Gonet: l'actualité des marchés au 21 novembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

5 minutes de lecture

Dow +0,58%, S&P 500 +0,74%, Nasdaq +1,13%, Russell +0,52%, SOX +1,52%, Eurostoxx +0,04%, SMI +0,03%.

Avant de vous narrer l’histoire d’une espèce animale portée disparue, si nous allions voir ce qui se passe du côté des feux de l’amour une fois n’est pas coutume?

Alors voilà, ceux d’entre vous qui ont vu l’excellente série «Succession» ne seront pas étonnés d’apprendre que, pour d’obscures raisons, Sam se fait virer de son poste de CEO d’OpenAI le weekend passé. Le board, tout content de sa décision, engage Emmett, le désormais ancien patron de Twitch, comme CEO ad interim. Sam a beau tenter de revenir à la maison pendant le weekend, le méchant board lui oppose porte close, mais c’était sans compter sans Satya, qui décide dimanche d’engager Sam et son ami Greg (le président d’OpenAI qui a démissionné pour protester contre l’éviction de Sam) afin de renforcer la team IA de Microsoft (Satya a déjà investi plusieurs milliards de dollars dans OpenAI). Pendant ce temps-là, 500 des 700 employés d’OpenAI signent une lettre qui dit au board qu’ils n’hésiteront pas à rejoindre Sam chez Satya si on ne leur rend pas leur Sam adoré. Ce matin on apprend que Satya n’est pas contre un retour de Sam à OpenAI, il semble que ce dernier soit ouvert à l’idée, les membres du board doivent commencer à se faire quelques soucis, comment donc peuvent-ils rester en place après une telle bourde? Il parait qu’ils ont approché Anthropic en vue d’une éventuelle fusion, ça sent la fuite en avant à plein nez. De son côté, Marc (le CEO de Salesforce) tente de faire du shopping à bon compte en offrant d’engager les déserteurs potentiels d’OpenAI.

Que nous apprend cette histoire? Well.. Et bien il semble que tout le monde aime Sam. Ceci dit, on réalise en observant ce vaudeville l’importance croissante que revêt l’intelligence artificielle dans le modèle d’affaires des firmes technologiques, c’est une guerre ouverte qui se déroule sous nos yeux, il semble que les belligérants ne soient pas disposés à faire de prisonniers. Cela devrait peut-être aussi nous réveiller, nous utilisateurs quotidiens de technologie, consciemment ou pas. Qui d’entre nous maitrise l’utilisation de l’IA? Le Temps nous suggère ce matin d’aller sur des plateformes telles que Chat GPT et de les utiliser, en ajoutant que des tutos existent sur internet pour apprendre à poser les bonnes questions à ces outils partis pour rester parmi nous sur la durée. Si comme moi vous disposez d’ados à demeure, c’est encore mieux.

Mais revenons à nos moutons, ou plutôt nos ours, dont plus grand monde ne semble avoir de nouvelles. C’est une journée calme et sereine que vivent les marchés d’actions en ce lundi. Les investisseurs restent tout ébaubis à l’idée que la Fed soit sur le point d’infléchir sa politique monétaire dans un futur plus ou moins proche. À ce propos, quelqu’un me demandait hier quand la Fed va débuter son cycle de baisses de taux. Tout d’abord je n’en ai aucune idée (le marché pense au 1er mai 2024), mais en y réfléchissant à deux fois, je me dis que c’est surtout la conviction que cela va se produire qui compte pour les intervenants, le timing revêt probablement moins d’importance, même s’il compte bien évidemment. Au-delà de la politique monétaire de la Réserve Fédérale, la bonne tenue des résultats de sociétés aide aussi la psyché générale et le feuilleton autour de Sam Altman et OpenAI porte Microsoft à un plus haut historique en séance, et toutes les actions liées à l’IA de se mettre à frémir à nouveau, Nvidia en tête, qui publie ses trimestriels ce soir après la cloche du NYSE. Ajoutez à ce joyeux cocktail l’annonce par l’agence Bloomberg que Pékin serait en train de préparer une liste de 50 promoteurs immobiliers susceptibles de recevoir un soutien financier afin d’éviter un effondrement de ce secteur ô combien important pour la deuxième économie du monde, et vous obtenez un long fleuve tranquille pour les taureaux.

L’indice S&P500 (SPX) s’approche à grand pas de son plus haut de l’année, il clôture à 4547 points contre un top en séance du 27 juillet à 4607 pts. Il entre en territoire suracheté mais, que voulez-vous, on n’a rien sans rien et cette configuration peut tout à fait durer un moment sans forcément déclencher de consolidation. Le podium du jour se compose de la tech, des services de communications et de l’immobilier, ce dernier secteur applaudit des deux mains le repli des rendements obligataires, le 10 ans revient à 4,38%. Une vente aux enchères d'obligations du Trésor américain arrivant à échéance dans 20 ans suscite une forte demande de la part des investisseurs, ce qui indique que le marché est de plus en plus à l’aise à l'idée de détenir des titres d'État à plus long terme. Le Nasdaq100 (NDX) casse son top de l’année à la cloche, il entre aussi en territoire légèrement suracheté. Le prochain objectif technique de l’indice devient de facto son top historique, atteint le 22 novembre 2021 à 16764 points contre un niveau actuel de 16027 pts. Le Russell2000 (RTY) suit ses grands-frères à son rythme, il regarde sa prochaine résistance à 1824 points (200 jours) contre une clôture à 1807 pts. La volatilité recule encore un chouia, le VIX perd 2,8%, clôture à 13,41 et regarde 12,68 comme son principal support.

Le dollar est ostracisé par des investisseurs dont l’appétit au risque grandit chaque jour un peu plus. Le Dollar Index (DXY) casse sa moyenne mobile à 200 jours à la baisse, il voit désormais son prochain support à 102,00 contre un niveau actuel à 103,28%. La paire EUR/USD grimpe à 1,0957, sa prochaine résistance se situe à 1,1000. A noter la force du yen depuis 5 séances, qui est revenu de 151,91 le 13 novembre à 147,21 contre dollar ce matin. Le pétrole se stabilise à 77,46 dollars le baril de WTI Light Crude, il voit sa résistance à 78,20 dollars. L’or profite de la faiblesse du billet vert pour s’approcher des 2'000 dollars par once (1992 dollars en ce moment), c’est à suivre de près, cette résistance semble solide.

En Europe, l’indice Stoxx Europe 600 (SXXP) tente en ce moment-même de casser sa moyenne mobile à 200 jours, elle évolue à 455,98 pts contre un niveau actuel de 456,27 pts.

Le gouverneur de la Banque d’Angleterre Andrew Bailey avertit que les taux britanniques pourraient devoir augmenter à nouveau et que les coûts de l'alimentation et de l'énergie restent un risque à la hausse pour les perspectives d'inflation. La banque centrale hongroise devrait réduire son taux directeur de 75 points de base à 11,5% aujourd'hui, en résistant aux pressions du gouvernement en faveur d'une décision plus importante.

L'UE s'apprête à placer la France sur sa liste de surveillance budgétaire, car le pays risque de ne pas respecter les directives budgétaires de l'Union, selon l’agence Bloomberg. L'Allemagne et l'Italie seraient considérées comme ne respectant pas totalement les règles dans le rapport qui doit être publié aujourd'hui. L’Allemagne, habituée à faire la morale à tout un chacun à ce sujet, pourrait faire partie du lot.

Le chef du Hamas, Ismail Haniyeh, déclare que son groupe est sur le point de conclure un «accord de trêve» dans le cadre de pourparlers avec le Qatar et Israël, qui ouvrirait la voie à la libération de certains otages détenus par les militants.

Au menu macro-économique du jour, après les statistiques européennes sur les immatriculations de véhicules neufs en octobre (sortis en hausse de 14,6% contre 9,2% en septembre), place aux Etats-Unis à l'indice de la Fed de Chicago (14h30) et aux chiffres de l'immobilier ancien (16h00). À 20 heures seront publiées les minutes de la dernière réunion de la Fed.

Sonova revoit en baisse ses prévisions annuelles. Zoom Video reste stable après ses trimestriels. L'UAW déclare que 64% des travailleurs de General Motors, Ford et Stellantis ont voté pour la ratification de nouveaux contrats. Le CEO de Microsoft estime que la gouvernance de l'OpenAI doit changer, quelle que soit la destination d'Altman. AstraZeneca lance une entreprise de technologies de la santé baptisée Evinova. Orsted annonce que le projet éolien offshore South Fork de l'Etat de New York est équipé de la première de ses 12 turbines. Permira allège ses positions dans TeamViewer. TSMC envisage une troisième usine au Japon. Rome cède 25% du capital de la banque Banca Monte dei Paschi di Siena sur les marchés pour 920 M€.

Allez, un peu d’indicateurs internes de marché, que vous aimez tant. Si l'on remonte jusqu’à 1962, il y a eu 39 occasions où le SPX a enregistré hausses de 9% ou plus sur trois semaines, ce qui vient donc de se produire à nouveau. Après ces trois semaines de hausse, l'indice a continué à progresser en moyenne sur des périodes d'une, deux, trois, quatre et huit semaines. Les gains du SPX semblent augmenter avec le temps ; l'indice affiche en moyenne un gain de 1,83% un mois plus tard, et de 3,91% après deux mois. Ne tirez pas sur le messager svp, il s’agit ici de relater l’histoire et non d’émettre une recommandation.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en léger repli à l’exception de Séoul qui progresse de 0,77% à la cloche. Tokyo égare 0,1%, Hong Kong rend 0,25% et Shanghai perd 0,01%. Le future SPX rend 3 points et l’Europe ouvre autour de l’équilibre. Rappelez-vous que la semaine de trading se termine virtuellement demain soir, ensuite ce sera Thanksgiving, les indices seront fermés jeudis et ouvriront pour une demi-séance vendredi, autant dire que de très nombreux traders vont rester dans les Hamptons pour le long weekend.

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