L’accalmie avant le test

Axel Botte, Ostrum AM

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Les marchés respirent, mais la détente reste fragile face aux risques tarifaires, géopolitiques et financiers persistants.

©Keystone

 

L’accalmie sur les marchés est bienvenue. Les marchés de taux et de crédit se détendent et la volatilité des actions se réduit quelque peu malgré l’incertitude persistante sur la situation géopolitique internationale et l’effet des mesures tarifaires.

Un calme précaire s’est emparé des marchés. Le Japon et les Etats-Unis ont entamé des discussions et la Chine pose ses conditions au dialogue (respect, Taiwan) tout en cherchant à rassembler la famille asiatique face à la politique commerciale américaine. L’Europe étudie des mesures ciblées, et renoue le dialogue avec les Etats-Unis que la question ukrainienne. Ces signaux d’apaisement ne sauraient totalement occulter les risques opérationnels et financiers associés aux taxes douanières. La logistique chinoise s’adapte, mais globalement les commandes de cargos ont plongé. Si les stocks constitués permettent une visibilité de quelques semaines sur la production, des pénuries devraient réapparaitre rapidement.

L’enquête manufacturière de la Fed de Philadelphie se dégrade fortement en avril (-26,4 après +12,5 en mars). La baisse des commandes se conjugue avec la hausse des coûts. En Chine, la croissance du premier trimestre s’avère plus forte qu’attendu (+5,4% sur un an). La consommation des ménages ressort à 5,9% et la production industrielle s’accélère (+7,7% en mars) avec la demande d’exportations, motrice du rebond de l’activité. L’investissement logement reste en contraction de 10% par rapport à 2024 en revanche l’investissement direct étranger en Chine s’améliore. Le raffermissement de la consommation est bienvenu alors que la Chine cherche à rééquilibrer sa croissance. Le taux de change du yuan se stabilise désormais autour de 7,30 contre dollar.

Marchés en répit, mais risques toujours présents

Sur les marchés financiers, le 10 ans américain revient de 4,55% à 4,32% environ en clôture jeudi dernier. Jerome Powell s’attire l’ire de Donald Trump en pointant les risques de sa politique tarifaire en matière d’activité et d’inflation. Le choc de prix inquiète les consommateurs mais devrait s’avérer secondaire par rapport à la croissance et l’emploi. En outre, la stabilité financière est une condition sine qua non de l’atteinte des objectifs macroéconomiques. En conséquence, la pente de la courbe des taux américains continue de s’accentuer. Le spread 5-30 ans s’élargit de 15pb en quatre séances. Les volumes sont naturellement réduits en amont du weekend pascal. Les adjudications du Trésor (20 ans, TIPS 5 ans) ont été correctement absorbées par le marché. Les prochaines transactions sur les maturités de 2 à 7 ans constitueront un nouveau test de l’appétit des investisseurs pour la dette américaine. Le Bund fait figure de valeur refuge.

La baisse des taux de la BCE renforce la pression baissière d’autant que Christine Lagarde prend quelque distance avec le concept de neutralité des taux d’intérêt. La BCE n’exclut rien compte tenu des risques conjoncturels. Le Bund s’échange sous 2,50%. L’action des prix est également favorable à la dette souveraine. L’OAT se traite à un spread de 77pb contre Bund alors que le BTP revient sous le seuil de 120pb. L’inflation semble sous-estimée avec des points morts à 2 ans sous 1,50%. Le crédit se détend, notamment les indices synthétiques qui profitent d’une volatilité actions en repli. Les marchés d’actions se redressent en Europe (+3/4%) malgré le recul de la technologie (ASML, restrictions d’exportations sur Nvidia). Les pétrolières retrouvent des couleurs et les financières reprennent leur marche en avant.

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