Ambiance de fête de la bière munichoise à Wall Street hier, les traders sont euphoriques, Oncle Donald est de retour, il va mettre un terme à la guerre en Ukraine en 24 heures chrono, légaliser la poudre de perlimpinpin et faire remonter les Lakers sur le trône de la NBA (je sais, ce dernier point est véritablement surréaliste).

Les indices Dow Jones, S&P500 (SPX) et Nasdaq100 (NDX) décollent littéralement et atteignent tous trois de nouveaux records historiques à la cloche, dans des volumes d’échanges en forte hausse. Le «Trump trade» fonctionne à merveille, on recherche avidement les bancaires, les matériaux de construction, les médias, les cartes de crédit, les équipementiers énergétiques ou encore les transports. Les géants de la tech ne boudent pas la fête pour la plupart, portés par Tesla qui décolle de 14,75%. Du côté des perdants du jour, on retiendra l’immobilier, les biens de consommation de base et les utilities ainsi que le solaire, les valeurs liées au cuivre, la tech chinoise, les hôpitaux et les défensives. L’appétit au risque est roi hier, un segment de la cote en profite tout particulièrement, les petites capitalisations (Russell2000 – RTY) qui décollent de près de 6% et ne sont plus si éloignées de leur propre record historique. Le RTY est porté par l’espoir de baisses d’impôts promises par le président élu, les PME américaines sont vues comme les principales bénéficiaires des réductions fiscales à venir, ceci alors que les rendements obligataires remontent fortement depuis le 17 septembre (le 10 ans US a gagné 80 points de base sur la période), ce qui devrait normalement pénaliser ces firmes, bien souvent endettées, en croissance et faisant face à d’importants besoins de refinancement. Contre poids de ce phénomène, la Fed et son cycle de baisses de taux qui devrait se poursuivre dès ce soir, les Fed Funds prédisent désormais 99.8% de probabilités que Jerome Powell et ses amis réduisent leur taux directeur de 25  points de base aujourd’hui.

On le sait, la politique que Donald Trump a promis de mettre en place va creuser encore plus le déficit budgétaire des Etats-Unis, c’est cela que le marché obligataire intègre dans les prix depuis quelques jours. L’inflation guette aussi et pourrait revenir très vite parmi nous, ce qui complique significativement la tâche de la Réserve Fédérale. Il sera donc particulièrement intéressant d’entendre ce que son patron a à dire lors de la conférence de presse du jour.

Le SPX clôture à 5929 points, il n’est pas suracheté et le niveau de 6'000 pts tend les bras aux traders, les casquettes et les t-shirts sont déjà imprimés, Santa Donald semble particulièrement en avance cette année. Le NDX n’est pas suracheté non plus, en revanche le RTY le devient hier, rien d’étonnant à cela, l’indice s’étant mis en mode «Space X», on n’a rien sans rien et le fait que le RTY soit en train d’entrer en territoire de surchauffe n’implique en rien qu’il doive forcément rendre les gains tout de suite.

La volatilité du SPX s’effondre hier, le VIX perd 20% à 16,27. La messe est dite à court terme, les structureurs sont envoyés au chômage technique, la poussière de l’incertitude de l’élection est retombée nettement plus rapidement qu’anticipé, le marché en a pris acte. Côté volatilité du marché obligataire, cela se calme légèrement, le MOVE recule de 10% à 117,64, un niveau certes encore élevé mais on prend.

Le dollar évolue ce matin à 1,0762 contre euro, il faut regarder le niveau de 1,0690, c’est probablement son prochain support. L’or fait l’objet de prises de profits hier, l’once recule à 2659 dollars, le niveau de 2639 dollars constitue un support intéressant. Le pétrole stagne à 71,39 dollars le baril de WTI Light Crude, pas grand-chose à dire à son sujet ce matin.

Le marché des actions ressemble de plus en plus au Macumba Night ces temps. On y trouve deux salles, deux ambiances. La première est animée par DJ Elon, on y fait une bringue incroyable, dépensant à crédit comme jamais, pour rembourser on verra plus tard. La seconde salle ressemble à un funérarium, DJ Olaf est aux platines, il passe le Boléro de Ravel en boucle, ça sent la fin du monde à plein nez. D’ailleurs ce matin l’Allemagne se réveille avec une gueule de bois rare, son chancelier vient de licencier le ministre des finances, poussant deux ministres à quitter le gouvernement et faisant éclater la coalition en éclats. Olaf Scholz annonce des élections législatives anticipées pour mars et l’opposition demande désormais qu’un vote de confiance soit effectué la semaine prochaine. Commentaire à chaud d’un de mes amis brokers ce matin: «Enfin! On devrait se réjouir, cette coalition a réussi à détruire en un rien de temps l'industrie automobile, l'industrie des services publics et l'industrie chimique par le biais de ses réglementations excessives». D’ailleurs le DAX gagne 1,1% dans les premiers échanges contre 0,5% de hausse à l’Eurostoxx50. On revient au Macumba Night, hier les actions européennes commencent par emboîter le pas aux futures américains et ouvrent dans d’excellentes dispositions (le CAC 40 gagne 2% à un moment de la matinée), puis tout un chacun se met à cogiter et réalise que Donad Trump et ses velléités protectionnistes pourraient avoir des répercussions importantes sur la croissance du vieux continent, déjà en forme olympique comme nous le savons tous. La pression vendeuse fait donc logiquement son apparition et on assiste à des quasi exécutions sans procès, probablement bien souvent exagérées, l’avenir proche nous le confirmera, ou pas.

Le Stoxx Europe 600 (SXXP) casse sa 200 jours en clôture, le SMI parvient à terminer la séance un petit point au-dessus de la sienne, c’est morne plaine sur la partie technique européenne hier.

Au menu macro-économique du jour, la décision de la Banque d’Angleterre sur ses taux à la mi-journée et celle de la Fed ce soir à 20 heures, dans les deux cas le marché s’attend à 25 bps de baisse. Cerise sur le gâteau, aux Etats-Unis, les nouvelles demandes d'allocations-chômage seront dévoilées à 14h30.

Attentions les vélos! Papy Dow Jones prend un gros coup de jeune ce soir à la cloche, il met Intel au placard, fait un peu de ménage, redécore le tout et accueille Nvidia en grande pompe. 

Zurich Insurance améliore ses primes sur neuf mois. Enel annonce une hausse de son bénéfice et de son chiffre d'affaires au troisième trimestre et mise sur le nucléaire pour la décarbonation.  Rheinmetall réduit ses prévisions de marge d'exploitation malgré des ventes record au troisième trimestre. Swiss Re annonce un bénéfice net de 100 millions de dollars pour le troisième trimestre. Vontobel enregistre une hausse de ses actifs sous gestion au cours des neuf mois de l'année. Apple approche Foxconn Technology pour construire des serveurs d'intelligence artificielle à Taïwan. Qualcomm dépasse ses prévisions pour le quatrième trimestre. Arm réaffirme ses perspectives pour l'exercice 2025. Take-Two Interactive Software réduit sa perte au deuxième trimestre. Les valeurs du cannabis (Canopy Growth, Tilray Brands…) s'effondrent après le rejet par les électeurs de la légalisation de l'usage récréatif de la marijuana dans plusieurs États américains. Nippon Steel revoit à la baisse ses prévisions de bénéfice net pour l'année en cours.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé. Tokyo égare 0,25% en clôture, Hong Kong gagne 2,02%, Shanghai monte de 2,57% (même pas peur de Donald!), Séoul grappille 0,04% et le Nifty50 recule de 1,11%. Le future SPX progresse de 9 points et l’Europe a ouvert en hausse de 0,5%.