Gonet: l'actualité des marchés au 1er décembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +1,47%, S&P 500 +0,38%, Nasdaq -0,23%, Russell +0,29%, SOX -0,77%, Eurostoxx +0,27%, SMI +0,48%.

C’est un peu la fête au sud d’East Village hier soir, avec dans le rôle du MC papy Dow Jones, qui se paie une hausse de près de 1.5% sur la séance et termine novembre en fanfare, à son plus haut de l’année et à quasiment mille points de son record historiques, 2.8% petits pourcents du plafond, qui l’eût cru en ce début d’année 2023? On en vient presque à se demander si le vénérable indice n’a pas rendu un dernier hommage à Charlie Munger… Factuellement, la surperformance du Dow d’hier est à mettre au crédit de Salesforce, qui décolle de 9,36% après ses résultats trimestriels impressionnants, et ajoute 142 points au Dow à elle seule du fait de son prix (251,90 dollars). Je vous rappelle que l’ancêtre des indices est calculé selon le prix de ses composants et pas leur capitalisation boursière, une aberration crasse mais passons…United Health et Boeing font le reste du travail et le record de 2023 est effacé.

On redescend sur terre et on y retrouve des marchés occupés à digérer les statistiques macro d’hier, qui montrent que les Américains ont ralenti le rythme de leur consommation en octobre, tandis que la décrue des prix à la consommation s’est poursuivie (indice PCE). Ces données renforcent le scénario d’une Fed moins agressive, voire devenant colombe l’an prochain. Les Fed Funds le remarquent et prévoient désormais 73% de probabilités d’une première baisse de 25 points par la Réserve Fédérale le 12 juin 2024. Les Bons du Trésor US reculent quelque peu, c’est plutôt étonnant à moins que cela illustre que le marché s’était quelque peu laissé aller à quelque exagération ces derniers temps, de plus des niveaux techniques importants sont en jeu, sur le 2 ans US la moyenne mobile à 200 jours se situe à 4,66%, niveau actuel 4,67%, chaud devant! Le 10 ans traite ce matin à 4,33%, sa 100 jours évolue à 4,36%. Le dollar tente de se stabiliser, le Dollar Index (DXY) revient à 103,34 mais reste tenu en respect par sa 200 jours (103,58). La paire EUR/USD se débat entre sa résistance de 1,1000 et son support de 1,0819 (200 dma), niveau actuel 1,0896.

L’indice S&P500 (SPX) progresse légèrement hier, sa volatilité recule quelque peu, le VIX perd 0,5% à 12,92, regardez 12,68, le money time à court terme semble se trouver là. Les mastodontes de la tech boudent encore, tout comme les semi-conducteurs. En revanche l’armée continue de progresser en direction de la colline, comme l’illustre la performance du jour de l’indice Russell2000 (RTY). On fait abstraction de l’or, qui semble figé à 2040 dollars par once, résistance à 2050 dollars, alors que le pétrole ne profite pas longtemps de l’annonce de l’OPEP+ d’une réduction de production supplémentaire, on n’y croit pas dans les salles de marchés, et le baril de WTI Light  Crude de tendre un fort joli bull trap, de tester sa 200 jours en séance d’hier pour être renvoyé dans les cordes sans ménagement, niveau actuel 75,93 dollars contre la 200 dma à 78,10 dollars, manifestement le niveau à casser pour espérer regarder vers le nord à nouveau.

Pour mémoire, la performance de novembre des principaux indices américains est la meilleure en plus d’un an, les obligations ne sont pas en reste d’ailleurs, qui nous envoient des signaux de plus en plus en plus forts de type: «dernier appel pour tout investisseur sous-investi dans notre classe d’actifs, nous offrons actuellement des rendements qui, il y a un an, relevaient du fantasme, on vous aura prévenus».

John Williams, président de la Banque fédérale de réserve de New York, déclare que, bien qu'il pense que l'inflation finira par diminuer pour atteindre l'objectif de 2% de la banque centrale, il n'est pas encore prêt à relâcher l'emprise de la Fed sur l'économie. Merci pour ces propos John, on va désormais se concentrer sur ceux du patron, le boss, le chef d’orchestre Jay Powell, qui prend la parole à partir de 17h00 CET, c’est ballot, tout un chacun sera en mode départ en weekend de notre côté de l’Atlantique… Ceci dit, la question à mille milliards de dollars est de savoir si Oncle Jay fera écho aux propos de Christopher Waller qui, un peu plus tôt dans la semaine, a osé prononcer le mot tabou, celui qui commence par un «b» et se termine par «aisse». C’est un numéro d’équilibriste auquel le patron de la finance mondiale va se livrer car dès demain, les banquiers centraux américains entrent en période dite de «black out». En gros, il doivent se taire jusqu’au 13 décembre, date de leur dernière réunion de l’année.

L'inflation dans la zone euro surprend à la baisse pour le troisième mois consécutif.

Israël a repris les combats contre le Hamas à Gaza après que l'armée a déclaré que le groupe avait violé les termes du cessez-le-feu en tirant en direction de son territoire. Des avions de combat ont frappé des cibles à Gaza, a indiqué l'armée. Aucune annonce n'a été faite par le Qatar, principal médiateur dans les négociations, alors que la date limite de la trêve d'une semaine a pris fin.

Les actifs des fonds monétaires américains ont atteint un nouveau record, avec environ 73 milliards de dollars de flux entrants au cours de la semaine du 29 novembre, selon les données de l'Investment Company Institute. Il s'agit de l'afflux hebdomadaire le plus important depuis que les défaillances du système bancaire américain ont poussé les déposants à quitter les banques en mars. Le total des actifs est passé de 5763 milliards de dollars la semaine précédente à 5836 milliards de dollars.

S&P a prévu une mise à jour de la note de crédit de la France aujourd'hui, et le pays pourrait avoir du mal à rester à AA avec sa dette bloquée à environ 110% du PIB. Un changement marquerait une nouvelle évolution du paysage budgétaire européen, les investisseurs récompensant l'Irlande, le Portugal et la Grèce pour avoir réduit leur dette. Fitch a déjà abaissé la note de la France à AA- en avril.

Au menu macro-économique du jour, des PMIs un peu partout avec notamment la Chine, qui repasse au-dessus de 50 sur la partie manufacturière, une bonne nouvelle. Nous aurons droit au PMI de la France (9h50), de l'Allemagne (9h55), de la zone euro (10h00) et du Royaume-Uni (10h30), avant celui des Etats-Unis à 15h45. Outre-Atlantique, le marché attend aussi les dépenses de construction et l'ISM manufacturier (16h00).

Nelson Peltz reprend son offensive contre Walt Disney, qui annonce la reprise du versement de ses dividendes au titre du semestre en cours. Meta intente une action en justice contre les autorités de régulation américaines. Tesla va proposer une entrée de gamme à 61’000 USD pour son Cybertruck, commercialisé en 2025. Lufthansa dépose sa demande de feu vert à la Commission européenne pour l'achat d'une participation dans ITA Airways. Lloyds envisage une offre d'achat sur l'activité bancaire de Tesco. Intesa affirme qu'elle satisfait aisément aux exigences de fonds propres fixées par la Banque centrale européenne. Vail Resorts met un pied en Europe en rachetant les remontées de Crans-Montana. Alibaba fait l'objet d'une rare révision à la baisse de la part de Morgan Stanley, et la banque désigne PDD comme son meilleur choix dans le secteur du commerce électronique en Chine.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse, hormis Shanghai qui grappille 0,06%. Tokyo recule de 0,17% à la cloche, Hong Kong abandonne 1,14% et Séoul perd 1,19%. Le future SPX traite à l’équilibre et l’Europe ouvre en hausse de 0,4%.

Chers ours, je vous souhaite la bienvenue en décembre, historiquement le meilleur mois de l’année pour les actions (et pour les vendeurs de sapins).

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