Gonet: l'actualité des marchés au 4 novembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,69%, S&P 500 +0,41%, Nasdaq +0,80%, Russell +0,61%, SOX +1,11%, Eurostoxx +1,04%, SMI +1,48%.

Le mois d’octobre boursier ne restera pas dans les mémoires de traders comme un joyeux fleuve tranquille. La semaine passée non plus d’ailleurs, qui voit les indices S&P500 (SPX) et Nasdaq100 (NDX) reculer, la deuxième performance hebdomadaire négative consécutive pour le SPX, le premier repli en 8 semaines pour le NDX. La nervosité a gagné les investisseurs ces derniers temps, quelque peu échaudés par des résultats trimestriels de sociétés un peu moins flamboyants que d’habitude, aux Etats-Unis 70% d’entre elles sont désormais passées par le confessionnal, on réalise que le marché ne pardonne plus grand-chose, les bons élèves sont bien souvent envoyés au coin tandis que les cancres sont sévèrement punis. La proximité de l’élection présidentielle américaine n’est probablement pas étrangère à ce niveau de tension inhabituel dans les salles de marchés, on est bien loin du 20 janvier 1993, lors que George Bush père laissait un aimable mot à Bill Clinton dans le bureau ovale, lui souhaitant bonne chance et montrant un grand respect à son rival qui venait pourtant de le battre dans les urnes. C’est un euphémisme que de dire qu’aujourd’hui cela est légèrement différent, le marché en tous les cas ne semble guère goûter cette escalade de mots affectueux et autres déclarations d’amour. Personne ne peut prédire l’issue de ce scrutin, la volatilité pourrait en bénéficier à court terme et on sait que Wall Street préfère une présidence contrebalancée par au moins  une des deux chambres du congrès, historiquement les meilleures performances du marché américain des actions ont eu lieu lorsque le pouvoir était partagé.

Wall Street récupère vendredi une partie des pertes de jeudi, les indices terminent la séance au plus bas du jour mais la tech les sauve une fois encore, Amazon notamment, qui décolle de 6,2% et compense nettement le repli d’Apple (AAPL -1,16%). Les semi-conducteurs sont recherchés, notamment grâce à Intel (INTC +7,81% après ses trimestriels). En parallèle, on digère le rapport mensuel sur l’emploi aux Etats-Unis, qui montre que la première économie du monde a créé 12'000 postes de travail au mois d’octobre, contre 223'000 en septembre et des attentes de 113'000. Le département américain du travail explique que les grèves dans l’aéronautique et les ouragans récents en sont la cause. Le taux de chômage reste inchangé à 4,1%, le marché n’en prend pas ombrage car globalement les indicateurs macro continuent à plaider en faveur d’un retour progressif à des politiques monétaires plus expansionnistes, par exemple aux Etats-Unis ce matin les Fed Funds prédisent 98% de probabilités que la Fed réduises ses taux de 25 points de base ce jeudi 7 novembre.

La plupart des secteurs du SPX clôturent dans le rouge vendredi, les services publics, l'énergie et l'immobilier enregistrant les pertes les plus importantes du jour. Les secteurs de la consommation discrétionnaire et des technologies de l'information s’opposent à la tendance générale du marché en clôturant la séance à la hausse. Le SPX parvient à rebondir de sa moyenne mobile à 50 jours (5728 points à la cloche contre la 50 dma à 5701 pts). En Europe, le Stoxx Europe 600 (SXXP) et le Swiss Market Index (SMI) récupèrent tous deux leur 200 jours, on prend. La volatilité du marché des actions recule légèrement, tandis que celle des obligations reste très élevée, le MOVE clôture à 132.58.

Ce lundi matin les lignes commencent à bouger, les intervenants ont les yeux rivés sur les sondages de l’élection présidentielle américaine, qui comme tout un chacun le sait sont infaillibles et prédisent systématiquement correctement le vainqueur. Les sondages donc indiquent une avancée de Kamala Harris dans un Etat clé, et le dollar de reculer, le Dollar Index (DXY) recule à 103,81, il tente du coup de casser sa moyenne mobile à 200 jours à la baisse, la paire EUR/USD elle traite à 1,0897, sa 200 jours évolue à 1,0870. Les rendements obligataires se tendent aussi, le 10 ans US décolle brièvement à 4,38% pour revenir actuellement à 4,31%. Un sondage du Des Moines Register indique que Harris dispose d’une avance de 47 – 44% dans l’Iowa, un Etat que Donald Trump a remporté lors de chacune de ses précédentes élections.

Cette semaine qui débute s’annonce donc intense, il est peu probable que nous connaissions le nom du vainqueur de l’élection mercredi matin, la Fed risque de devoir rendre sa décision jeudi «à l’aveugle». En parallèle, les résultats de sociétés vont continuer à tomber, le marché va devoir digérer beaucoup d’informations en même temps, en basketball on appelle cela le money time.

Le pétrole récupère du terrain après que l'OPEP+ a accepté de repousser d'un mois son augmentation de la production de décembre et que l'Iran a intensifié sa rhétorique à l'encontre d'Israël. Téhéran annonce à ses alliés qu'une attaque aurait lieu après le vote américain mais avant l'inauguration de janvier, rapporte le Wall Street Journal. Le baril de WTI Light Crude remonte à 70,83 dollars. L’or est calme ce matin, l’once traite à 2736 dollars.

Au menu macro-économique du jour, on démarre avec les PMI manufacturiers de la France (9h50), de l'Allemagne (9h55) et de la zone euro (10h00). Plus tard, aux Etats-Unis, place aux commandes de biens durables et aux commandes industrielles (16h00). 

La réduction des coûts de Volkswagen est «nécessaire après des décennies de problèmes structurels», selon le CEO à la presse. Le patron de Novartis est «très confiant» en ce qui concerne l'objectif de vente et ne craint pas la perte des brevets. Le bénéfice de Ryanair au premier semestre recule de 18%, mais la faiblesse des prix s'atténue. La compagnie met en garde contre une réduction potentielle des vols au Royaume-Uni en cas de hausse de la taxe sur le transport aérien. Elle revoit en baisse ses projections de trafic de moyen terme à cause des retards de Boeing. Nvidia et The Sherwin-Williams chassent Intel et Dow Inc du Dow Jones à partir du 8 novembre. Les ouvriers grévistes de Boeing sont de nouveau appelés à se prononcer lundi sur un projet d'accord social. Berkshire Hathaway au zénith, après de nouvelles cessions d'Apple et Bank of America. Walt Disney crée une unité commerciale pour coordonner l'utilisation de l'IA et de la réalité augmentée. BYD augmente sa production et ses embauches dans le cadre de la croissance du troisième trimestre. Le patron de Nvidia a demandé à SK Hynix d'avancer de six mois la fourniture de puces HBM4.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en hausse hormis en Inde où le Nifty50 perd 1,77%. Tokyo est fermée, Hong Kong gagne 0,23%, Shanghai avance de 1,17% et Séoul progresse de 1,83%. Le future SPX prend 7 points et l’Europe ouvre autour de l’équilibre.

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