La Banque centrale européenne (BCE) annonce réduire ses taux directeurs, elle fait tout comme le marché le prévoyait, Christine Lagarde ne se ferme aucune porte lors de la conférence de presse qui suit l’annonce, elle explique clairement que la BCE est dépendante des statistiques macro-économiques à venir, que le prochain mouvement sur les taux est tout sauf décidé, quant à la date et au sens, le marché n’en prend pas ombrage, la patronne de la BCE fait son travail et plutôt très bien, rien à signaler de particulier sur ce front, si ce n’est que de nombreux acteurs du monde économique sur le vieux continent respirent un peu mieux ce matin. Et puis ne nous voilons pas la face, la BCE c’est un peu l’entrée du menu de la politique monétaire, le plat de résistance est prévu pour mercredi de la semaine prochaine, ce sera alors le tour de la Fed de nous annoncer sa décision sur les taux. Ce n’est pas la macro d’hier qui déraille le scénario envisagé par le plus grand nombre soit une baisse de 25 points de base. Le PPI (Production Price Index) du mois d’août sort un tantinet au-dessus des attentes, mais les économistes veillent, qui nous font remarquer que certaines composantes du PPI qui influencent en partie le PCE (Personal Consumption Expenditure, l’outil favori de la Fed pour mesurer l’inflation) sont plus faibles en août qu’en juillet, pas d’inquiétude donc sur ce front-ci.
Quelque chose d’autre incite le marché des actions à poursuivre sa hausse hier. Le Wall Street Journal (WSJ) dégaine un article qui explique que la baisse de taux de la semaine prochaine est probablement acquise, mais que son ampleur est tout sauf décidée. Le WSJ instille donc le doute dans les esprits, et pourquoi pas 50 points de base? Surtout que l’article est signé par Nick Timiraos, dont il se dit dans les milieux autorisés que Jerome Powell murmurerait à son oreille afin de nous faire passer des messages. En parallèle, un autre journaliste fort respecté dans le milieu de la finance, Colby Smith (Financial Times), affirme peu ou prou la même chose. L’ancien patron de la Fed de New York William Dudley indique pour sa part que 50 points de base ce serait super et le marché de se mettre à rêver d’un loyer de l’argent meilleur marché de 0.5% dès la semaine prochaine. Ce qui est très intéressant dans la réaction de Wall Street hier soir, c’est qu’une coupe de 50 points de base d’un coup (le fameux jumbo cut dont tous les journalistes anglo-saxons vont abuser jusqu’à mercredi), ne semble pas inquiéter le marché outre-mesure.
En résumé, la BCE a fait le travail et le débat quant à l’ampleur de la baisse de taux par la Fed est relancé avec la bénédiction, semble-t-il, du sentiment du marché.
Quatrième séance consécutive de hausse à Wall Street hier, les mastodontes de la tech continuent de supporter la cote. Les semi-conducteurs font la moue, Micron Tech a été dégradée. Les petites capitalisations sont logiquement recherchées à nouveau. Les bons du Trésor aussi, le rendement du 10 ans US recule à 3.64%, sa principale résistance se situe à 3.67%. Le dollar se replie, la paire eur/usd traite ce matin à 1.1085, le pétrole poursuit son rebond, le baril de WTI Light Crude traite à 69.32$ ce matin, tandis que l’or atteint un nouveau record historique à 2570.30$ l’once, tout cela est lié aux attentes du marché et ces éventuels fameux 50 points de base de coupe par la Fed mercredi prochain.
L’indice S&P500 (SPX) est tenu en respect par le niveau de 5600 points en séance, clôture à 5595.76 pts. Le Nasdaq100 (NDX) casse sa 50 jours à la cloche, un jour après avoir franchi sa 100 jours, il n’est pas suracheté, son horizon technique s’éclaircit. En Europe le SMI helvétique livre une grosse bagarre avec sa moyenne mobile à 100 jours depuis cinq séances, la 100 dma évolue à 11995 pts, le SMI ouvre ce matin à 12067 points. La volatilité avait tenté une échappée en début de semaine, elle est bien vite rentrée dans le rang, le VIX perd 3.5% à 17.07 hier, le ratio put/call recule encore, à 0.57 et cela se détend même sur le marché obligataire, l’indice MOVE (le pendant obligataire du VIX) perd 5.5% et repasse en-dessous de 100.
La monnaie japonaise reste demandée, certains fonds spéculatifs misent sur des options pour que le yen poursuive sa remontée, en achetant des options de vente sur le dollar australien et le franc suisse, selon l’agence Bloomberg. HSBC a revu à la hausse ses prévisions pour le yen par rapport au dollar en tant que valeur refuge.
A noter que les firmes américaines entrent en période de black-out quant aux rachats d’actions propres.
Donald Trump remporte une victoire juridique. Un juge de Géorgie réduit les poursuites pénales de l'État contre lui. L'ancien président exclut tout autre débat avec Kamala Harris et s’engage à ne pas taxer la rémunération des heures supplémentaires. Un sondage Reuters/Ipsos réalisé après le débat montre que Mme Harris a légèrement augmenté son avance à 47% contre 42% pour M. Trump.
Au menu macro-économique du jour, les investisseurs vont surtout s'intéresser à la première lecture de l'indice de confiance des consommateurs américains fournie par l'Université du Michigan (16h00).
Nokia approche des candidats pour remplacer son CEO, selon le FT. La société dément. Roche obtient l'approbation de la FDA américaine pour l'immunothérapie anticancéreuse sous-cutanée Tecentriq Hybreza. France Télévision a choisi les produits de Nagravision (Kudelski). Adobe chute de 9% hors séance après des résultats inférieurs aux attentes. Microsoft a nommé jeudi Carolina Dybeck Happe, ancienne directrice financière de GE, au poste de directrice des opérations. Microsoft qui supprime par ailleurs 650 postes chez Xbox et Activision. Les AirPods d'Apple se transforment en appareils auditifs aux Etats-Unis, après le feu vert de la FDA pour un dispositif transformant le système. La rumeur avait déjà mis la pression sur les actions du secteur en début de semaine. Eli Lilly investit 1,8 milliard de dollars dans des sites irlandais afin d'accroître la production de médicaments contre la maladie d'Alzheimer et l'obésité. Chez Boeing, plus de 33 000 ouvriers votent la grève. Wells Fargo baisse en bourse après des injonctions de l'OCC sur l'anti-blanchiment. General Motors est en pourparlers pour l'achat de batteries chinoises fabriquées aux États-Unis par TDK. Les chauffeurs d'Amazon obtiennent des augmentations après les menaces de syndicalisation, selon le Wall Street Journal. Adani Group dément le commentaire de Hindenburg sur les fonds gelés dans les banques suisses.
Après la clôture du NYSE hier, Oracle annonce prévoir 104 milliards de dollars de chiffre d’affaires en 2029 grâce au développement de sa division cloud. Le titre décolle de 6% dans les échanges après-bourse, l’action avait déjà décollé en semaine après ses résultats, elle redonne du peps au thème de l’intelligence artificielle, thème qui semblait s’essouffler et semble aussi n’avoir pas grand besoin que l’on souffle longtemps sur les braises pour faire repartir un feu des plus ardents.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo n’apprécie guère le rebond de sa monnaie et rend 0.68%, Hong Kong progresse de 0.8%, Shanghai perd 0.48%, Séoul grappille 0.13% et le Nifty50 traite à l’équilibre. Le future SPX récupère 8 points supplémentaires et l’Europe traite en hausse de 0.5% dans les premiers échanges de la journée.
Joyeux vendredi 13 à toutes et tous!