On semble perdre quelque peu ses nerfs Downtown Manhattan, je n’arrive pas à m’enlever de l’idée que le pathétique show médiatique proposé par les deux candidats à la présidence des Etats-Unis y est pour quelque chose, heureusement que ce lamentable barnum se termine, du moins on l’espère, dans cinq jours. Ces deux-là, non contents de dérégler (momentanément) la psyché des marchés financiers par leurs diatribes mutuelles, empêchent le plus grand nombre de se concentrer sur l’essentiel.
La nervosité parvient donc finalement à atteindre les acteurs du marché des actions, le VIX décolle de 14% à 23,16 hier, on assiste à des mouvements plutôt brutaux sur certaines valeurs, bien souvent faisant suite à la publication de leurs résultats. Estée Lauder plonge de 22%, Aptiv chute de 17% et MGM glisse de 11%. On n’oublie pas non plus Super Micro Computer, dont l’action devient de plus en plus micro et chute de 11% hier, mercredi elle s’était déjà effondrée de 37%. Uber n’est pas en reste, qui abandonne 9%, tout comme Regeneron ou eBay (-8%). Et dire que cela ne constitue en quelque sorte qu’une mise en bouche, les acteurs du marché n’ont d’yeux que pour 5 des 7 magnifiques cette semaine, qui passent par le confessionnal des trimestriels. En très bref, Alphabet et Microsoft, c’est bien. Microsoft et Meta, ce n’est pas bien. Apple ne rassure personne, pas bien non plus donc. Gardez-vous de penser que ces géants sont en train de devenir de papier. Ils restent de superbes machines à faire de l’argent. En revanche, on peut probablement dire aujourd’hui que la première vague de l’IA est désormais derrière nous, celle de la découverte, de l’enthousiasme et de la ruée vers l’or numérique qui s’est ensuivi depuis le dernier trimestre de 2022.
L’IA est arrivée dans nos vies et ne va pas en sortir (j’ai demandé son avis à Chat GPT qui est d’accord). En revanche cette petite coquine coûte for cher en recherche. On commence à prendre conscience dans les salles de marchés que des investissements colossaux (un «pognon de dingue», pour citer un ancien homme politique français) s’imposent pour continuer d’avancer sur le chemin de la découverte de cet outil fascinant pour certains, effrayant pour d’autres. Or, le retour sur ces investissements n’est pas prévu pour demain ni précisément quantifié et ça, le marché n’aime pas, mais alors pas du tout. La bonne nouvelle, c’est que malgré sa déception apparente, le joyeux royaume des actions parvient à faire le tri, par exemple en comprenant que les firmes se situant au début de la chaîne (Nvidia et TSMC entre autres) devraient mieux s’en sortir à court terme. Celles capables de transférer des coûts en hausse à leurs clients sont également favorisées (exemple: Amazon). En revanche chez Microsoft c’est une autre histoire, la firme investissait en moyenne 15 milliards de dollars par an depuis 2015. Cette année ce montant passera à 44 milliards, l’an prochain il est estimé à 56 milliards, je vous laisse terminer le raisonnement.
La pression vendeuse reprend ses droits à Wall Street hier. Le breadth (l’écart entre les titres clôturant en hausse par rapport à ceux en baisse) est franchement mauvais, les volume d’échanges augmentent fortement aux Etats-Unis et la configuration technique des principaux indices se détériore. Le S&P500 (SPX) clôture à 5705 points, sa 50 jours est toute proche (@5698 pts). Son alter ego équipondéré (SPW) recule moins (1,1% contre 1,86% au SPX), ce n’est guère étonnant au vu de la débâcle boursière que vit la tech hier, semi-conducteurs en tête. Le Nasdaq100 (NDX) casse les 20'000 points à la cloche, il termine sa journée au plus bas de la session et ne se trouve qu’à quelques encablures de sa 50 jours. Sur le front des petites capitalisations, le Russell2000 (RTY) casse sa 50 jours à la cloche, c’est à suivre. En Europe c’est pire, les indices Stoxx Europe 600 (SXXP) et Swiss Market Index (SMI) ont réussi le tour de force de casser leurs moyennes mobiles à 50, 100 et 200 jours en trois petites séances, chapeau bas sans compter qu’ils sont fort dépourvus en valeurs technologiques…
La volatilité du marché obligataire ne cesse de grimper, le MOVE gagne encore 3,3% hier, il clôture à 135,18, son objectif technique se situe à 141, la nervosité croissante des acteurs de ce segment laisse songeur. Sur le front des monnaies, le dollar subit un trou d’air, le Dollar Index (DXY) traite à 104,00, il joue avec sa 200 jours depuis le 17 octobre tandis que la paire EUR/USD évolue ce matin à 1,0863, elle voit une résistance importante à 1,0870. Le rendement du 10 ans US est plutôt stable, ce matin à 4,29%. Je note au passage que le «earnings yield» du SPX est passé en-dessous du rendement du 10 ans US (3,77% contre 4,29%). On obtient ce rendement en divisant le bénéfice par action moyen des actions de l’indice par le prix moyen de ce dernier, c’est l’inverse du ratio cours/bénéfices (P/E). Le earnings yield est utile à évaluer la valorisation d’un marché, à comparer les actions aux obligations et à suivre la perception dans le marché des risques économiques ainsi que parfois les cycles de marché eux-mêmes. En résumé, cet indicateur permet de prendre le pouls du marché. Son passage récent sous celui du 10 ans US (une première depuis 2002) peut signaler un risque accru pour le marché des actions, j’insiste sur le «peut» car la Fed n’est pas loin qui devrait poursuivre son cycle de baisses de taux dès la semaine prochaine, un facteur de soutien au marché des actions. Quoi qu’il en soit, nous allons continuer de suivre cet indicateur, qui participe peut-être un peu de la faiblesse actuelle des marchés d’actions.
Au chapitre macro-économique de ce jeudi, les demandes initiales d'allocations chômage reculent à nouveau, à 216’000 contre 227’000 pour le consensus. Les demandes continues sont également bien en dessous des attentes, en baisse par rapport au record de trois ans de la semaine dernière. L'indice PCE de base est en ligne à la fois sur une base mensuelle et annualisée. Les dépenses des ménages battent les attentes, tandis que les revenus personnels sont en ligne. L'indice du coût de l'emploi est inférieur au consensus.
En octobre Le SPX a perdu 1%, le Stoxx Europe 600 2,85% et le Hang Seng 3,9%. Le marché le plus chahuté du mois d'octobre 2024 est l'Inde (-6,1%). Notons que le DAX allemand a limité ses pertes à 0,35% malgré la mauvaise passe économique du pays, bien aidé par le retour sur le devant de la scène de SAP.
Elcaircie en vue? L’indicateur PMI manufacturier de Caixin pour la Chine confirme l'indicateur officiel publié la veille: une légère reprise a l'air de se dessiner dans l'industrie. Pékin annonce par ailleurs le premier frémissement haussier des transactions immobilières depuis des lustres. Il faut dire que le gouvernement a sorti la Grosse Bertha ces dernières semaines pour pousser les ménages à se lancer dans un achat.
Dans un registre beaucoup moins glamour, la remontée des coûts d'emprunt britanniques après la présentation du budget travailliste commence à se voir un peu trop et ravive un souvenir douloureux. La ministre britannique des finances s'emploie à apaiser les marchés pour éviter ce que l'on appelle désormais un «moment Truss», c’est-à-dire un risque de déstabilisation systémique brutale du marché des obligations d'Etat britanniques à cause d'un budget mal fagoté.
Le pétrole rebondit à 71,26 dollars le baril de WTI Light Crude près qu'Axios a rapporté que Téhéran prépare une attaque de représailles majeure contre Israël dans les jours à venir.
Au menu macro-économique du jour, aux Etats-Unis, la variation des emplois non agricoles et le taux de chômage d'octobre seront annoncés à 13h30, avant le PMI manufacturier (14h45) et les dépenses de construction et l'ISM manufacturier à (15h00).
Eiffage franchit les seuils de 20% et 25% des droits de vote de Getlink mais n'envisage pas d'en prendre le contrôle.Fitch relève la note d'UniCredit à BBB+. OpenAI lance son propre moteur de recherche internet, concurrent de Google (Alphabet). L'Indonésie interdit la vente des smartphones Google quelques jours après avoir bloqué l'iPhone 16 d'Apple. Ford Motor va réduire les primes de ses cadres à 65%, a appris Reuters. Le groupe suspend la production de son pick-up F150 électrique. Boeing propose désormais aux grévistes une augmentation progressive de salaire de 38%, selon son principal syndicat.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse hormis Hong Kong qui progresse de 0,93%. Tokyo perd 2,63% à la cloche, Shanghai rend 0,24%, Séoul abandonne 0,54% et le Nifty50 est fermé. Le future SPX récupère 17 points et l’Europe ouvre en hausse de 0,6%, on attend de pied ferme la publication du rapport américain sur l’emploi à 13h30.
Ce vendredi 1er novembre est le jour de la Toussaint, demi-séance de trading pour les marchés des actions Suédois et Anglais. Terminons cette chronique par une note d’optimisme, le 1er novembre marque le début de la saisonnalité positive pour détenir des actions.