
La Banque nationale suisse (BNS) vient de réduire ses taux d'intérêt à 0,5%, d'abaisser ses prévisions d'inflation à 0,3% en 2025 et d'annoncer qu'elle interviendrait sur les marchés des changes «si nécessaire» pour lutter contre les pressions désinflationnistes.
Elle devrait ainsi approcher de la fin de son cycle de réduction des taux (avec une dernière réduction probable à 0,25%). Et bien qu'un retour aux taux d'intérêt négatifs semble peu probable, certains investisseurs pourraient commencer à les considérer comme une option potentielle.
Les investisseurs seraient donc bien avisés d’adapter leurs stratégies pour naviguer dans un environnement de taux bas persistants. Explication en trois points.
- Transférer les liquidités excédentaires vers des actifs générateurs de revenus
Compte tenu de la baisse des rendements des liquidités, les investisseurs devraient explorer des alternatives génératrices de revenus. Les obligations suisses de haute qualité ont généré des rendements de 5,2% depuis janvier 2024 (sur la base des données de l'indice SBI (AAA-BBB)). Et même si les rendements futurs peuvent être modérés, elles offrent toujours plus de valeur que les liquidités, en particulier en cas de ralentissement économique.
Les entreprises helvétiques qui versent des dividendes sont également attrayantes, avec des rendements supérieurs à 3%, plus élevés que les moyennes historiques. Un portefeuille diversifié de ce type d'actions pourrait avoir un rendement proche de 4%, ce qui assurerait un revenu stable.
Les stratégies de vente d'options d'achat couvertes peuvent encore accroître les revenus, en augmentant potentiellement les rendements jusqu'à 7% par an. Toutefois, les investisseurs doivent être prudents et ne pas manquer les gains si les prix des actions augmentent de manière significative.
Les obligations convertibles inversées offrent une autre possibilité de revenu, en combinant les coupons d'obligations avec des primes d'option, ce qui convient à celles et ceux qui sont prêts à acheter des actifs à des prix inférieurs si nécessaire.
- Diversifier l'exposition aux actions
Malgré les inquiétudes liées aux devises, la diversification mondiale a toujours été plus performante qu'une approche basée sur le pays d'origine. Au cours des cinq dernières années, les actions mondiales ont rapporté 82% en dollar et 56% en franc suisse, contre 37% pour les actions suisses en franc (sur la base des données MSCI).
Bien que la Recherche d’UBS apprécie les actions en dollar, elle réitère son opinion selon laquelle le billet vert est susceptible de s'affaiblir à moyen terme. Les investisseurs suisses devraient donc chercher à couvrir leur exposition au dollar, à vendre des dollars excédentaires en cas de hausse ou à utiliser des stratégies structurées pour générer un rendement sur le taux de change USDCHF.
- Envisager des solutions alternatives, y compris l'emprunt
L'ajout d'une exposition aux actifs alternatifs dans un portefeuille bien diversifié peut aider les investisseurs à naviguer dans un contexte changeant, que ce soit par le biais des marchés privés comme nouvelles sources de rendement ou par des fonds spéculatifs faiblement corrélés aux actifs traditionnels pour aider à réduire la volatilité globale du portefeuille. Toutefois, les investisseurs doivent être conscients des risques liés à l'investissement dans les produits alternatifs.
Avec la baisse des taux d'intérêt, l'immobilier suisse peut également présenter des opportunités. Grâce à la baisse des taux hypothécaires, l'achat d'un appartement est à nouveau moins cher que la location. Cette décote de la propriété devrait passer de 6% au troisième trimestre 2024 à 20% à la fin 2025. La Recherche d’UBS prévoit une reprise du marché de l'investissement dans l'immobilier résidentiel, avec une légère appréciation des logements multifamiliaux.
En outre, la baisse des taux d'intérêt peut apporter un soutien supplémentaire aux fonds immobiliers suisses, étant donné que leur attrait par rapport aux obligations helvétiques a de nouveau augmenté. Par conséquent, 2024 devrait être la meilleure année de l'histoire pour les investissements dans les fonds immobiliers suisses. Toutefois, les valorisations sont élevées par rapport aux normes historiques.
Les investisseurs peuvent également envisager des stratégies d'emprunt pour se procurer des liquidités plutôt que de vendre des actifs. Cette stratégie est toutefois risquée, car l'effet de levier peut amplifier à la fois les pertes et les gains.
Les emprunteurs devraient également envisager des options de refinancement lorsque le cycle de réduction des taux s'achèvera en 2025, en mettant en balance les prêts à taux fixe et les prêts à taux variable.