Records historiques à la cloche hier soir à Wall Street, dans une ambiance calme et sous la forme d’une rotation de la tech vers les actions dites de valeur. Le Nasdaq100 (NDX) recule sous les coups de boutoir d’Apple (AAPL -2,78%) et Nvidia (NVDA -1,95%), cette dernière ne gagnant plus que 136% depuis le premier janvier, on hésite sérieusement à appeler le SAMU. Apple fait l’objet de désengagements car les délais de livraison de l’iPhone 16 sont plus courts que prévu, ce qui indique une faiblesse potentielle de la demande. Nvidia fait simplement une pause, pour la suite elle s’inspirera peut-être du documentaire d’Inoxtag afin de repartir vers de nouveaux sommets. Le vénérable Dow Jones s’offre un nouveau record en clôture, tout comme l’indice S&P500 équipondéré (SPW), ce qui indique une redistribution en cours des cartes dans le paysage du marché des actions, redistribution fort bienvenue, la tech ne peut porter la planète finance sur ses seules épaules ad vitam aeternam. Le breadth du jour est bon, 388 titres du S&P500 (SPX) progressent, le principal indice du NYSE clôture à moins de 1% de son record de tous les temps. La volatilité remonte légèrement, le VIX progresse de 3,5% à 17,14, tandis que le ratio put/call parvient à reculer encore un peu, à 0,52. Le 19 août il avait atteint un plancher à 0,47. On constate que le sentiment du marché est passablement détendu malgré l’imminence de la décision de la Fed sur les taux, demain soir à 20 heures.
À ce propos, il semble que les économistes/prévisionnistes/chiromanciens/bookmakers/influenceurs n’ont plus été aussi partagés quant à l’ampleur du mouvement depuis au moins 2008. En résumé, nous pouvons dire ce matin que c’est du 50 / 50 pour 50. Il y a encore peu, la conviction était quasiment générale que la Réserve Fédérale des Etats-Unis allait baisser ses taux de 25 points de base demain soir. Ce matin les Fed Funds prévoient 171% de probabilités d’une baisse de 25 bps, soit plus ou moins 50% de chances que ce soit 50 pts au final. C’est le Wall Street Journal (WSJ) qui a instillé le doute la semaine passée en publiant un article signé Nick Timiraos (la voix officieuse de la Fed) indiquant que l’ampleur de la baisse à venir était tout sauf décidée et ouvrant de ce fait la voie à une coupe éventuelle de 0,5%. Les esprits taquins feront remarquer que la macro d’hier est largement plus forte que prévu et devrait avoir fait reculer les attentes des partisans de 50 points de base, mais si la finance était rationnelle cela se saurait non? L’ancien patron de la Fed de New York William Dudley a peut-être joué le rôle de contrepoids en plaidant pour une coupe d’un demi-point dès demain.
Quoi qu’il en soit demain devrait être un jour historique pour le marché avec le début d’un nouveau cycle de politique monétaire de la première banque centrale du monde. Le marché obligataire reste plutôt tendu, le rendement du 10 ans US recule à 3,61%, son support est à 3,60%. Le dollar est aussi sous pression, le Dollar Index (DXY) traite ce matin à 100,73, il voit un support plutôt important à 100,61. La paire EUR/USD traite à 1,1119, principale résistance 1,1155 puis 1,1200. L’or évolue à 2584 dollars l’once, le pétrole à 70,57 dollars le baril de WTI Light Crude.
En Europe les semi-conducteurs sont à la vente hier, tout comme l’automobile et le luxe. On notera que les titres dits de valeur ont progressé de 4% ces trois derniers mois, tandis que les actions de croissance, principalement la tech donc, ont reculé d’un peu plus de 2%. Aux Etats-unis les actions de valeur ont gagné 7,5% en un trimestre contre une baisse de 0,5% pour la tech.
Au menu macro-économique du jour, on démarre en Allemagne avec les résultats des sondages ZEW (11h00). Aux États-Unis, l'attention se portera sur les ventes au détail (14h30), la production industrielle (15h15), les stocks d'entreprises et l'indice du marché immobilier NAHB (16h00).
EssilorLuxottica étend son partenariat avec Meta Platforms pour développer plusieurs générations de lunettes intelligentes. Sanofi et AstraZeneca obtiennent l'approbation des États-Unis pour la fabrication d'un nouveau vaccin contre le VRS. Les autorités antitrust italiennes examinent l'impact de l'accord entre Swisscom et Vodafone sur les services de téléphonie fixe. Intel repousse ses projets d'usine en Allemagne et en Pologne. Le groupe accentue la séparation de ses activités, sans aller jusqu'à la scission. L’action bondit de 8% dans les échanges après-bourse après avoir déclaré que la firme produira des puces d’IA personnalisées pour AWS (Amazon Web Services). Microsoft relève son dividende et renforce son programme de rachat d'actions. Nippon Steel et United States Steel demandent à Joe Biden d'approuver leur fusion. Amazon imposera à nouveau 5 jours par semaine au bureau en 2025. Meta interdit RT et d'autres médias d'État russes. Tupperware Brands replonge en procédure de faillite. BYD prend le contrôle total de sa coentreprise avec Mercedes en Chine.
Cette nuit et ce matin en Asie, de nombreux marchés restent fermés. Tokyo rend 1,03% à la cloche, Hong Kong gagne 1,29% et le Nifty50 grappille 0,14%. Plusieurs surtaxes entrent en vigueur aux Etats-Unis en septembre, tandis que le Financial Times révèle que Washington est proche de trouver un accord avec Tokyo pour restreindre l'accès de la Chine aux machines de pointe de production de semi-conducteurs.
Un dernier mot sur le FOMO (Fear Of Missing Out). L’histoire boursière montre que, lorsque plusieurs indices américains d’actions ont réalisé un renversement tendance tout en évoluant proches de records historiques, le FOMO est systématiquement revenu sur le devant de la scène. Ceci n’est qu’une constatation historique, en aucun cas une prédiction.