
Tout au long du mois de février, les marchés ont été confrontés à plusieurs éléments défavorables, notamment les menaces de droits de douane incessantes de l’administration Trump, les craintes quant aux perspectives de l’intelligence artificielle (IA), le spectre de la stagflation et les tensions géopolitiques persistantes.
La menace des droits de douane et leur implémentation
L’implémentation des droits de douane est sans doute une préoccupation constante pour les investisseurs. Début février, Donald Trump a annoncé des droits de douane de 25% sur les importations en provenance du Canada et du Mexique, ainsi que des droits de douane de 10% sur les importations chinoises.
Ces droits de douane sont bel et bien entrés en vigueur le 4 mars avec, en outre, un nouveau prélèvement supplémentaire de 10% sur les produits chinois. Les droits de douane sur l’acier et l’aluminium ont également été portés à 25%, un taux qui entrera en vigueur à la mi-mars.
Le président des Etats-Unis a également demandé à son administration d’évaluer l’instauration de droits de douane réciproques sur les produits de pays qui ont mis en place des barrières commerciales contre les produits américains.
Les craintes dans le domaine de l’IA
L’inquiétude des investisseurs quant aux perspectives des géants technologiques américains face au lancement en janvier d’un modèle d’IA moins coûteux développé par la start-up chinoise DeepSeek a resurgi au cours de la deuxième quinzaine de février.
A l’occasion de ses résultats trimestriels, NVIDIA a fait état d’une prévision de marge brute plus faible que prévu, qui a éclipsé une prévision de chiffre d’affaires par ailleurs réjouissante.
L’indice FANG+, qui suit la performance des dix valeurs technologiques américaines les plus négociées, a terminé le mois en baisse de 4,9%, interrompant ainsi une série de cinq mois consécutifs dans le vert.
Le spectre de la stagflation
Le spectre de la stagflation, de l’inflation persistante et du ralentissement de la croissance économique a également resurgi. En effet, les données publiées récemment ont révélé une baisse inattendue des dépenses de consommation aux Etats-Unis en janvier, tandis que le moral des ménages est tombé à son plus bas niveau depuis quinze mois en février, selon l’enquête de l’Université du Michigan.
Par ailleurs, l’indice des prix à la consommation (IPC) a enregistré en janvier sa plus forte progression mensuelle depuis 2023. Dans ces conditions, la Réserve fédérale américaine (Fed) pourrait avoir du mal à ramener l’inflation vers son objectif de 2%. D’ailleurs, dans le procès-verbal de la réunion de politique générale de la Fed de janvier, il est noté que la politique de l’administration Trump en matière de commerce et d’immigration pourrait freiner la décrue de l’inflation.
Les tensions géopolitiques persistantes
L’actualité a été tout aussi chargée sur le front géopolitique. Le président Trump s’est concentré sur la négociation d’un cessez-le-feu entre l’Ukraine et la Russie.
Toutefois, la situation a pris une tournure inattendue lorsque la visite du président ukrainien Volodymyr Zelensky à Washington le 28 février, qui devait aboutir à la conclusion d’un accord sur l’exploitation conjointe des ressources minières de l’Ukraine, s’est soldée par un désaccord public aboutissant à la suspension du soutien des Etats-Unis à l’effort de guerre de l’Ukraine.
L’optimisme est de mise
Malgré ces défis, on peut rester optimiste pour l’économie américaine. Les dernières données relatives à l’indice des dépenses de consommation personnelles (PCE) – le baromètre de l’inflation préféré de la Fed – se sont révélées conformes aux estimations du consensus, ce qui conforte la tendance à la désinflation. Et même si les chiffres de l’IPC en janvier ont été légèrement plus élevés que prévu, l’inflation du coût du logement s’est encore atténuée, ce qui est de bon augure.
En outre, le marché du travail fait toujours preuve de résistance. Les chiffres de l’emploi salarié non agricole en janvier, même s’ils se sont avérés inférieurs aux prévisions, n’ont pas empêché une baisse du taux de chômage. En outre, la révision à la hausse des créations d’emplois en novembre et en décembre témoigne de la bonne santé du marché du travail.
Il convient également de noter que les enquêtes de conjoncture sont moins fiables dans cet environnement. Elles sont influencées par des facteurs tels que la polarisation de la vie politique, les achats à haute fréquence et des taux de réponse plus faibles, d’où la difficulté à identifier des signaux économiques clairs.
Par ailleurs, les résultats d’entreprises au quatrième trimestre 2024 sont de bonne facture, avec une croissance des bénéfices qui devrait ressortir à environ 12% en glissement annuel. NVIDIA a publié des résultats supérieurs aux attentes, avec une progression remarquable de son bénéfice par action en glissement annuel (+70%).
Progression du marché des actions
La volatilité devrait perdurer sur les marchés mais le marché des actions devrait poursuivre sa progression, porté par la bonne tenue de l’économie, par la solide croissance des bénéfices, par les progrès de l’IA et par l’assouplissement graduel de la politique monétaire.
Même si le marché s’est adapté à une baisse des taux directeurs plus lente que l’an dernier, on prévoit un nouvel assouplissement de 50 points de base de la part de la Fed en 2025 car les taux demeurent restrictifs.
Par ailleurs, les droits de douane ne devraient pas freiner outre mesure la croissance économique. Il est probable que l’administration Trump finisse par retirer les mesures susceptibles d’entraîner un regain d’inflation, d’interrompre le cycle d’assouplissement de la Fed et d’enrayer la progression des actions.
Dans ce contexte, on peut recommander trois positionnements aux investisseurs.
- Saisir l’opportunité de l’IA
Après un début d’année 2025 marqué par la volatilité, la saison des résultats du quatrième trimestre a démontré que les fondamentaux de l’IA restent intacts. Le lancement de DeepSeek à la fin du mois de janvier aboutira in fine à une adoption encore plus large de l’IA.
On décèle toujours des opportunités d’investissement d’un bout à l’autre de la chaîne de valeur. La Recherche d’UBS apprécie tout particulièrement les valeurs de l’infrastructure de l’IA qui jouissent d’un fort pouvoir de fixation des prix, ainsi que les mégacapitalisations qui surfent sur l’IA grâce à leurs plateformes et leurs applications. Elle est également d’avis que les entreprises privées innovantes profiteront de cette tendance.
La Recherche d’UBS suggère de profiter des accès de volatilité à court terme imputables à une faiblesse saisonnière ou à la montée des tensions géopolitiques pour constituer une exposition stratégique à l’IA sur le long terme.
- Composer avec le risque politique
La volatilité s’annonce marquée dans les mois à venir car les marchés prennent en compte un éventail plus large de scénarios pour la politique des Etats-Unis. En ce qui concerne les actions, les stratégies de préservation du capital peuvent permettre de gérer les risques baissiers.
En Europe, on identifie diverses entreprises susceptibles de profiter du résultat des législatives allemandes, de l’augmentation des investissements dans la sécurité et de la reconstruction de l’Ukraine, et d’autres susceptibles d’être épargnées par les tensions commerciales.
Les investisseurs seraient bien avisés de gérer avec prudence leur allocation aux obligations à duration longue compte tenu de l’incertitude qui entoure la politique des Etats-Unis. Une position longue sur la paire USDCNY pourrait constituer une couverture efficace contre les risques commerciaux.
En outre, les prix du pétrole pourraient augmenter en cas de durcissement des sanctions américaines. L’or devrait toujours constituer une couverture efficace contre le risque géopolitique et le risque d’inflation.
- Rechercher des revenus durables
Face à la baisse des taux d’intérêt en Europe et aux risques potentiels pour la croissance aux Etats-Unis, les investisseurs qui détiennent des liquidités excédentaires feraient bien de rechercher des sources de revenus plus diversifiées et plus durables.
Les obligations high grade et investment grade présentent un profil risque/rendement séduisant et on table sur une performance comprise entre 5 et 10% pour les obligations à duration moyenne en dollars américains au cours des douze prochains mois. La Recherche d’UBS apprécie les stratégies obligataires diversifiées, les prêts de premier rang (« senior loans ») et la dette non cotée, ainsi que les stratégies sur actions axées sur les valeurs de rendement.
Les investisseurs peuvent également améliorer le rendement de leurs disponibilités en prenant un certain degré de risque de marché ou de crédit ou en faisant des concessions sur la liquidité pour les sommes dont ils n’ont pas besoin pour faire face aux dépenses quotidiennes.