John Maynard Keynes était un petit filou. On connait l’économiste britannique garant de la pensée que l’Etat doit résoudre les problèmes à court terme et non laisser les forces du marché s’en occuper. On connait moins de lui son côté spéculateur, lui qui semblait si détaché vis-à-vis de l’argent a accumulé une fortune personnelle considérable sa vie durant, jouant avec les monnaies, achetant des actions au son du canon et investissant même dans le marché de l’art. C’est donc un connaisseur qui reprit un jour la notion d’esprits animaux, qui fait référence aux impulsions psychologiques irrationnelles et aux émotions humaines qui influencent les décisions, notamment sur les marchés financiers. Plutôt que de baser leurs décisions uniquement sur des calculs rationnels ou des analyses logiques, les investisseurs sont souvent guidés par des sentiments tels que l'optimisme, la peur ou l'euphorie. Ces esprits animaux peuvent créer des comportements collectifs comme les bulles spéculatives ou les paniques boursières. Par exemple, si les investisseurs ressentent un fort optimisme, ils auront tendance à acheter en masse, ce qui fait monter les prix des actifs, parfois de manière déconnectée des fondamentaux économiques. Inversement, la peur peut déclencher des ventes massives, même si les bases économiques ne justifient pas une telle réaction. Et bien devinez quoi, cette notion est de retour dans les éditos ce matin, je vous laisse deviner si c’est l’optimisme, la peur ou l’euphorie qui prévaut dans les marchés ces jours.
Quelques indices tout de même : depuis le 6 novembre l’indice Russell2000 (RTY, les petites capitalisations boursières américaines) a gagné 7.7%. dans le même temps, le bitcoin a décollé de 29% et Tesla de 39%. Tout un chacun appelle cela le « Trump Trade ». Les esprits chagrins se permettront de préciser que ces mouvements ne reposent sur rien de tangible, on peut cependant comprendre que le RTY soit recherché après l’élection de Donald Trump et dans la perspective de baisses de taux à venir de la Fed, mais près de 8% en quatre séances cela laisse songeur.
En parallèle, il y a le momentum de marché, notamment illustré par le comparaison entre les forces d’achat et de vente (buying pressure vs selling pressure), qui n’a tourné en faveur des acheteur qu’au cours des quatre dernières séances de trading de l’indice S&P500 (SPX). Cela plaide en faveur d’’une continuation de la force actuelle des indices d’actions, dans ce contexte le SPX parvient à clôturer au-dessus de la barre des 6'000 points hier soir et accroche un nouveau record historique à son tableau de chasse, tout comme le Dow Jones et le Nasdaq, le vénérable indice se hissant pour sa part au-dessus des 44'000 points, une première. Les petites capitalisations surperforment la cote, les géants de la tech sont en retrait avec 5 des 7 magnifiques en baisse, Tesla mise à part qui décolle de 9.15% supplémentaires. Les semi-conducteurs font l’objet de prises de bénéfices, on recherche plutôt les financières, l’énergie, les industrielles et la consommation discrétionnaire.
La volatilité des actions ne bouge pas, le VIX est déjà bien bas. Sur la partie obligataire hier est un jour de congé, ce matin le rendement du 10 ans US remonte à 4.36%, on n’oublie pas dans les salles de marchés que la politique sur le point d’être mise en place par Donald Trump pourrait creuser encore plus le déficit budgétaire des Etats-Unis et provoquer un retour de l’inflation, ce qui permet notamment au billet vert de se renforcer, la paire eur/usd revient à 1.0623, regarde un support important à 1.0601 et peut viser 1.0500 si ce niveau ne tient pas, sachant qu’une death cross (la moyenne mobile à 50 jours traverse la 200 jours à la baisse) se profile à un horizon de une à deux semaines.
L’or reste sous pression, l’incertitude liée à l’élection présidentielle américaine ayant disparu. Le dollar fort et les rendements obligataires élevés n’aident pas, l’once évolue à 2601$, sa moyenne mobile à 100 jours évolue à 2538$, probablement un niveau de support à considérer. Le pétrole s’affaiblit une fois de plus, le baril de WTI Light Crude traite à 68.12$.
La Chine envisage de réduire l'une des taxes sur les achats de logements dans les grandes villes, notamment Shanghai et Pékin, à 1%, contre 3% actuellement, selon l’agence Bloomberg.
Donald Trump devrait choisir Marco Rubio comme secrétaire d'État. Mike Waltz, aurait été choisi comme conseiller à la sécurité nationale, les deux hommes sont considérés comme hostiles à la Chine. Lee Zeldin dirigera l'Agence de protection de l'environnement (EPA). Kristi Noem dirigera le département de la sécurité intérieure, selon CNN. Donald Trump Jr. renonce à un poste officiel dans l'administration de son père et rejoindra à la place la société de capital-risque 1789 Capital, selon l’agence Bloomberg.
Au menu macro-économique du jour, la seconde lecture de l'inflation allemande d'octobre (sortie pile en ligne et inchangée). L'indice ZEW de confiance des financiers allemands est pour 11h00.
Moncler n'est pas en pourparlers pour le rachat de Burberry, selon Reuters. Bayer revoit à la baisse ses prévisions de bénéfices d'exploitation. Infineon prévoit un chiffre d'affaires "modéré" pour 2025 après avoir réalisé un chiffre d'affaires conforme aux attentes au quatrième trimestre fiscal. Siemens Energy remporte une commande de 1,3 milliard de dollars pour des éoliennes ScottishPower. Temenos dévoile son nouveau plan stratégique et ses objectifs pour 2028. Le gouvernement italien a approuvé l'investissement potentiel de Lufthansa dans l'entreprise publique ITA Airways. Les actions d'AbbVie plongent après l'échec en phase II de l'Emraclidine contre la schizophrénie. Mattel a accidentellement mis un lien vers un site pornographique sur l'emballage des poupées Wicked. Amazon développe des lunettes de conducteur pour des livraisons plus rapides. Alibaba affirme avoir engrangé un nombre record d'acheteurs pendant la journée des célibataires, qui se tenait hier soir. L'action Nissan bondit de plus de 20% après la prise de participation de l'activiste Effissimo.
Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en baisse. Tokyo rend 0.4% à la cloche, Hong Kong glisse de 2.84%, Shanghai perd 1.39%, Séoul abandonne 1.94% et le Nifty50 recule de 0.73%. Le future SPX rend 6 points et l’Europe ouvre en repli de 0.9%.
Les esprits animaux digèrent le repas gargantuesque entamé le 6 novembre.