Gonet: l'actualité des marchés au 22 janvier

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +1,05%, S&P 500 +1,23%, Nasdaq +1,70%, Russell +1,08%, SOX +4,02%, Eurostoxx -0,09%, SMI -0,32%.

C’est une fin de semaine plutôt étonnante que Wall Street sort de son chapeau en reléguant (momentanément) le thème de la Fed et ses satanés taux au second plan.

Les statistiques macro-économiques de jeudi sont solides, aux Etats-Unis les demandes hebdomadaires d’allocations chômage chutent lourdement tandis que les permis de construire ressortent nettement plus nombreux que prévu. Rebelote vendredi avec un indice du sentiment des consommateurs mesuré par l’université du Michigan qui explose à la hausse. Pendant ce temps à Davos, les banquiers centraux s’appliquent à calmer les ardeurs du marché en martelant que les taux ne vont pas forcément baisser aussi vite que tout un chacun ne l’espère sur les parquets de trading. Personne ne s’étonne donc de voir le rendement du 10 ans américain remonter (4,13% ce matin, sa moyenne mobile à 200 jours évolue à 4,06% et une death cross est imminente). Les Fed Funds ne sont pas sourds, ils prennent note de la posture un peu plus faucon des membres de la Fed et prévoient désormais 41% de probabilités d’une première baisse de 25 points de base le 20 mars, il y a peu on était au-dessus de 75%. Pour mai le marché s’attend à 78%, puis 95% en juin.

Et donc les marchés d’actions de se replier face à ces vents contraires? Well… pas vraiment. À l’heure où je vous écris ces lignes, les trois principaux indices de Wall Street ont tous clôturé à de nouveaux records historiques. Les T-Shirts sont vendus à la pelle devant le Stock Exchange, c’est la fête à East Village, welcome back au joyeux royaume des actions chers ours, un monde où la logique reste bien souvent au vestiaire, quoi que…

C’est de Hsinchu, Taiwan, qu’est lancé le signal qui réveillera les plus timides des acheteurs. Jeudi Taiwan Semiconductor relève significativement ses prévisions de CAPEX (investissement en capital). Rappelons-nous que cette firme est le premier producteur mondial de puces, elle réveille d’un coup le marché, le fantasme de l’IA reprend corps, voyez par exemple Nvidia qui gagne 4,17% sur la seule séance de vendredi. Le secteur des semi-conducteurs se met en orbite, il décolle de 7,5% sur la semaine, le momentum autour des mastodontes de la tech, des semis et de l’IA revient en force, inarrêtable au demeurant et faisant voler en éclat les positions shorts d’ours bien marris. L’indice S&P500 (SPX) n’avait plus posté de record en clôture depuis deux ans, c’est désormais chose faite vendredi, et dire que le SPX n’est même pas entré en territoire suracheté. Le NDX avait déjà réalisé un nouveau record jeudi, il remet ça et avec la manière vendredi, en faisant voler en éclats le niveau de 17'000 points et en se glissant ceci dit en territoire suracheté. La volatilité recule de 6%, le VIX revient à 13,30, il regarde son principal support à 11,81. Notons des volumes d’échanges en nette reprise sur tous les indices, qui indiquent une bonne participation à la hausse de vendredi.

Sur la semaine les performances boursières divergent grandement selon qu’on se trouve à Hong Kong (-8,7%) ou Philadelphie (SOX +7,5%). L’Europe ne participe pas à la fête, fort dépourvue en valeurs technologiques, l’Eurostoxx50 recule de 0,7% sur 5 séances, tandis que le SPI abandonne 0,8%. Notons enfin que Tokyo ne s’arrête plus, le Nikkei gagne encore 1,8% sur la semaine (plus haut depuis 34 ans). La semaine écoulée marque aussi un net rebond des rendements obligataires, le marché des actions devra bien regarder cette réalité en face d’ici peu, en parallèle le dollar réalise un rebond timide, ce matin la paire EUR/USD traite à 1,0891, sa 200 jours évolue à 1,0846. Le pétrole remonte légèrement, toujours tiraillé. Les tensions en mer Rouge ne faiblissent pas, le dernier rapport de l’agence internationale de l’énergie persiste à envisager une offre abondante cette année, tout en augmentant à nouveau ses attentes quant à la demande mondiale. Le baril de WTI Light Crude traite ce matin à 72,94 dollars. L’or perd 1,7% sur la semaine, pénalisé par le rebond des rendements obligataires et du dollar. L’once traite à 2023 dollars.

Pendant ce temps, à Pékin c’est la soupe à la grimace. L'économie chinoise reste atone, son marché immobilier inquiète, le consommateur ne répond pas présent et le fameux plan massif de soutien à l’économie n’est toujours pas annoncé, du moins pour le moment.

Le secteur du luxe retrouve quelques couleurs, merci Richemont qui annonce la semaine passée une performance meilleure qu’attendu aux Etats-Unis et en Chine, le titre gagne 6% sur la semaine et permet à tout le secteur de respirer quelque peu, place cette semaine à LVMH (jeudi). Chez Puma c’est une autre histoire, l’action perd 11% sur 5 séances, le fabricant d'équipements sportifs allemand est entrainé par Hugo Boss (-13%), qui a fait état d'une rentabilité plus faible que prévu à la fin de l'année 2023. Le contexte actuel n’aide pas les détaillants (inflation, demande en berne, perspectives incertaines). L’action Puma a perdu 30% depuis décembre, elle est de retour quasiment sur son bas du covid, à suivre.

Ron DeSantis se retire de la course à la présidence américaine et se range aux côtés de Donald Trump. Wall Street soutient Nikki Haley avec Stanley Druckenmiller, Henry Kravis, Ken Langone et Cliff Asness qui prévoient une collecte de fonds le 30 janvier.

Benjamin Netanyahu rejette un nouvel accord de prise d'otages avec le Hamas. Alors que les frictions se multiplient, un proche allié de Joe Biden dépeint Netanyahou comme un obstacle à la paix, suggérant sur CNN qu'il a tort de rejeter le mouvement vers un État palestinien.

Des centaines de milliers de manifestants allemands ont envahi les rues au cours du week-end pour s'opposer à l'extrémisme de droite et à la montée de l'AfD. L'élément déclencheur a été l'annonce d'une réunion en novembre au cours de laquelle les dirigeants de l'AfD ont discuté d'un plan d'expulsion des immigrés qui faisait écho aux politiques nazies.

Au menu macro-économique du jour, rien de passionnant à se mettre sous la dent, hormis l'indice des indicateurs avancés aux Etats-Unis, qui n'est pas très suivi (16h00)..

Meta Platforms signe un plus haut historique en bourse. Macy's repousse l'OPA d'Arkhouse à 21 USD par action. Microsoft a subi une cyberattaque de pirates liés à l'Etat russe. United Airlines annule tous ses vols de Boeing B737MAX 9 jusqu'au 26 janvier. Sandoz achète le médicament ophtalmologique Cimerli à Coherus pour 170 millions de dollars. Exxon Mobil assigne deux investisseurs ESG en justice. Chevron vend sa participation majoritaire dans le champ de gaz de schiste de Duvernay au Canada. Inditex va reprendre ses activités au Venezuela. Amer Sports compterait lever 1,8 milliard de dollars dans le cadre de son entrée en bourse.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices reculent à l’exception de Tokyo, que plus rien ne semble capable de freiner et qui progresse de 1,62% à la cloche. Hong Kong perd 2,27%, Shanghai recule de 2,68%, Séoul abandonne 0,34% et le Nifty50 est fermé. Le future SPX gagne 14 points, le future NDX reste bien demandé, il avance de 93 points soit 0,53% et l’Europe gagne 1,1% à l’ouverture.

Les choses sérieuses commence sur le front des résultats trimestriels de sociétés cette semaine. Nous aurons notamment droit à Johnson&Johnson, Netflix, Tesla, ASML, SAP, Visa, LVMH et encore bien d’autres, sans oublier la décision de la banque du Japon, de la BCE, les indicateurs PMIs et l’indice PCE de l’inflation aux Etats-Unis. 

Le franc suisse a cessé de monter depuis quelques séances, contrarié par les propos de Thomas Jordan, le patron de la BNS indiquant avoir remarqué que depuis quelques semaines l’appréciation du CHF était devenue réelle et impactait de ce fait les sociétés exportatrices helvétiques, retour à 0.9466 contre l’euro donc et cassure à la hausse du très important niveau de 0,9410, ça marche aussi contre le billet vert, à suivre de près. 

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