Des patrons des secteurs de la finance et de l’automobile prennent la parole hier et plombent l’ambiance bien comme il faut.
On commence avec les financières américaines et le CEO de Goldman Sachs qui prévient que les revenus de trading de la firme New Yorkaise vont diminuer. Pas mieux chez JP Morgan Chase qui demande aux investisseurs de revoir leurs attentes en termes de revenus nets d’intérêts. Chez Ally Financials (l’ancienne GMAC, pour General Motors Acceptance Corporation), spécialisée dans notamment les prêts immobiliers ou les assurances habitation et automobile, on parle de détérioration du crédit et de signes de vulnérabilité des emprunteurs cette année. Le marché renvoie l’action à ses études soit 17,6% plus bas rien qu’hier et le Dow Jones de boire la tasse, il faut dire que le poids de Goldman Sachs et de JP Morgan y est notable. L’ambiance est déjà bien pesante et BMW se charge de rajouter de l’huile sur un feu couvant en émettant un bon gros avertissement sur bénéfices futurs, le secteur n’en avait pas vraiment besoin, qui souffre manifestement depuis quelques temps, d’ailleurs Volkswagen vient de résilier l’accord sur la garantie de l’emploi en Allemagne, ça laisse songeur. BMW chute de 11%, Continental fait de même, Mercedes glisse de 5%, VW et Renault de 3%. Les craintes de ralentissement économique restent présentes, la demande chinoise de pétrole continue à refluer, le Brent réussit même à clôturer sous la barre de 70 dollars pour la première fois en trois ans, le WTI Light Crude traite ce matin à 66,94 dollars. Dans le secteur financier, c’est un joyeux cocktail de craintes de freinage d’urgence de l’économie ajoutées à la dégradation apparente de la capacité de remboursement des consommateurs américains qui plombe l’ambiance.
La croissance reste donc une préoccupation majeure dans les esprits. En parallèle, l’inflation semble faire débat à nouveau mais pas pour les mêmes raisons que ces dernières années. Le US Breakeven Rate à 10 ans tombe à son plus bas niveau depuis 2021 hier. Ce taux est calculé en déduisant le rendement nominal du 10 ans du rendement d’un TIPS (bon du Trésor US indexé à l’inflation) de même échéance. La théorie financière indique que le résultat de la soustraction donne les attentes d’inflation du marché. Le Breakeven Rate suggère donc que les investisseurs considèrent que l’inflation sera inférieure à l’objectif de 2% de la Fed au cours de la prochaine décennie. Tout cela n’est pas vraiment rassurant, ceci dit ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain, le marché est connu pour son humeur versatile, cela fonctionne dans les deux sens. Cet après-midi sera publié l’indice des prix à la consommation aux Etats-Unis pour le mois d’août, ça permettra de se faire une meilleure idée sur cette partie-ci. Conséquence de tout cela, le rendement du 10 ans US casse son support de 3.67%, il évolue ce matin à 3.61%, prochain objectif 3.50% et applaudissements nourris de l’or, qui rebondit de ce fait à 2524$ l’once et se rapproche à nouveau très près de son record historique de 2531.75$ atteint durant la séance du 20 août.
Le dollar ne bouge guère, la paire eur/usd traite ce matin à 1.1045, en revanche le yen retrouve des forces et remonte à 141.31 contre le billet vert après qu’un membre du conseil d’administration de la Banque centrale du Japon a indiqué que des augmentations de taux étaient toujours possibles. On rappellera le niveau de support de 140.25, atteint en séance du 28 décembre.
On pourrait penser que Wall Street passe une fort vilaine journée hier, les financières et les automobiles entrainant la cote avec elles ? C’est oublier la tech, qui n’est jamais très loin et porte le marché comme une grande, bien aidée par les grands gagnants du jour Oracle et Broadcom, qui progressent de 11.4% et 5.2%. Les investisseurs profitent de la récente baisse du marché. Broadcom a enregistré une baisse de 10% vendredi, tandis qu’Oracle a baissé au cours des deux derniers jours de la semaine écoulée. L’envolée d’Oracle hier est en partie due à la demande pour son infrastructure d’intelligence artificielle, qui contribue à l’augmentation du chiffre d’affaires. En parallèle, les géants de la tech font le boulot, notamment Amazon et Tesla. Apple est condamnée par la Cour de justice de l’Union Européenne à rembourser 13 milliards d’euros d’avantages fiscaux, le titre sourcille à peine et recule de 0.3%. La volatilité des actions recule légèrement, le VIX perd 1.85%. On notera que l’indice S&P500 équipondéré (SPW) ne grappille que 0.02% hier contre +0.45% au SPX, ce qui confirme la prédominance de la tech du côté éclairé de la force. D’ailleurs en Europe les performances des indices d’hier sont disparates, le CAC40 et le SMI limitent leurs replis tandis que le DAX attrape une automobilite aigüe.
Kamala Harris et Donald Trump s’affrontent la nuit passée lors de leur premier débat, Trump étant sur la défensive en ce qui concerne l’avortement et la politique étrangère, tandis que Harris met en avant ses projets pour lutter contre la hausse des prix et les problèmes économiques. Selon l’agence Bloomberg, les chances de victoire de Trump passent brièvement sous la barre des 50% sur PredictIt, ce qui pénalise le bitcoin, Trump étant considéré pro crypto monnaies. Les valeurs liées à la fertilité progressent en Asie, Mme Harris ayant appelé au rétablissement de l’arrêt Roe v. Wade. Les deux campagnes indiquent qu’elles souhaitent un nouveau débat. Les dons aux démocrates augmentent après l’événement, qui permet par ailleurs à Mme Harris d’obtenir le soutien de Taylor Swift. Selon un sondage de CNN, 63% des téléspectateurs pensent que Harris a gagné le débat.
Au menu macro-économique du jour, on démarre avec le PIB mensuel du Royaume-Uni (sorti légèrement en-dessous des prévisions) pour poursuivre avec l’inflation d’août aux Etats-Unis (14h30) et les stocks de brut du DOE (16h30).
En crise, Volkswagen résilie l’accord sur la garantie de l’emploi en Allemagne. Les bénéfices d’Inditex, propriétaire de Zara, augmentent de 10% au premier semestre malgré un ralentissement de la croissance des ventes. ASML a besoin d’une licence pour assurer l’entretien de certains équipements en Chine, selon le gouvernement néerlandais. Telecom Italia figure parmi les candidats à l’acquisition de l’activité résiduelle de BT Group en Italie. La CJCE condamne Apple à restituer 13 milliards d’euros d’avantages fiscaux indus à l’Irlande, le titre réagit à peine en reculant de 0.36% sur la séance hier. Goldman Sachs se rapproche d’un accord pour transférer les activités de cartes de crédit de General Motors à Barclays. Le nouveau patron de Starbucks va se concentrer sur le marché américain. Amazon va investir 10 milliards de dollars dans des centres de données au Royaume-Uni. Un essai de phase II de Johnson & Johnson pour un traitement potentiel du cancer du poumon atteint le critère d’évaluation principal. Les actionnaires de Nike votent contre la proposition relative aux droits des travailleurs. Boeing a livré 40 avions en août avec la reprise des livraisons en Chine. GameStop va chercher à lancer une augmentation de capital en dépit de la baisse de son chiffre d’affaires et de son plan de fermeture de magasins. Le titre perd 10% hors séance. Sony lancera la PlayStation 5 Pro en novembre.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices se replient à l’exception du Nifty50 qui grappille 0.15%. Tokyo n’apprécie guère la force retrouvée de sa monnaie et abandonne1.49% à la cloche, c’est la sixième séance consécutive de baisse pour l’indice Nikkei225. Hong Kong recule de 0.68%, Shanghai perd 0.82% et Séoul se replie de 0.4%. Le future SPX égare 15 points et l’Europe ouvre en rebond de 0.5%.