CIO Office Flash - Pas de majorité absolue pour l’extrême droite au premier tour

Communiqué, Lombard Odier

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Selon l'étude de Lombard Odier, le scrutin donne au RN une majorité relative, sans majorité absolue qui nécessiterait au moins 289 des 577 sièges de l’Assemblée nationale.

Comme prévu, l’électorat français a accordé au parti populiste du Rassemblement national (RN) 33,2% des votes lors du premier tour des élections législatives. Le Nouveau Front Populaire (NFP), une alliance des partis de gauche, a obtenu la deuxième plus grande part des votes avec 28%, et les centristes d’Ensemble, représentés par le Premier ministre Gabriel Attal et comprenant le parti Renaissance du Président Emmanuel Macron, se sont placés en troisième position avec 21%.

Ce scrutin donne au RN une majorité relative, sans majorité absolue qui nécessiterait au moins 289 des 577 sièges de l’Assemblée nationale.

Cependant, les résultats du premier tour masquent une énorme incertitude quant à la composition finale du Parlement français. Le nombre de courses à trois est exceptionnellement élevé, ce qui rend très difficile toute prévision du résultat: traditionnellement, le leader du premier tour remporte une grande partie des circonscriptions au second tour, mais cette fois, ce n’est pas si évident.

En effet, le résultat final dépendra de la manière dont les partis du centre et de la gauche choisiront de présenter leurs candidats au second tour, le 7 juillet. Historiquement, les partis politiques français se sont coordonnés pour empêcher l’extrême droite d’accéder au pouvoir. Tout repose sur la stratégie adoptée par le centre et l’aile gauche en vue du second tour et sur le résultat des négociations entre eux. Jean-Luc Mélenchon, leader du parti de gauche «La France insoumise» (LFI), a déclaré que les candidats de son parti arrivés en troisième position se désisteraient. Le centre a adopté une approche similaire, ainsi que l’a déclaré M. Attal, tout en faisant une exception contre les candidats d’extrême gauche de la LFI. La date limite de dépôt des candidatures est le 2 juillet.

Le résultat le plus probable est un Parlement «sans majorité» menacé de paralysie politique, soit avec un gouvernement intérimaire, soit avec un gouvernement minoritaire dirigé par la droite dure, au moins jusqu’à la prochaine élection présidentielle prévue pour avril 2027 (voir tableau). Le pays a déjà fait l’expérience de ce genre de «cohabitation» dans les années 1980, à la fin des années 1990 et au début des années 2000, mais il entraînerait un blocage de la législation nationale et réduirait la probabilité d’une résolution du déficit budgétaire.

En cas de victoire du RN, la question essentielle sera la façon dont il choisira de gouverner. Adoptera-t-il une approche conflictuelle et rompra-t-il avec l’Union européenne sur un certain nombre de sujets tels que le budget? Ou adoptera-t-il une approche plus conciliante, semblable à celle du gouvernement italien d’extrême droite de Giorgia Meloni, se rapprochant ainsi du centre de l’échiquier politique sur de nombreux sujets?

Les marchés financiers ont intégré la possibilité d’une paralysie de l’environnement politique français depuis que le président Macron a dissous l’Assemblée nationale il y a trois semaines. L’écart entre les Obligations Assimilables du Trésor ou OAT à dix ans et les emprunts souverains allemands (Bunds) s’est creusé dans le sillage de la décision de dissoudre le Parlement, tandis que l’indice français CAC40 a reculé de 6,5% en juin et que l’euro a enregistré sa plus forte baisse depuis un an par rapport au dollar. À la suite des résultats du premier tour, ces mouvements de marché se dirigent partiellement vers leurs niveaux antérieurs.

 

Pour en savoir plus, veuillez consulter notre Point de vue du CIO Office publié après l’annonce des élections.

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