La Fed baisse ses taux directeurs de 50 points de base. Cela correspond aux attentes d’une petite majorité d’économistes, notons au passage qu’il est peu fréquent que la Réserve Fédérale agisse à coups de 0,5%, d’habitude elle préfère bouger de 25 points de base. Saurons-nous jamais les véritables raisons de ce mouvement plutôt agressif? Est-ce le récent Beige Book, qui avait montré que trois des douze districts de la Réserve Fédérale seulement étaient en croissance au cours des deux derniers mois? Est-ce le rapport sur l’emploi publié juste après le précédent FOMC, qui avait dévoilé un ralentissement des créations de postes de travail aux Etats-Unis? Est-ce la non-envie farouche de Jerome Powell de figurer dans les livres d’histoire financière au chapitre des banquiers centraux trop mous pour apporter un soutien nécessaire à la croissance économique du pays? Quoi qu’il en soit, Jay Powell confirme une fois encore (était-ce bien nécessaire?) qu’il sait quels mots susurrer aux oreilles du marché. Le premier banquier du monde déclare que «nous sommes déterminés à maintenir la force de notre économie. Cette décision reflète notre confiance croissante dans le fait qu'avec un recalibrage approprié de notre politique, la force du marché du travail peut être maintenue». Monsieur Powell ajoute qu’il ne pense pas que la Fed a pris du retard, c’est important, le marché a horreur de penser que les banquiers centraux ne sont pas à la barre du navire monétaire, il veut que la Fed domine la courbe des taux, pas l’inverse. Par ces quelques mots, le boss de la Réserve Fédérale des Etats-Unis nous dit simplement qu’il est là, qui veille attentivement sur ses ouailles et que nous pouvons dormir tranquilles, l’inflation est sous contrôle et la croissance n’est pas prête de prendre la tangente.
Que peut-on retenir de ce qui s’est produit hier soir? Principalement que la Fed est audacieuse et n’hésite pas à agir lorsqu’elle le juge nécessaire, même si l’économie croît actuellement à un rythme de 2,5% à 3%, même si les actions évoluent à leur firmament et que l’inflation reste à un niveau plus élevé que son objectif de 2% alors que le taux de chômage reste faible. La Fed semble avoir réussi son coup, ce matin l’appétit au risque règne en maître sur les parquets de trading, Jerome Powell ajoute hier soir qu’il faut éviter de croire que des baisses de taux de 50 points de base vont devenir la norme, il se permet même d’ajouter que les coûts d’emprunt risquent de rester plus élevés que leur niveau d’avant la pandémie. La planète finance se réveille donc joyeuse, le scénario «boucles d’or» d’une croissance économique ni trop chaude, ni trop froide, est conforté, les financiers applaudissent à tout rompre, le tableau dot.plot montre même que la Fed semble plus restrictive que les Fed Funds, elle prévoit en l’état 2 coupes supplémentaires de 25 points de base en 2024, puis quatre fois 25 bps en 2025.
Si vous êtes toujours là, un grand bravo à vous. D’ailleurs ce qui précède aurait pu être dit bien plus simplement, par exemple ainsi: la Fed réduit ses taux de 50 pb à 4,75-5,00%. Bowman se prononce en faveur d'une baisse de 25 points de base. Le communiqué indique que l'activité économique se développe à un rythme soutenu, que l'inflation a progressé vers l'objectif de 2% mais reste élevée, que les créations d'emplois ont ralenti et que le taux de chômage a augmenté mais reste faible. Powell précise que le mouvement d’hier est un signe de l'engagement de la Fed à ne pas être à la traîne.
Le marché réagit en deux temps. Commençons une fois n’est pas coutume par le segment obligataire, le rendement de l’emprunt US à 10 ans recule brièvement à 3,63% après l’annonce, pour remonter assez rapidement et revenir ce matin à 3,70%. On constate au passage que le niveau de 3,67% a été franchi et redevient de facto un support. La courbe des taux US 2 / 10 ans est désormais positive de 10 points de base, on peut penser ce matin que la plus longue inversion de l’histoire de cette courbe est terminée. Désormais cette courbe dépend encore plus de la justesse des prévisions de la Fed. Si les statistiques macro à venir révèlent une économie plus faible que prévu ou une inflation plus lente à ralentir, la partie courte de la courbe pourrait accélérer sa hausse et provoquer un écart nettement supérieur aux 10 bps actuels.
Wall Street commence par applaudir la décision de la Fed mais cela ne dure pas, les indices d’actions terminent leur séance proches de leur plus bas du jour, dans des proportions tout à fait raisonnables ceci-dit. Le marché a deux heures pour digérer le FOMC, ça ne suffit manifestement pas, les géants de la tech sont partagés, Apple est recherchée, Nvidia est délaissée, les petites capitalisations (RTY) tirent leur épingle du jeu et parviennent à garder la tête hors de l’eau à la cloche. L’indice S&P500 équipondéré (SPW) fait une nouvelle fois un peu mieux que le SPX, aucun dommage technique particulier n’est à signaler sur les indices, la volatilité remonte légèrement, le VIX gagne 3,5% à 18,23, Jerome Powell aurait probablement signé les yeux fermés pour une réaction aussi molle. Le Dollar Index (DXY) tente un rebond mais revient rapidement à la raison, ce matin il traite à 100,66, tout près de son support de 100,61. La paire EUR/USD évolue à 1,1143, prochaine résistance à 1,1155. L’or reprend des couleurs, l’once progresse à 2579 dollars, le pétrole s’éloigne un peu des 70 dollars le baril de WTI Light Crude, ce matin à 71,37 dollars.
On le sait, la nuit porte conseil. Ce matin le monde de la finance se réveille avec appétit au risque renforcé, les indices d’actions asiatiques ont lancé la charge, l’Europe et le future SPX suivent le mouvement, même le Bitcoin est de la partie.
La Banque d'Angleterre maintiendra probablement son taux directeur à 5% aujourd'hui, après la réduction du mois dernier. Andrew Bailey pourrait faire allusion à une réduction en novembre, mais il est peu probable qu'il soutienne l'idée qu'un rythme plus rapide est nécessaire, selon l’agence Bloomberg.
Kamala Harris devance Donald Trump de 50% à 48% dans un sondage de Fox News. Elle est également en tête en Pennsylvanie et dans le Michigan, selon un sondage Quinnipiac. Donald Trump se rendra à Springfield, dans l'Ohio, dans les prochaines semaines (on se demande bien ce qu’il y mangera).
Au menu macro-économique du jour, la Banque d'Angleterre communiquera sa politique de taux à 13h00. Aux Etats-Unis, les nouvelles demandes d'allocations-chômage et les perspectives d'affaires de la Fed de Philadelphie seront disponibles à 14h30, tandis que les ventes de logements existants et l'indice avancé seront publiés à 16h00.
Les ventes de voitures neuves dans l'UE ont chuté de 18,3% en août, atteignant leur niveau le plus bas depuis trois ans. Volkswagen et SAIC veulent fermer une usine en Chine. Roche revendique un succès contre la transmission du virus de la grippe. T-Mobile US prévoit un flux de trésorerie disponible ajusté de 19 milliards de dollars en 2027. Microsoft évite l'examen antitrust de l'UE pour l'acquisition des actifs d'Inflection AI. Boeing met temporairement au chômage technique un grand nombre de cadres américains. Par ailleurs, le loueur d'avions chinois CDBFL commande 50 avions 737 MAX. Lockheed Martin obtient un contrat de la NASA pour le GeoXO Lightning Mapper (cartographie de la foudre). Analog Devices et le groupe Tata en pourparlers pour fabriquer des semi-conducteurs en Inde.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en nette hausse. Tokyo gagne 2,13% à la cloche, Hong Kong progresse de 2,06%, Shanghai avance de 0,69%, Séoul prend 0,21% et le Nifty50 monte de 0,35%. Le future SPX gagne 60 points et l’Europe ouvre en progression de 0,9%.