Gonet: l'actualité des marchés au 11 novembre

Jean Frédéric Nussbaumer, Gonet & Cie

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Dow +0,59%, S&P 500 +0,38%, Nasdaq +0,09%, Russell +0,71%, SOX -0,81%, Eurostoxx -1,01%, SMI -1%.

Le rideau est retombé sur la semaine boursière écoulée et le constat est sans appel, à ma gauche les Etats-Unis, ceinture rouge, vainqueurs par KO de la vieille Europe, ceinture bleu délavé et en bien piteux état. Le manager de la bourse américaine Don (Trump, pas King) est de retour sur le ring et Wall Street lui fait la fête comme jamais. Au final l’indice S&P500 (SPX) progresse de 4.66% sur la semaine, sa meilleure performance hebdomadaire en une année. Le Nasdaq100 (NDX) s’envole de 5.4%, le Russell2000 (RTY) fait encore mieux et bondit de 8.6%, tout ce beau monde ou presque évolue désormais à des niveaux encore jamais explorés (SPX et NDX). Le RTY y est presque (2399.64 pts à la cloche vendredi contre son plus haut historique à 2458 pts le 8 novembre 2021). En l’état les intervenants du joyeux royaume des actions sont en mode « achetons maintenant, réfléchissons plus tard », un peu comme ces personnes qui achètent une nouvelle voiture bien au-dessus de leurs moyens en prenant un crédit sur 72 mois. Le rideau est retombé, la poussière certainement pas. Le « Trump Trade » fonctionne à plein régime avec en tête de gondole un bitcoin plus en forme que jamais (81'200 dollars ce matin). On observe aussi en engouement notable la semaine passée pour les banques régionales américaines et aussi les opérateurs de prisons…Du côté des prisonniers perdants l’Europe, les énergies renouvelables et le peso mexicain. L’Eurostoxx50 perd 1.5% sur la semaine, le Stoxx Europe 600 rend 0.8%, c’est leur troisième semaine consécutive dans le rouge, pas besoin d’être prix Nobel de finance pour comprendre que le retour de qui vous savez à la Maison-Blanche implique un vieux continent encore plus livré à lui-même que jamais, lui qui semble incapable de s’unifier.

Les actions américaines sont donc euphoriques. En parallèle le dollar et les rendements obligataires grimpent, un phénomène qui n’a rien de surprenant si l’on considère que les impôts devraient baisser aux Etats-Unis et que les droits de douane devraient augmenter, ouvrant la voie à un retour potentiel de dame inflation et à une augmentation du déficit budgétaire des Etats-Unis, déjà béant. Ce scénario pourrait perturber le cycle de baisses de taux de la Fed qui, rappelons-le, a réduit le loyer de l’argent de 25 points de base la semaine passée, en laissant la porte ouverte à une baisse supplémentaire le 18 décembre. Le rendement du 10 ans US traite ce matin à 4.30% (en fait il ne traite pas vraiment, le marché obligataire américain restera fermé de 11 novembre pour le Veterans Day), en deuxième partie de semaine il a atteint 4.48%. La zone 4.46% - 4.55% représente une résistance à ne pas casser, du moins pour éviter que les actions n’en prennent ombrage.

La séance de trading de vendredi est marquée par la poursuite de la chasse aux records, le SPX se hisse au-dessus de la barre des 6'000 points pour la première fois de son histoire (il semble bien loin le niveau de 666 pts atteint le 6 mars 2009 et précédant un rallye sans précédent dans l’histoire de la bourse de New York), pour clôturer à 5995 pts, les t-shirts et les casquettes attendront encore un peu. Au-delà de l’effet Trump, les acteurs du marché ont de bonnes raisons de rester longs les actions, la Fed est colombe et les nouvelles macro-économiques rassurantes, notamment l’indice de confiance des consommateurs américains, qui ressort au plus haut depuis six mois. Les valeurs industrielles sont recherchées: GE Aerospace (+3,33%), Lockheed Martin (+2,31%) ou Honeywell (+0,91%) progressent toutes les trois. Après avoir reculé la veille, les valeurs financières retrouvent des couleurs, à l'image de Goldman Sachs (+1,22%), American Express (+0,27%), JPMorgan Chase (+0,40%) ou Wells Fargo (+0,89%). Tesla décolle de 8,19%. L'action du constructeur automobile, propriété d'Elon Musk, est portée par le soutien affiché par le milliardaire à Donald Trump durant sa campagne, personne ne serait étonné de voir Monsieur Musk nommé ministre de la propagande pédagogie économique par son nouveau meilleur ami. Les grandes capitalisations du secteur technologique marquent une pause, dont les géants des semi-conducteurs. Qualcomm (-1,16%), Micron (-1,33%), Broadcom (-0,09%) et AMD (-1,24%) terminent toutes dans le rouge. Nvidia, qui fait son entrée vendredi dans l'indice Dow Jones, en remplacement de son concurrent Intel (-0,11%), abandonne 0,84%. Les valeurs chinoises cotées à la Bourse de New York perdent du terrain, lestées par les mesures annoncées par le gouvernement chinois pour relancer l'économie du pays, considérées comme décevantes. Les géants du commerce en ligne PDD (-6,40%), Alibaba (-5,94%) et JD.com (-6,99%) décrochent. 

Le SPX et le NDX ne sont pas encore surachetés, contrairement au RTY qui est entré en territoire de surchauffe en fin de semaine passée. Aucune surchauffe à signaler du côté du Stoxx Europe 600 (SXXP), qui se bat avec sa moyenne mobile à 200 jours, il traite actuellement à 510.91 contre la 200 jours à 510.67 pts. La volatilité du SPX recule encore un chouia vendredi, le VIX perd 1.64% et revient à 14.94. Même phénomène sur la volatilité obligataire, le MOVE perd 4% à 99.85. Le dollar reste demandé, le Dollar Index (DXY) traite à 105.27, la paire eur/usd à 1.0692, elle a cassé pas mal de supports en fin de semaine écoulée, le niveau de 1.0500 lui fait les yeux doux, à suivre de près. On jette un œil sur les Fed Funds et, ô surprise ! ils ne prédisent plus que 65% de probabilités d’une baisse de 25 points de base par la Fed le 18 décembre, c’est aussi ça l’effet Trump. Alors bien évidemment, le grand blond sur le retour pourrait être tenté d’intimer l’ordre à Jerome Powell de continuer de baisser ses taux mais on a vu combien le patron de la Réserve Fédérale des Etats-Unis semble motivé à farouchement défendre l’indépendance de son institution lors de la conférence de presse de jeudi soir passé.

Le pétrole semble encore et toujours perdu dans la traduction. Le retour d’une administration favorable aux énergies fossiles n’implique pas un soutien de facto au cours du baril. On peut envisager que la mobilité et la transition énergétique soient ralenties mais en parallèle l’augmentation de la production américaine d’or noir sera probablement facilitée. En l’état l’impact de l’ouragan Rafael (Golfe du Mexique) et l’annonce de l’OPEP+ qu’elle décalera d’un mois l’augmentation de sa production apportent un certain soutien au baril de WTI Light Crude, qui évolue à 70.45$.

L’or fait l’objet de prises de bénéfices après que la pression soit retombée post élection, les craintes de guerre civile ou autre catastrophe s’évaporant d’un coup. La hausse du billet vert et des rendements obligataire s’érige en vent contraire pour la relique barbare, cours actuel 2669 dollars l’once, prochain support 2647$, c’est là que se situe actuellement sa moyenne mobile à 50 jours.

En Chine, les autorités ont annoncé vendredi un programme de 10’000 milliards de yuans, soit environ 1’300 milliards d'euros, qui vise à alléger la pression de la dette des gouvernements locaux. Le marché en voulait apparemment plus. En parallèle, l'inflation chinoise a encore ralenti en octobre et les prix à la production ont continué à plonger. Deux données qui n’augurent pas d’une une reprise économique. Enfin, les investissements étrangers dans le pays ont poursuivi leur repli, signe que les financiers, au-delà d'un effet d'aubaine de court terme lié aux annonces gouvernementales récentes, ne sont pas réellement de retour dans le pays.

Il n’est pas encore en poste mais est déjà aux manettes. Donald Trump doit rencontrer Joe Biden mercredi, il a discuté au téléphone avec Volodymir Zelenski, en présence de sa nouvelle ombre Elon. Le président élu des Etats-Unis a apparemment demandé à Vladimir Poutine de « ne pas aggraver la guerre en Ukraine ». Il a demandé à Robert Lightizer de devenir son responsable du commerce. Au passage il souhaite se passer du Sénat pour effectuer ses nominations et préparerait le retrait des USA de l’accord de Paris, une surprise monumentale. 

Au menu macro-économique du jour, aux Etats-Unis, l'indice du sentiment des consommateurs de l'Université du Michigan (16h00).

Continental AG abaisse ses prévisions annuelles de chiffre d'affaires. ASML étudie les raisons d'une panne informatique mondiale qui a affecté ses activités dans toutes ses installations. IG-Metall demande à la direction de Volkswagen de réduire ses salaires. Tesla dépasse 1000 milliards de dollars de capitalisation pour la première fois depuis 2022. Règlement de comptes familial chez Estée Lauder, selon le WSJ. Boeing serait proche d'un accord de financement pour aider son fournisseur Spirit Aero. Par ailleurs, le groupe pourrait céder sa filiale Jeppesen pour 6 milliards de dollars.  Les Etats-Unis ont ordonné à TSMC d'interrompre les livraisons à la Chine de puces utilisées dans des applications d'intelligence artificielle, selon Reuters. Toyota veut augmenter sa production en Chine dans le cadre d'un changement de stratégie, a appris Reuters. Baidu s'apprête à lancer des lunettes à intelligence artificielle en novembre.

Cette nuit et ce matin en Asie, les indices traitent en ordre dispersé, Tokyo grappille 0.08% à la cloche, Hong Kong rend 1.45%, Shanghai gagne 0.51%, Séoul rend 1.15% et le Nifty50 traite à l’équilibre. Le future SPX progresse de 18 points et l’Europe ouvre en hausse de 1.2%. 

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