Inflation, un léger mieux…
Mais le problème n’est plus là! La semaine passée aurait dû être marquée par les publications des indices CPI et PPI aux Etats-Unis. Si un léger mieux a été constaté avec des baisses très légèrement plus fortes que ce que les marchés anticipaient, force est de constater que ce sont les craintes de récession qui leur ont volé la vedette. Le CPI a été publié à 2,8% annualisé et 3,1% pour le Core tandis que le PPI est ressorti à respectivement 3,2% pour l’indice principal et 3,4% pour le Core le lendemain. Tous ces chiffres s’affichent à 0,1% de moins que ce que le consensus attendait. A priori, il s’agit d’une plutôt bonne nouvelle sauf que les marchés, depuis une quinzaine de jours, ont la tête ailleurs.
La récession fait son grand retour. Les plus audacieux tentent même de nous expliquer que c’est intentionnel de la part du président Trump. Or, toutes les statistiques et tous les indicateurs avancés classiques d’un prochain basculement en récession sont formels: rien de tel n’est aujourd’hui envisageable. Ce sont des arguments factuels irréfutables. Dont acte. Ce qui l’est un peu moins et qui nous permet de douter, c’est le poids des statistiques de confiance. Si la confiance s’érode, l’activité économique diminue, les particuliers freinent leurs dépenses de consommation et la croissance pique du nez. L’ampleur de la chute déclencherait ou déclenchera soit un hard landing soit une récession.
Les craintes de récession, alimentées par des statistiques de sentiment de plus en plus mauvaises peuvent à terme la déclencher.
Les indices de confiance de l’Université du Michigan ont donc fait l’effet d’une douche froide. L’indice principal est passé de 64,7 à 57,9 alors que les marchés attendaient une légère baisse à 63. Encore plus inquiétant pour les mois qui viennent, la composante «expectations» s’est effondrée de pratiquement dix points, passant de 64 à 54,2 (on attendait également 63). Il n’y a donc clairement pas de récession en vue si l’on s’en tient uniquement aux statistiques d’activité. Mais les craintes de récession, alimentées par des statistiques de sentiment de plus en plus mauvaises peuvent à terme la déclencher. Un seul mot, ou plutôt un seul nom, peut briser net cette spirale négative et sans surprise, il s’agit de «Trump». Quelques renoncements sur certains volets de sa politique suffiraient mais ce qui réussira à le convaincre, ce sera certainement une véritable correction de Wall Street qui convaincrait ses plus fervents partisans que «enough is enough».
On en oublierait presque le FOMC demain
Dans ce contexte, la Fed va devoir jouer une partition très spéciale. Le Maestro Powell sera attendu au tournant puisque le statuquo sur le niveau des taux est quasiment assuré. Ce sera donc dans les commentaires et les décisions annexes que nous essaierons de trouver de quoi éclaircir notre horizon. Nous avons déjà exprimé notre conviction que le programme de Quantitative Tightening est en train de vivre ses derniers jours. Jerome Powell confirmera ou non nos attentes mais il ne pourra guère éviter d’évoquer ce sujet peu important aux yeux du grand public mais terriblement capital pour les marchés et leur évolution dans les mois qui viennent.
Le 10 ans US navigue autour de 4,25%. Il est donc clairement sorti de la fourchette 4,4%-4,6% à l’intérieur de laquelle nous pensions qu’il resterait en cette première moitié d’année. Cela dit, seulement 15 points de base le séparent du point bas de notre fourchette alors que le sujet numéro un est devenu le retour possible de la récession. C’est donc «peu cher payé» en quelque sorte et dans des marchés qui peuvent se focaliser rapidement sur d’autres centres d’intérêt nous restons circonspects et neutres. Nous n’attendons rien de spectaculaire du FOMC de demain soir mais pour répondre à la question suggérée par le titre de cette chronique, un meeting de la Fed n’est jamais anodin et ne sert jamais à rien. Presque paradoxalement, nous serons d’autant plus attentifs aux moindres faits et gestes de Jerome Powell.
Terminons par un teaser pour la chronique de mardi prochain. Les taux allemands méritent toute notre attention mais notre intuition nous suggère d’investiguer du côté des taux réels plutôt que de celui des taux nominaux. Cette intuition est-elle justifiée? Rendez-vous mardi prochain!