Gonet: l'actualité des marchés au 4 décembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,82%, S&P 500 +0,59%, Nasdaq +0,55%, Russell +2,96%, SOX +0,37%, Eurostoxx +0,82%, SMI +0,30%.

On le sait bien, Wall Street anticipe toujours tout longtemps à l’avance. Il semble bien que le père Noël soit déjà passé par Downtown Manhattan, du moins si l’on regarde dans le rétroviseur et que l’on admire considère novembre. Comment ne pas se dire que nous venons de traverser un mois littéralement extra-ordinaire? Les étoiles se sont rarement aussi bien alignées en faveur des taureaux que ces dernières semaines, Nouriel Roubini ne semble pas prêt de réinvestir les plateaux de télévision. Les indices d’actions ont fortement progressé, les marchés prenant graduellement conscience que l’inflation est réellement en train de mettre un genou à terre aux Etats-Unis et tout un chacun d’en conclure que la Fed ne peut plus maintenir sa politique monétaire restrictive en l’état. En parallèle, le scénario d’un atterrissage en douceur de la première économie du monde prend de plus en plus forme, la saison 3 des résultats de sociétés s’est plutôt bien passée et le pétrole nous fait l’amitié de ne plus grimper, ce qui alimente encore un peu plus l’optimisme des partisans de la désinflation.

La semaine passée ne fait pas exception, les marchés saluent la poursuite de la décélération de l’inflation aux Etats-Unis, mais aussi en Europe, ce qui était moins attendu. Grosse cerise sur le gâteau des taureaux, le patron de la Fed Jerome Powell s’exprime vendredi, rappelons-nous que c’est le dernier discours d’un membre de la Réserve Fédérale avant le 13 décembre (la période de black-out a débuté). Alors personne n’est étonné qu’Oncle Jay continue de se poser en père Fouras de la politique monétaire américaine et maintienne un discours ferme quant à la suite des événements, en prévenant que le temps n’est pas forcément venu de baisser les taux. Mais le boss de la finance mondiale ajoute cette phrase qui fait toute la différence. Il déclare que «la politique monétaire est désormais bien installée en territoire restrictif». Et voilà, Jerome Powell semble avoir entamé le processus de rhétorique colombe, il ne désavoue pas Christopher Waller, qui avait prononcé le mot «baisse» plus tôt dans la semaine et laisse clairement comprendre que le pic de taux est atteint. Il n’en faut pas plus au marché pour faire des plans sur la comète et prévoir désormais la première baisse de taux pour le mois de mars (60%), tout cela va très vite. Pour le FOMC de mai, les attentes sont de 86%.

En résumé, le ciel des taureaux est bleu azur ce matin: décrue de l’inflation + baisse de taux imminentes + atterrissage en douceur de la croissance économique + redémarrage en vue.

Les rendements obligataires US ne se font pas prier pour reculer encore un peu plus. Le 2 ans recule à 4,60%, il a désormais cassé sa moyenne mobile à 200 jours qui évolue à 4,66% et regarde 4,50%. Le 10 ans traite ce matin à 4,25%, prochain support 4,15%, puis 4,01% (200 jours). L’impact sur les indices d’actions est visible, tous les indices poursuivent leur ascension avec une mention spéciale au Russell2000 (RTY), qui surperforme nettement ses pairs et gagne près de 3% sur la seule séance de vendredi. Le RTY a massivement sous-performé le reste de la cote en 2023, il bénéficie désormais d’un retour des investisseurs, aussi rassurés par le recul des taux obligataires, les petites et moyennes entreprises sont en besoin de financement quasi permanent. Techniquement, le RTY casse sa 200 et sa 100 jours, il regarde désormais le niveau de 1900 points, puis 1916 pts, clôture vendredi à 1862 pts, un niveau de résistance (retracement Fibonnacci). L’indice S&P500 (SPX) clôture à 4594 points, tout près de son top de l’année (4607 pts). Le Nasdaq100 (NDX) n’est pas suracheté, c’est à noter. En Europe, le Stoxx 600 est à 6 points de sa résistance de 472 pts.

La volatilité recule encore, le VIX perd 2% à 12,63, prochain support 11,75.

Du côté des monnaies, le Dollar Index (DXY) tente un rebond mais est maintenu en respect par sa moyenne mobile à 200 jours (103,43 contre la 200 dma à 103,57). La paire EUR/USD recule à 1,0871 ce qui pourrait sembler étonnant après le discours de Powell, on aurait pu s’attendre à un repli du billet vert, sauf que l’inflation européenne en plus fort recul que prévu est passée par là, le marché s’attend que la BCE reste restrictive moins longtemps que prévu.

Au final, le SPX et le NDX sont à moins de 5% de leurs records historiques, en Europe le CAC40 en est à 3%.

L’OPEP+ a attiré l’attention des investisseurs la semaine passée, le cartel élargi s’est réuni jeudi pour fixer les objectifs de production de 2024. Initialement prévue la semaine dernière, la réunion avait été reportée en raison de désaccords entre certains pays au sujet des quotas de production. Ainsi, après de longues négociations, le chef de file de l’organisation élargie, l’Arabie Saoudite, est parvenu à mobiliser ses alliés autour de nouvelles mesures de réduction de la production. Dans un communiqué, l’OPEP a détaillé les réductions de ses membres: 1 million pour l’Arabie Saoudite, 500’000 pour la Russie, 223’000 pour l’Irak, 163’000 pour les Emirats Arabes Unis, 135’000 pour le Koweït. Le baril a peu réagi, les intervenants semblent ne pas croire à l’implémentation réelle de ces annonces, le WTI Light Crude traite ce matin à 73,31 dollars, sa 200 jours se situe à 78,08 dollars, son prochain support à 72,16 dollars.

Et que dire de l’or, qui se met en mode Space X et vient casser son plus haut historique en séance ce matin très tôt (peu après minuit CET). Cette  incursion dans la stratosphère ne dure guère, l’once atteint brièvement 2135 dollars pour revenir actuellement à 2064 dollars, le vrai niveau de résistance se situe à 2070 dollars (top en séance du 8 mars 2022). La raison de la forte hausse de la relique barbare est à chercher dans les anticipations de baisses de taux, qui diminuent de facto le coût d’opportunité de détenir du métal jaune. La faiblesse du dollar ces dernières semaines a également joué un rôle.

Et pendant ce temps-là, le franc suisse se rapproche de son support contre euro (0,9410 – 0,9417), cours actuel 0,9493. La force du CHF est peut-être à expliquer par les attentes de politique monétaire plus détendue de la Fed et de la BCE, alors que la BNS n’y est peut-être pas encore.

Israël élargit son offensive à Gaza et conseille aux habitants d’évacuer les lieux alors que les frappes aériennes touchent des zones où pourraient se trouver des dirigeants du Hamas. Pendant ce temps, un navire de la marine américaine répond à une vague d’attaques de drones et de missiles contre des navires commerciaux opérant en mer Rouge. Les États-Unis exhortent Israël à créer des zones de sécurité pour les civils palestiniens en fuite. Israël retire des représentants des pourparlers de trêve au Qatar. Al Jazeera fait état de 10 morts et de plus de 100 blessés lors d’une frappe aérienne dans le quartier Al-Geneina de la ville frontalière de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza. L’information n’a pas pu être vérifiée. La Maison Blanche s’efforce de relancer les négociations sur la libération des otages, déclare le porte-parole John Kirby.

Au menu macro-économique du jour, les commandes de biens durables d’octobre aux Etats-Unis sont prévues à 16h00.

Roche s’offre Carmot Therapeutics pour un montant pouvant aller jusqu’à 3,1 milliards de dollars. La firme bâloise revient dans le business GLP-1, Vontobel réitère sa recommandation d’achat sur le nom.  Uber, Jabil et Builders FirstSource intègrent le S&P500. UBS va développer sa présence sur le marché américain. Amazon a commandé trois lancement SpaceX pour des capacités très haut débit. L’US Air Force a éliminé Boeing de la compétition pour le développement de son futur bombardier nucléaire, laissant Sierra Nevada seule en lice. AstraZeneca a signé un accord de 247 M$ avec la société américaine d’intelligence artificielle Absci pour concevoir un anticorps destiné à lutter contre le cancer. China Evergrande gagnent plus de 9% après qu’un tribunal de Hong Kong a reporté une nouvelle fois sa décision sur la liquidation du promoteur immobilier.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse à l’exception de Séoul, qui progresse de 0,4%. Tokyo rend 0,6% à la cloche, Hong Kong perd 1,09% et Shanghai recule de 0,29%. Le future SPX rend 13 points et l’Europe ouvre en léger repli. On reprend donc son souffle sur les parquets de trading, cette semaine l’agenda sera dominé par le rapport américain sur l’emploi vendredi. Nous suivrons aussi les indicateurs chinois PMIs et de l’inflation. Pas grand-chose à se mettre sous la dent sur le front des résultats de sociétés, si ce n’est Broadcom et Lululemon.

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