Feuille de route pour 2025

James Mazeau, UBS Global Wealth Management

3 minutes de lecture

L’enthousiasme des marchés est quelque peu retombé en fin d’année après une belle performance en 2024. Point de situation.

© Keystone

 

En effet, les investisseurs ont revu à la baisse leurs anticipations concernant le rythme de la baisse des taux de la Réserve fédérale américaine (Fed), suite à l’adoption par cette dernière d’un ton plus incisif après sa réunion de décembre.

Le MSCI All Country World et le S&P 500 ont cédé respectivement 1,6% et 2,4% au cours du dernier mois de l’année 2024. Cependant, le gros de ce repli est intervenu lors des trois dernières séances de l’année, lorsque la liquidité était faible.

La belles performances des actions

Malgré le recul enregistré en décembre, les actions mondiales ont rapporté 20,7% sur l’ensemble de l’année 2024. Avec une hausse de 25%, le S&P 500 fait figure de locomotive. D’ailleurs, c’est la deuxième année consécutive que cet indice progresse de plus de 20%. Les actions américaines de grande capitalisation ont enregistré leur meilleure performance sur deux ans au cours de ce siècle. Le S&P 500 a également enregistré son cinquième trimestre consécutif dans le vert.

En Chine, les actions ont enregistré leur première performance annuelle positive depuis 2020 (quasiment +20% pour l’indice MSCI China), portées par l’espoir qu’une politique de relance plus énergique mette fin à une période de croissance poussive. L’optimisme au Japon a alimenté la hausse de ce marché. Et même si l’Europe est restée à la traîne, elle a tout de même terminé l’année dans le vert.

L’or s’est également distingué en 2024. Le métal jaune a progressé de 27,8%, porté par les achats massifs des banques centrales et par la diminution du coût d’opportunité lié à la détention de cet actif non porteur d’intérêts en raison de la baisse des taux américains.

Les obligations à la traîne

Le bilan est plus mitigé pour les obligations. Le rendement des bons du Trésor américain à dix ans a augmenté pour la quatrième année consécutive, ce qui n’était pas arrivé depuis les années 1980. L’indice Bloomberg US Treasury a enregistré une modeste performance (+0,6%), les perspectives de baisse des taux étant compromises par la résistance inattendue de la croissance aux Etats-Unis.

L’indice Bloomberg Pan European Aggregate a progressé de 2,7%. Les obligations investment grade en dollars américains ont progressé de 2% et celles libellées en euros de 4,7%.

La grande question pour les investisseurs est de savoir ce qui les attend désormais. Le mois de décembre a notamment été marqué par la révision à la baisse des anticipations du marché concernant le rythme de l’assouplissement monétaire de la Fed en 2025 face à la posture moins conciliante de cette dernière à l’issue de sa réunion. La prévision médiane des hauts responsables de la Fed est désormais de 50 points de base de baisse des taux, soit moitié moins que prévu précédemment.

Quelles sont les implications clés quant au positionnement des investisseurs pour cette année. Explication en quatre points.

  1. Du côté des obligations
    S’agissant des obligations, la Recherche d’UBS est toujours d’avis que les obligations de premier ordre et investment grade, les stratégies obligataires diversifiées et les stratégies sur actions axées sur les valeurs de rendement sont utiles dans le cadre d’un portefeuille.
    Même si son scénario de base n’envisage plus une nette baisse des taux d’intérêt aux Etats-Unis ou en Suisse en 2025, les rendements obligataires sont attrayants dans l’absolu. En outre, les investisseurs seraient bien avisés de diversifier leurs sources de revenus car les taux au jour le jour pourraient tout de même baisser nettement en cas de faiblesse inattendue des statistiques économiques.
    Dans l’ensemble, même s’il n’est plus aussi urgent de se positionner dans l’optique d’une baisse des taux, il reste primordial pour les investisseurs de faire fructifier les liquidités et de rechercher des revenus durables.
     
  2. Et de celui des actions
    S’agissant des actions américaines, même si la baisse des taux directeurs s’annonce moins marquée, on entrevoit un contexte favorable en raison de la baisse des coûts d’emprunt, de la bonne tenue de l’activité aux Etats-Unis, d’une croissance des bénéfices qui fait tache d’huile, de la poursuite de la monétisation de l’intelligence artificielle et d’un possible regain d’activité sur les marchés des capitaux avec le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche.
    Le S&P 500 devrait atteindre 6600 points d’ici la fin 2025. Les investisseurs sous-exposés peuvent profiter d’éventuelles turbulences à court terme pour renforcer leur allocation aux actions américaines, y compris par le biais de stratégies structurées.
     
  3. En passant par les devises
    S’agissant des devises, on recommandera toujours aux investisseurs de vendre le dollar s’il s’apprécie encore. L’évolution des anticipations concernant la politique de la Fed, ainsi que celle du gouvernement américain, a soutenu le dollar ces dernières semaines et la Recherche d’UBS estime toujours que la monnaie américaine est surévaluée.
    Même si une dépréciation significative à court terme semble improbable, les investisseurs feraient bien de profiter d’une poursuite de l’appréciation du dollar pour se diversifier vers d’autres devises, notamment la livre sterling et le dollar australien.
     
  4. Et pour finir: les matières premières
    S’agissant des matières premières, si la Fed ne baisse ses taux qu’à deux reprises en 2025, on sera probablement amené à tempérer les prévisions concernant la demande d’or émanant des ETF, ce qui limiterait l’ampleur des gains supplémentaires encore prévu pour le métal jaune.
    Toutefois, on notera que les cours de l’or ont fortement augmenté ces dernières années malgré la vigueur du dollar et les taux d’intérêt plus élevés aux Etats-Unis. Cela s’explique, d’une part, par la diversification des réserves des banques centrales et, d’autre part, par le fait que les investisseurs cherchent à se couvrir. Ces tendances devraient perdurer car les incertitudes politiques et géopolitiques persistent, entretenant ainsi l’engouement pour l’or. 

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