En effet, il a prévenu les dirigeants européens que s’ils ne fabriquaient pas leurs produits aux Etats-Unis, «alors, c’est très simple, [ils devraient] payer des droits de douane».
Incertitude persistante
La question des droits de douane hante de nombreux investisseurs car c’est dans ce domaine que le président Trump a le plus de latitude pour prendre des mesures susceptibles de compromettre le scénario qui fait aujourd’hui consensus, à savoir la poursuite de la croissance et la décrue de l’inflation.
Alors que l’incertitude demeure quant à la tournure des événements, la Recherche d’UBS présente ses derniers scénarios relatifs aux droits de douane et examine leurs répercussions possibles sur ses scénarios d’investissement à plus grande échelle pour l’année à venir, ainsi que les implications pour les investisseurs.
Explication en quatre scénarios.
1. Politique commerciale agressive (probabilité de 50%)
Le taux effectif des droits de douane américains sur les importations en provenance de Chine grimpe progressivement de 11% à l’heure actuelle à 30%, principalement sur les biens industriels et les biens d’équipement.
La Chine réplique mais l’impact sur l’économie américaine est limité étant donné le modeste volume des exportations américaines vers la Chine. En guise de représailles, la Chine pourrait notamment prendre des sanctions à l’encontre d’entreprises américaines, laisser le yuan se déprécier ou encore limiter ses exportations de minerais essentiels.
Les Etats-Unis poursuivent leurs efforts pour protéger et promouvoir leurs intérêts technologiques, y compris dans le domaine des minéraux essentiels. Ils mettent l’accent sur les règles d’origine afin de limiter le transit des marchandises chinoises par le Vietnam, par le Mexique ou par d’autres pays.
Les Etats-Unis imposent des droits de douane sur les automobiles (y compris les voitures électriques) en provenance de l’UE. L’UE prend des mesures de rétorsion.
Pour les investisseurs, le profil risque/rendement des actions semble intéressant, même s’il y aura probablement des accès de volatilité induits par la menace des droits de douane.
2. Politique commerciale très agressive (25%)
Des droits de douane universels de 10 à 20% sont instaurés sur toutes les importations américaines. Un taux de 60% est appliqué aux produits chinois et/ou des droits de douane durablement élevés (25%, par exemple) sont instaurés sur un large éventail de biens en provenance du Canada et du Mexique.
La justice américaine rejette les recours intentés pour contester l’autorité du président s’agissant de l’instauration de droits de douane universels. Des mesures de rétorsion sont prises partout dans le monde.
3. Politique commerciale modérée (15%)
Les Etats-Unis temporisent face à la Chine et réexaminent la phase 1 de l’accord commercial conclu lors du premier mandat de Donald Trump. Certaines restrictions à l’exportation et des droits de douane ciblés sont instaurés sur des biens technologiques et sur les articles importants pour la sécurité économique et nationale.
Les Etats-Unis jouent la carte de l’escalade éphémère avec les pays signataires de l’USMCA (accord commercial entre les Etats-Unis, le Mexique et le Canada) et d’autres pays alliés, la plupart des différends étant tranchés sans maintien durable des droits de douane. L’accord USMCA fait l’objet d’un réexamen en 2026.
4. Politique commerciale très modérée (10%)
Les Etats-Unis parviennent à un accord avec la Chine qui prévoit des droits de douane très limités et qui privilégie les quotas d’achats pour parvenir à une balance commerciale équilibrée.
Solide croissance malgré des droits de douane
Ces scénarios relatifs aux droits de douane sont un facteur déterminant pour les scénarios d’investissement à plus grande échelle. Le scénario le plus probable (50%) est, sans doute, celui d’une solide croissance économique en dépit des droits de douane.
A l’heure actuelle, l’économie américaine connaît une belle dynamique de croissance. La Réserve fédérale américaine (Fed) devrait baisser ses taux d’intérêt de 50 points de base en 2025 et l’impact macroéconomique global d’un taux effectif de 30% sur les importations directes en provenance de Chine devrait être limité.
Progression des actions américaines
Pour les investisseurs, le profil risque/rendement des actions semble intéressant, même s’il y aura probablement des accès de volatilité induits par la menace des droits de douane. On table sur une progression d’environ 8% pour les actions américaines d’ici la fin 2025 grâce à une solide croissance économique, à la belle dynamique durable et évolutive de l’intelligence artificielle, ainsi qu’à une diminution progressive des rendements obligataires.
L’optimisme est de mise pour les obligations high grade et investment grade. Dans le scénario de base de la Recherche d’UBS, le rendement des bons du Trésor américain à dix ans tombe à 4,0% d’ici à la fin 2025 sur fond de ralentissement progressif de la croissance et de l’inflation et de baisse des taux de la Fed.
En outre, l’or présente un potentiel de hausse et on soulignera à nouveau l’importance de la diversification.