Israël, Gaza: attention aux parallèles historiques

Stéphanie de Torquat, SILEX

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Le Moyen-Orient traverse une crise sans précédent d’un point de vue humain. Les conséquences économiques sont encore incertaines.

Une partie du Moyen-Orient est en feu. D'un point de vue humain, et c'est sans doute par là qu'il faut commencer, les attaques surprises du Hamas contre Israël le 7 octobre dernier sont évidemment sidérantes. En effet, ces événements vont bien au-delà du conflit israélo-palestinien qui dure depuis trois quart de siècle compte-tenu de leurs terribles implications pour les civils, quel que soit le côté de la frontière qu’ils habitent. Ainsi, tout parallèle historique peut s’avérer dangereux, dans la mesure où il risquerait de minimiser l'étendue de la terreur qui règne actuellement sur la région.

Les parallèles historiques sont également tentant d'un point de vue économique, avec cette menace de choc pétrolier dans un contexte d'inflation élevée qui rappelle, bien entendu, les années 1970.

Cela dit, il existe aussi un certain nombre de différences non négligeables, qu’il convient de rappeler. L'impact économique des chocs pétroliers a diminué au cours des dernières décennies avec la baisse de l'intensité énergétique dans les principales économies mondiales. Il est désormais plus «difficile» pour les chocs pétroliers de fortement perturber nos économies. Par ailleurs, les États-Unis sont aujourd’hui globalement indépendants d’un point de vue énergétique, dans la mesure où ils ne sont plus des importateurs nets d’énergie. Leur balance commerciale nette énergétique est neutre.

De toute évidence, si le conflit devait s’étendre et que l'Iran devenait physiquement impliqué, un choc d’offre majeur avec des prix du baril de pétrole grimpant à 150 USD ou plus n'est pas à exclure.

Bien sûr, une hausse des prix du pétrole affecte les agents économiques domestiques de différentes manières. Les ménages sont pénalisés, les compagnies pétrolières en bénéficient. Mais tant que l'impact global est neutre, cet effet peut toujours être – au moins partiellement – atténué.

Enfin, cela fait déjà plus de 18 mois que la Fed mène une lutte acharnée contre l'inflation, la politique monétaire étant actuellement incontestablement restrictive. Donc, même si une prime de risque géopolitique devait maintenir les prix du pétrole dans une zone entre 90 à 100 dollars américains (USD) environ par baril pendant une période prolongée, cela ne modifierait probablement pas de manière significative la trajectoire de l'économie américaine, ou les décisions de sa Réserve Fédérale.

De toute évidence, si le conflit devait s’étendre et que l'Iran devenait physiquement impliqué, un choc d’offre majeur avec des prix du baril de pétrole grimpant à 150 USD ou plus n'est pas à exclure. Il est probable que le gouvernement américain reste particulièrement prudent avec l'Iran pour l'instant, afin d'éviter des conséquences économiques délétères juste avant les élections présidentielles de 2024. Mais le niveau de confiance autour de ce type de prévisions est faible compte tenu de la sensibilité de la situation.

Quoi qu'il en soit, la scène géopolitique mondiale est de plus en plus instable, la Russie, l'Iran et la Chine menaçant toutes un équilibre mondial fragile au moment même où les États-Unis s’apprêtent à jongler avec leurs propres contraintes électorales. D’un point de vue économique, ces événements augmentent les risques d'une inflation plus élevée et d'une croissance plus faible, ce qui pourrait remettre en question les attentes d'atterrissage en douceur, auxquelles une partie des marchés semble adhérer à ce stade.

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