J’ai connu un ours un jour…

C’est une semaine passée calme et écourtée que vit Wall Street, Thanksgiving oblige. Cela n’empêche pas la belle tendance haussière en place de poursuivre son chemin, l’appétit croissant au risque est alimenté par la tendance à la désinflation, la conviction montante d’un atterrissage en douceur de l’économie américaine et de taux d’intérêts de la Fed à leur apogée. Peu de nouvelles macro-économiques à se mettre sous la dent la semaine dernière, la volatilité en profite pour discrètement tirer sa révérence, l’indice VIX abandonne 10% et clôture vendredi à 12,46, casse son support de 12,68 et ose désormais envisager 11,75 (le bas en séance du 17 janvier 2020, ensuite en mars le niveau était quelque peu différent, cela avait fait toussoter les bourses…). Les intervenants semblent de plus en plus serein sur les parquets de trading, il faut dire que calendrier leur est favorable. Il reste aux indices 4 séances avant d’entamer le mois de décembre, historiquement le moins dangereux de l’année (69 hausses contre 26 baisses ces 95 dernières années). Et que dire de novembre? Qui voit l’indice S&P500 (SPX) progresser de 8,72% alors que le Nasdaq Composite avance de 10,89%.

En observant le comportement des différents secteurs de la cote américaine, on réalise que les mastodontes de la tech, les «7 magnifiques», se portent toujours bien. On note en parallèle que la hausse est en train de s’élargir à d’autres valeurs / capitalisations, en résumé l’armée est en train de rejoindre les généraux sur la colline, ce qui ne peut pas faire de mal n’est-il pas? A ce propos, l’indice Russell2000 (RTY) des petites capitalisations américaines surperforme ses grands-frères la semaine passée, à suivre de près. La séance de vendredi est calme et soporifique, il semble que Wall Street ait déménagé dans les Hamptons, les rendements obligataires font du surplace, le 10 ans US traite ce matin à 4,48%, il voit son principal support à 4,35% (moyenne mobile à 100 jours) et sa résistance à 4,63% (50 jours). On notera que le SPX se rapproche de son top en séance du 27 juillet (4559 pts à la cloche contre le top à 4607 pts). En Europe le Stoxx 600 (SXXP) a cassé sa 200 jours, il peut désormais lorgner vers 470 points, 10 pts au-dessus de son niveau actuel. Le SMI s’attaque quant à lui à sa 100 jours.

On retiendra notamment de la semaine écoulée qu’il y a de l’eau dans le gaz au sein de l’OPEP+. Des désaccord apparaissent au grand jour qui forcent l’institution à reporter sa réunion initialement agendée à hier. La nouvelle date est fixée au 30 novembre et à distance, bonjour l’ambiance. Le baril de WTI Light Crude n’apprécie guère et recule de 1,2% sur la semaine, il traite ce matin à 74,79 dollars et teste son support de 75 dollars, le prochain niveau se situe à 72,16 dollars. Et que dire de l’or qui tente de casser les 2'000 dollars par once ce matin même, apparemment porté par les anticipations de baisses de taux dans le marché. Si la cassure se confirme, la relique barbare regardera ensuite la zone 2050 dollars - 2063 dollars. Cours actuel 2012 dollars.

Dernier mais pas le pire, le dollar semble sur le point de mettre  un genou à terre. Le Dollar Index (DXY) a testé sa moyenne mobile à 200 jours six séances durant, pour finalement glisser en-dessous vendredi, sans rebondir aucunement ce matin. Niveau actuel 103,29 contre la 200 dma à 103,61. Le prochain niveau se situe à 103,46 (50% de retracement Fibonnacci de la hausse de 99,58 à 107,34), ensuite ce sera 103,17. La paire EUR/USD remonte du coup à 1,0946, elle regarde encore et toujours 1,1000 comme principale résistance à traverser.

Et c’est parti pour une semaine de folie sur les marchés! …Ou pas… Au programme de la semaine, nous regarderons surtout l'inflation préliminaire allemande de novembre, qui sera publiée mercredi, puis celle de la zone euro, jeudi. L'inflation PCE aux Etats-Unis suivra elle aussi jeudi. Elle mesure les prix réellement payés par les consommateurs et est très suivie par la Fed. Enfin, dans la nuit de mercredi à jeudi, les indicateurs PMI chinois de novembre pourraient apporter leur lot de surprises (ou pas).

Rishi Sunak nie que ses plans économiques sont sur le point d'entraîner une nouvelle vague d'austérité au Royaume-Uni. Dans une interview accordée à Bloomberg TV, il ajoute que les prochaines élections générales ne sont pas une priorité pour lui à l'heure actuelle, refusant de commenter le calendrier alors que les spéculations vont bon train sur un éventuel scrutin en mai.

Israël et le Hamas indiquent que le cessez-le-feu à Gaza pourrait être prolongé au-delà d'aujourd'hui pour permettre la libération d'autres otages et prisonniers. Joe Biden soutient cette idée, affirmant qu'elle permettrait également l'acheminement d'une aide indispensable à Gaza. Au total, 58 otages et 117 prisonniers palestiniens ont été libérés jusqu'à présent. Une fillette américaine de quatre ans, dont les parents ont été tués lors de l'attaque terroriste du 7 octobre, figure parmi les personnes libérées hier. La marine américaine a libéré un chimiquier lié à Israël dans le golfe d'Aden.

La Russie est la cible de la plus importante attaque de drones depuis des mois, un jour après avoir tiré sur l'Ukraine le barrage de drones le plus important depuis le début de la guerre qui dure depuis 22 mois. Le ministère russe de la défense indique que 24 drones ont été abattus dans au moins quatre régions, dont Moscou.

À la rubrique «je dépense donc je suis», les acheteurs du Black Friday ont dépensé un montant record de 9,8 milliards de dollars en ligne aux États-Unis, selon Adobe Analytics. Les ventes en ligne ont augmenté de 7,5% par rapport à l'année dernière, stimulées par la demande d'appareils électroniques, de smartwatches, de téléviseurs et d'équipements audio. Les consommateurs ont privilégié les options d'achat immédiat et de paiement différé.

Au chapitre «m’en fiche, suis trop vieux pour ça», Joe Biden ne participera pas à la COP28, selon le New York Times. Des dirigeants et des responsables de plus de 200 pays sont attendus au sommet américain sur le climat qui s'ouvrira jeudi à Dubaï. Un responsable de la Maison Blanche ne donne pas la raison de l'absence de Joe Biden, mais des collaborateurs font allusion au fait que le président consacre du temps au conflit entre Israël et le Hamas, selon le NYT.

Au menu macro-économique du jour, les chiffres de l'immobilier neuf aux Etats-Unis en octobre seront connus à 16h00.

Novo Nordisk étudie des options de tarification flexibles avec les systèmes de santé, pour améliorer la diffusion du Wegovy auprès des patients obèses. Julius Bär a une exposition de 606 millions d’euros à un «conglomérat européen» dont tout le monde comprend qu'il s'agit de Signa. Uniper doit payer 550 millions d’euros à un fournisseur européen de gaz naturel liquéfié, après une sentence arbitrale défavorable sur un contrat conclu avant la scission du groupe en 2016. Lloyds Banking pourrait lancer un plan social pour réduire ses coûts, selon le Guardian HSBC a rétabli les services de ses clients britanniques après une vaste panne.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en légère baisse. Tokyo abandonne 0,53% à la cloche, Hong Kong perd 0,18%, Shanghai rend 0,30% et Séoul recule de 0,04%. Le future SPX perd 10 points et l’Europe ouvre en repli de 0,1%. Le moins que l’on puisse dire est que tout cela ne démarre pas vraiment sur les chapeaux de roues…

Le Wall Street Journal distribue leur cadeau de Noël aux taureaux un peu en avance en publiant un long article dont le titre dit tout à lui seul: «Les investisseurs sont avides de risques et détiennent des sommes record en cash».