Gonet: l'actualité des marchés au 13 novembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow -0,86%, S&P 500 -0,29%, Nasdaq -0,09%, Russell -1,77%, SOX -0,93%, Eurostoxx -2,25%, SMI -1,6%.

Le monde de la finance est en pleine ébullition depuis une semaine, le retour de qui vous savez aux manettes de la première puissance mondiale, qui plus est avec les pleins pouvoirs (à ce stade les démocrates auraient besoin d’une bonne dizaine de Chuck Norris pour s’emparer de la Chambre des représentants) fait bouger les lignes du marché comme rarement. La première phase post élection semble toucher à sa fin, celle où les esprits animaux prennent le dessus sur le rationnel, en l’occurrence en envoyant les actions américaines et le dollar en orbite, en poussant les rendements obligataires américains à la hausse et en mettant KO les actions européennes tout en renvoyant l’or à l’étage du dessous. On n’oublie pas les crypto-monnaies, bitcoin en tête, qui se mettent en mode Space-X, oncle Donald est leur ami, le monde des cryptos en est tout ébaubi de joie. La première phase semble donc terminée, on se calme quelque peu dans les chaumières financières hier, j’y reviens mais dans un premier temps voyons ce que le principal institut de sondage américain (Bank of America) a à nous dire après avoir interrogé des gérants (post élection) dans le but de cerner leur état d’esprit et leur (nouveau?) positionnement. Les professionnels américains de la finance s’attendent désormais à plus de croissance, mais aussi d’inflation. Ils prévoient des allocations plus élevées dans les actions américains et japonaises, des expositions en hausse dans le secteur de la tech, les petites capitalisations et les obligations à hauts rendements. Leurs plus grandes craintes sont une accélération de l’inflation et une détérioration de la situation géopolitique. Ces messieurs dames sont toujours amoureux des sept magnifiques, ils aiment encore l’or et le dollar. Le Nasdaq reste donc un darling mais il se voit chiper la place de «favori» par le Russell2000 (RTY, les petites capitalisations).

Vous aurez probablement noté que l’Europe ne semble apparaitre nulle part dans les pensées de gérants professionnels, sacrebleu!

Wall Street fait une pause hier, personne ne l’en blâmera après le décollage en bonne et due forme entamé dès la victoire de Donald Trump. On prend des profits dans les petites capitalisations, la remontée assez forte des rendements obligataires calme un peu tout le monde, ce qui n’empêche pas la tech de grappiller du terrain, portée par ses géants, Tesla mise à part qui rend 6,2% après être montée au ciel. Hormis la tech, le podium du jour du SPX se compose des services de communication et des biens de consommation de base. Les indices récupèrent du terrain en fin de séance, la volatilité n’est même pas capable de profiter de ce trou d’air, le VIX recule de 1,7% à 14,71, en revanche le MOVE (volatilité des obligations) remonte de 8,7% à 108,55, cela semble plutôt normal, le rendement du 10 ans US rebondit à 4,44%, il illustre les inquiétudes des intervenants quant à l’inflation et la politique monétaire de la Fed, d’ailleurs les Fed Funds s’attendent désormais à moins de baisses de taux dans un avenir proche, pour le 18 décembre c’est actuellement 62% de probabilités d’une coupe de 0,25%, dans ce contexte la publication cet après-midi à 14h30 de l’indice américain des prix à la consommation sera scrutée sous tous les angles.

Les indicateurs internes de marché envoient des signaux rassurants, notamment sur le Nasdaq, tout en montrant que la pression acheteuse a pris le pas sur la pression vendeuse il y a seulement cinq séances, ce qui contredit assez fermement les vues pessimistes quant au marché américain des actions, à suivre. Je note en parallèle que les investisseurs institutionnels sont en train de rapatrier leurs fonds aux Etats-Unis, les nominations annoncées par le président élu ne laissent pas la place au doute, la position de la nouvelle administration sera sans concession vis-à-vis notamment de la Chine, par exemple dans le dossier des tarifs douaniers.

Attention aux monnaies, le dollar semble dopé à l’EPO depuis une semaine, la paire EUR/USD traite actuellement à 1,0595, elle tente donc de casser un support important à 1,0601, si la tentative est réussie, techniquement on peut viser 1,0500. Il est intéressant de noter que l’once d’or ne baisse pas aujourd’hui malgré la puissance actuelle du billet vert, cours actuel 2603 dollars. Le pétrole pour sa part erre à 68,27 dollars le baril de WTI Light Crude, un peu comme John Snow et son regard de chien battu.

Passons maintenant à la rubrique nécrologique au dossier qui fâche: l’Europe. Les indices d’actions du vieux continent chutent hier, inquiets à la perspective de nouveaux droits de douanes imposés aux partenaires commerciaux des Etats-Unis. Les indices accentuent leurs pertes en fin de séance, la Bourse de Paris chute de 2,69% à la clôture, Francfort de 2,13%, Milan de 2,15% et Londres abandonne 1,22%. En Suisse, le SMI cède 1,60%. Les Américains «ont choisi de faire revenir à la Maison Blanche un homme qui a déclaré, il y a seulement quelques semaines, que l’Union européenne devrait payer un prix fort s’il gagnait», souligne une économiste de BNP Paribas. Donald Trump a prévenu que les droits de douane restaient la pierre angulaire de sa politique commerciale, évoquant l’imposition d’une surtaxe allant de 10 à 20% sur l’ensemble des produits étrangers entrant aux Etats-Unis et a promis d’aller jusqu’à 60% pour ceux provenant de Chine.

Au chapitre macro-économique, la dernière enquête de la Fed de New York sur les attentes des consommateurs montre que les attentes d’inflation à un an ont reculé de 0,1% à 2,9%, tandis que les attentes à plus long terme ont également baissé. L’enquête d’opinion de la Fed auprès des Senior Loan Officer note peu de changement dans les normes de prêt pour les prêts mais une demande un peu plus faible. Thomas Barkin, de la Fed de Richmond, indique que le consommateur est fort mais de plus en plus sensible aux prix, notant que le taux des fonds fédéraux n’est pas synchronisé avec le contexte économique et qu’il doit être recalibré. Neel Kashkari souligne la force de l’économie mais met en garde contre une surprise inflationniste avant décembre qui pourrait influencer les choix politiques de la Fed.

Donald Trump nomme  Elon Musk et Vivek Ramaswamy à la tête d’un nouveau ministère de l’efficacité gouvernementale chargé de démanteler la bureaucratie et de réduire la réglementation. Il nomme l’animateur de Fox News et vétéran de l’armée Pete Hegseth au poste de ministre de la défense et choisit son ancien directeur du renseignement national, John Ratcliffe, pour diriger la CIA. Le président élu nomme par ailleurs Mike Huckabee ambassadeur des États-Unis en Israël et l’investisseur immobilier Steve Witkoff envoyé spécial au Moyen-Orient.

Au menu macro-économique du jour, la production industrielle en Allemagne (11h00) précèdera l’indice des prix à la consommation US (14h30).

Le gendarme espagnol de la concurrence lance une enquête approfondie sur le rachat de Banco de Sabadell par BBVA. Allianz annonce une hausse de 22% de son bénéfice, supérieure aux prévisions, et des perspectives plus favorables. Siemens Energy relève ses perspectives à moyen terme. Alcon augmente son chiffre d’affaires au troisième trimestre, moins que prévu. Volkswagen investit 5,8 milliards de dollars dans une coentreprise avec Rivian. Swisscom fait de nouvelles propositions pour obtenir l’accord de l’Italie sur l’opération Vodafone. Moody’s a relevé la note de crédit de Clariant à «Baa3». Elliott fait pression pour démanteler Honeywell après avoir pris une participation de 5 milliards de dollars. Walt Disney étudie des candidatures externes pour succéder à son CEO Bob Iger, selon le WSJ. Apple prévoit une tablette murale IA en mars, selon Bloomberg. L’action de Samsung Electronics au plus bas depuis plus de quatre ans.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse à l’exception de Shanghai qui progresse de 0,51%. Tokyo perd 1,66% à la cloche, Hong Kong égare 0,08%, Séoul chute de 2,64% et le Nifty50 rend 0,83%. Le future SPX abandonne 13 points et l’Europe ouvre en repli de 0,3%. 

Tout le monde sur le point à 14h30 pour le désormais très attendu CPI américain!

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