Législatives françaises: un parlement sans majorité dirigé par la gauche

Communiqué, Lombard Odier

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Contrairement aux prévisions, le centre s’est maintenu, les retraits de candidats et la forte participation des électeurs ayant relégué l’extrême droite à la troisième position.

En France, les élections législatives se sont soldées par un parlement sans majorité. Si ce résultat est conforme au scénario de base que nous avions exposé dans nos publications précédentes (ici et ici), la performance relative des différents partis a constitué une surprise notable.

Les sondages laissaient entendre que le Rassemblement national (RN) d’extrême-droite remporterait la majorité des sièges. Une majorité relative semblait probable et même la possibilité d’atteindre les 289 sièges requis pour une majorité absolue ne paraissait pas invraisemblable. Au final, le RN a terminé à la troisième place avec 145 sièges, un chiffre nettement inférieur aux prévisions.

L’alliance de gauche, le Nouveau Front Populaire (NFP), occupe la première place, avec 182 représentants, tandis que la coalition «Ensemble» du président Emmanuel Macron a dépassé les attentes pour se hisser à la deuxième position avec 168 sièges.

Ce résultat constitue un succès majeur pour le «front républicain» qui a émergé après le premier tour avec pour objectif d’éloigner l’extrême droite du pouvoir. Le retrait d’un grand nombre de candidats au second tour a limité le nombre de triangulaires et empêché la division du vote anti-RN, tandis que le taux de participation a atteint son plus haut niveau depuis 1997. Ce résultat provoquera-t-il des dégâts durables pour les perspectives à long terme de la dirigeante du RN, Marine Le Pen? La réponse n’est pas évidente. Certes, en raison de la nature du système électoral et des décisions tactiques, le RN a obtenu une faible attribution de sièges, mais le parti a tout de même rassemblé un tiers de tous les votes.

La nouvelle Assemblée nationale se compose donc de trois blocs principaux, chacun disposant de moins de 200 sièges. Il s’agit d’une législature profondément divisée, un résultat sans précédent pour le système électoral français qui est essentiellement conçu pour aboutir à des majorités claires. Désormais, aucun bloc politique ne s’approche de la majorité gouvernementale.

Les résultats de ces élections éliminent deux scénarios que nous avions précédemment mis en avant comme étant potentiellement disruptifs, à savoir une majorité absolue pour l’extrême droite ou pour la gauche. Un gouvernement qui adopterait une approche conflictuelle avec l’UE n’est donc pas à l’ordre du jour. En l’absence d’une majorité claire, il est peu probable que des initiatives politiques radicales soient prises, et le résultat électoral générera probablement des blocages et de l’incertitude.

Alors que de nombreux pays européens ont vu des coalitions entre partis issus de différentes parties de l’échiquier politique s’unir pour former un gouvernement fondé sur un «dénominateur commun», cela ne fait pas partie de la tradition politique française. Les négociations seront probablement longues, compliquées et peu susceptibles d’aboutir à la formation d’un gouvernement de coalition fonctionnel. Aucune nouvelle élection législative ne peut être convoquée en France avant au moins un an, et le mandat du président Macron dure jusqu’en avril 2027. Ainsi, si les résultats les plus disruptifs ont été évités, une période prolongée d’indécision et de dysfonctionnement au sein du gouvernement est désormais probable.

 

Pour en savoir plus, veuillez consulter le point de vue du CIO Office de la Banque Lombard Odier ci-dessous.

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