Gestion de portefeuille: le syndrome du gardien de but

John Plassard, Mirabaud & Cie

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Pour naviguer dans un marché potentiellement volatil, il est préférable de maintenir ses positions tout en diversifiant les placements pour se prémunir contre les rotations sectorielles.

Alors que le championnat de football a repris, il est fascinant de s’attarder sur les similitudes constatées entre un gardien de but en situation de penalty et le gestionnaire d’un portefeuille d’actions…surtout lorsque les marchés se font plus volatils. L’investisseur doit-il donc rester statique?

Et si la probabilité de succès en ne faisant rien était équivalente à celle d’agir?

Une étude publiée par le MPRA nous révèle des constats surprenants à partir de l’analyse de près de 300 penaltys à travers différents championnats et pays. D’après elle, les portiers plongent à gauche ou à droite dans près de 94% des cas, laissant seulement 6% des tirs sans intervention en restant au centre, espérant que le ballon irait tout droit.

Les statistiques montrent que les tireurs visent à droite dans 39,2% des cas, à gauche dans 32,2% des cas et au centre dans les 28,7% restants. En termes de probabilités d’arrêt, il apparaît que rester immobile offre presque autant de chances de succès (60 %) que de plonger d’un côté. Cette observation s’applique étonnamment bien aux marchés financiers.

Il convient souvent de ne pas bouger quand l’orage gronde

Fort de ces enseignements footballistiques, on peut faire un parallèle intéressant avec les marchés financiers lorsque les incertitudes surviennent, comme cela a été le cas durant l’année 2024 et pourrait être encore le cas l’année prochaine. En effet, comme au football, l’immobilisme peut constituer la meilleure stratégie: il est souvent plus sage de ne pas réagir impulsivement aux fluctuations du marché. L’histoire récente, notamment la crise sanitaire de 2020, montre que les marchés peuvent rapidement rebondir après des chocs majeurs. Le S&P 500, par exemple, a récupéré ses pertes en seulement six mois.

La Bank of America a quantifié les sommes que les investisseurs pourraient perdre (ou ne pas gagner) en essayant d’anticiper les hausses et les baisses du marché. En examinant près de 100 ans de données (depuis 1930), la Bank of America a constaté que manquer les 10 meilleurs jours du S&P 500 de chaque décennie aurait réduit le rendement total à 28 %, contre 17 715 % pour ceux qui sont restés investis en permanence, à travers les hauts et les bas du marché. Ces chiffres soulignent l’importance de la constance et de la patience en bourse.

Football et gestion de portefeuille: que faut-il retenir?

Nous pouvons tirer trois grandes leçons de ces constats. En premier lieu, essayer à tout prix de prédire lorsqu’un secteur, un indice ou une valeur est au plus haut (ou au plus bas) constitue une erreur. La conviction dans la stratégie d’investissement doit primer sur la volonté d’atteindre un niveau magique.

Dans un second temps, il apparaît essentiel de se concentrer sur les secteurs et non sur les marchés. En effet, c’est sur les sous-secteurs des indices qu’il faut se focaliser et non sur l’indice en lui-même. L’exemple le plus criant est celui de la différence de performance boursière entre le secteur du pétrole et de la technologie depuis 2008.

Enfin, l’histoire montre qu’il vaut mieux rester investi dans les marchés actions sur le long terme. La probabilité de perdre ses avoirs est extrêmement faible, et ce, même en cas de krachs boursiers, d’attentats majeurs ou encore de crise sanitaire sans commune mesure.

Pour naviguer dans un marché potentiellement volatil, il est donc préférable de maintenir ses positions tout en diversifiant les placements pour se prémunir contre les rotations sectorielles. Comme sur les terrains, la clé est souvent de savoir attendre. Un pari gagnant.

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