cycliques qui boudent, le consommateur chinois leur manque. Il en restait un qui n’était pas encore passé par le confessionnal, c’est désormais chose faite. Mercedes rejoint les copains et avoue prédire une fin d’année tout sauf torride. Rappelons ici que le secteur automobile pèse lourd dans l’industrie européenne. Les valeurs du luxe n’aident pas, elles aussi pénalisées par une Chine en berne. Cela va-t-il évoluer cette semaine? à voir, la Chine vient de couper les taux et va s’exprimer sur son économie demain. En parallèle Barron’s publie un long article sur le secteur du luxe, expliquant pourquoi les valeurs de ce secteur ont perdu de leur éclat et donnant les noms de celles qui devraient le retrouver.
Sur le marché obligataire le rendement du 10 ans US est plutôt stable, à 3,75%. Le dollar tente de résister, le Dollar Index (DXY) revient à 100,76, son principal support se situe à 100,61. La paire EUR/USD traite ce matin à 1,1141. Le pétrole se maintient au-dessus de 71 dollars le baril de WTI Light Crude tandis que l’or s’offre un nouveau record et traite à 2621 dollars l’once après avoir touché 2631 dollars.
On note que la période de « black out » des membres de la Fed touche à sa fin, ils ont à nouveau le droit de s’exprimer sur la politique monétaire. Plusieurs discours sont programmés cette semaine, dont celui de Jerome Powell jeudi.
La France a enfin un gouvernement. Michel Barnier dévoile les contours de sa politique, n’exclut pas de taxer les plus fortunés et les grandes entreprises et aura besoin du soutien du Rassemblement National pour ce faire. En Allemagne, le SPD d’Olaf Scholz bat l’extrême droite dans le scrutin régional du Brandenbourg.
Le ministère américain du commerce devrait dévoiler aujourd’hui des propositions de règles visant à interdire le matériel et les logiciels automobiles fabriqués en Chine et en Russie.
Au menu macro-économique du jour, on se concentrera sur les indices PMIs (directeurs d’achats) de septembre aux Etats-Unis (15h45).
Commerzbank avertit qu’une fusion avec UniCredit serait une menace pour les entreprises allemandes, selon le FT. Les actions de Novo Nordisk chutent vendredi, après des performances décevantes en phase II pour son nouveau médicament candidat oral contre l’obésité (monlunabant), qui n’a réduit que de 6% le poids de la population obèse au cours de l’essai de 16 semaines, alors que le management espérait 15%. Par ailleurs, le congrès des Etats-Unis se fait de plus en plus pressant pour faire réduire le prix des traitements anti-obésité. L’Italie prépare un deuxième appel d’offres pour l’unité «Câbles sous-marins» de Telecom Italia. Qualcomm aurait approché Intel en vue d’un éventuel rachat, selon le WSJ. Une filiale de Johnson & Johnson se déclare en faillite pour faire avancer le règlement de 8 milliards de dollars sur le talc. Southwest Airlines prévient son personnel des «décisions difficiles» à venir, selon l’agence Bloomberg. Départ de Ted Colbert, responsable de l’activité défense de Boeing. Sept groupes médias français assignent Google pour lui réclamer 1 milliard d’euros afin d’obtenir réparation pour ses pratiques jugées anticoncurrentielles sur le marché de la publicité en ligne. Trump Media au plus bas après l’expiration du «lock-up» de ses actionnaires. TSMC et Samsung Electronics seraient sur les rangs pour un projet de puces à 100 milliards de dollars dans les Emirats arabes unis, selon le WSJ.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse. Tokyo est fermée, Hong Kong progresse de 0,07%, Shanghai avance de 0,42%, Séoul gagne 0,33% et le Nifty50 monte de 0,3%. Le future SPX prend 9 points et l’Europe ouvre en léger progrès.