Le saut dans l’IA: le monde d’après est-il déjà là?

Stéphanie de Torquat, SILEX

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Le changement sociétal sera profond, mais attention à la précipitation.

La hausse vertigineuse des valeurs technologiques, particulièrement celles liées à l’intelligence artificielle (IA), explique la vaste majorité de la hausse de l’indice boursier de référence aux États-Unis depuis le début de l’année, le S&P500. Il est rare de voir des performances indicielles si concentrées.

La demande, l’investissement et l’économie sont menacées par la hausse du coût du capital dans le sillage de l’un des cycles de resserrement monétaire les plus agressifs de l’histoire économique américaine, d’où la maigre performance de près de 99% des valeurs du S&P500 en agrégé. Mais «le 1% le plus puissant» de l’indice cette année, une poignée de valeurs technologiques, semble inarrêtable, transmettant un message clair: la révolution technologique de l’IA, dont l’application ChatGPT lancée en fin d’année dernière nous donne un aperçu concret, est en route. Un cap est franchi, le retour en arrière n’est plus à l’ordre du jour.

Le potentiel de l’IA dépasse les limites de l’imagination, et son déploiement ne manquera pas de continuer à fasciner. Il n’est pas impossible que l’intégration de l’IA dans nos vies quotidiennes, personnelles ou professionnelles, ait un impact d’une ampleur comparable à des révolutions historiques telles que la révolution agricole, ou la révolution industrielle. Certaines tâches seront remplacées, partiellement ou totalement, améliorant grandement la productivité, alors que de nouveaux métiers apparaîtront. La voie s’ouvrira à de nouvelles avancées. Les espoirs sont grands dans le domaine de la santé. Certaines maladies pourraient trouver une cure, l’espérance de vie s’allonger, dans de meilleures conditions.

L’IA changera la donne, mais il pourrait s’avérer imprudent de sous-estimer l’ampleur des défis d’intégration et d’implémentation qui nous attendent.

Si nous revenons plus prosaïquement à un horizon de temps court, celui du cycle économique actuel, la question qui se pose en filigrane au vu de la performance des marchés actions est de savoir si cette hausse de la productivité liée à l’IA peut se matérialiser suffisamment rapidement pour «sauver» l’économie d’un ralentissement de fin de cycle?

La raison principale pour laquelle le graal de «l’atterrissage en douceur» est si difficile à atteindre est qu’il nécessiterait de détruire suffisamment de demande pour faire baisser l’inflation de près de 10% à 2% sans entraîner de récession.

Mais, pour limiter la hausse des prix, il y a une alternative à la baisse de la demande, qui serait l’augmentation de l’offre. Celle-ci requerrait soit une augmentation du nombre de travailleurs, soit de leur productivité, ou une combinaison des deux. Alors que la première option semble difficile compte-tenu du vieillissement démographique, l’IA va probablement conduire à un boom de productivité.

À quel horizon de temps?

Les progrès semblent exponentiels, perception qui vient probablement du fait que l’IA est apparue soudainement dans notre quotidien. Ils sont en réalité le résultat de décennies de recherche.

L’IA changera la donne, mais il pourrait s’avérer imprudent de sous-estimer l’ampleur des défis d’intégration et d’implémentation qui nous attendent, les problématiques complexes de régulation, et les questions éthiques qui se profilent. Les sociétés auront besoin de temps pour «absorber» ces nouvelles technologiques qui impliquent de nouvelles façons de travailler, de penser, d’interagir, et qui poseront des questions potentiellement très profondes sur ce vers quoi nous souhaitons tendre.

Les probabilités ont bougé. Mais la dynamique de ralentissement de fin de cycle pourrait malgré tout s’avérer assez traditionnelle.

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