Intégration de l’IA: les qualités des leaders

Aurélien Duval, DPAM

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Les entreprises capables d’intégrer avec succès les nouvelles technologies s’assurent d’une croissance confortable.

Intelligence artificielle (IA) et IA générative exercent une influence déterminante sur les entreprises. Certains établissements semblent cependant mieux réussir que d’autres à intégrer ces nouveaux outils. Or, à mesure que l’apport de l’IA générative gagne du terrain, que ce soit pour le développement de nouveaux produits, le marketing, la gestion de la logistique ou encore le service à la clientèle, l’écart entre les leaders de l’intégration des nouvelles technologies et ceux qui sont à la traîne va continuer à s’accroître. Reste à déterminer quels sont les facteurs critiques pour une intégration réussie des changements technologiques.

La stratégie est un élément moteur

Les leaders les plus performants ont une caractéristique commune: ils ne se reposent pas sur leurs réussites passées, mais ils s’efforcent d’identifier de nouvelles opportunités de croissance. Pour eux, l’essentiel est d’arriver à déployer du capital de manière à obtenir un retour sur investissement substantiel.  La mise en œuvre de l’IA générative va parfaitement dans ce sens puisqu’elle est porteuse de promesses de rendements élevés.

Mais en dépit de ce potentiel, nombre de dirigeants hésitent lorsqu’il s’agit de décider comment et où implanter l’IA au sein de leur établissement. Se présentent en effet deux grands défis. Le premier est l’élaboration d’une feuille de route qui fixe les étapes de la création de valeur. Le second porte sur l’adoption et le dimensionnement de cette technologie. Dans le domaine du numérique, et de l’IA en particulier, le succès dépend davantage de la manière qu’auront les dirigeants de marier technologie et organisation que des outils utilisés.

Les établissements dotés d’une culture fortement orientée vers l’innovation sont deux fois plus efficaces que les autres pour ce qui concerne la maximisation de l’impact de leur transition vers le numérique.

L’échec d’un passage au numérique résulte fréquemment de l’absence d’une véritable stratégie de gestion du changement. Selon une récente étude réalisée par Mendix, les établissements qui encouragent l’acceptation du changement au sein de leur personnel ont six fois plus chances que les autres d’atteindre leurs objectifs en matière de transformation numérique.

Cependant, l’histoire ne s’arrête pas avec la mise en place de l’IA générative qui ne représente qu’une étape dans le processus de changement. Pour exceller dans le paysage numérique actuel, les dirigeants d’entreprise se doivent d’intégrer les données disponibles et de les mobiliser dans le but d’orienter leurs décisions. Qu’il s’agisse d’optimiser les accès au marché ou d’affiner les stratégies de marketing numérique, ils utilisent les enseignements tirés des données pour allouer stratégiquement leurs ressources afin d’optimiser leurs futurs revenus. 

La culture de l’innovation crée de la valeur

Pour s’assurer que les investissements bénéficient à l’ensemble de l’entreprise, il est indispensable de favoriser les modèles opérationnels et les cultures axés sur l’innovation. Comme l’a montré une étude récente, si le passage au numérique s’effectue dans un environnement opérationnel ou de culture d’entreprise qui n’est pas adapté, le risque qu’il échoue ou ne se fasse que très lentement est élevé. Et pour être adaptée, l’entreprise doit compter l’innovation au nombre de ses valeurs fondamentales. Cela signifie qu’elle encourage l’expérimentation et reconnaît son utilité et qu’elle considère l’échec comme une étape plutôt que comme une régression.

Les établissements dotés d’une culture fortement orientée vers l’innovation sont deux fois plus efficaces que les autres pour ce qui concerne la maximisation de l’impact de leur transition vers le numérique.  En général, leurs budgets recherche & développement sont également deux fois plus importants. Ces entreprises concentrent leurs investissements sur les technologies susceptibles de leur procurer un avantage compétitif important, par exemple celles qui leur permettent d’accélérer leur processus de différenciation ou de mettre en place des modèles opérationnels robustes.

Pour intégrer l’IA de manière efficiente, la technologie seule ne suffit pas, il faut également disposer des données et des infrastructures qui la rendent opérante.

25% d’IA, un strict minimum

Pour être réellement bénéfiques, les investissements dans l’IA doivent être substantiels, faute de quoi ils ne se traduisent pas par une hausse des chiffres d’affaires ou des gains d’efficacité. Selon une étude réalisée en 2022, l’intégration de l’IA doit atteindre un seuil minimum de 25% pour que la croissance s’accélère et que les investissements en IA commencent à produire des résultats. La relation entre l’intégration de l’IA et la croissance du chiffre d’affaires évolue selon une courbe en J: d’abord lente et progressive, elle s’accélère fortement, le point d’inflexion se situant autour de 25%. Une fois ce seuil franchi, les entreprises retenues dans l’étude précitée ont vu leur croissance du chiffre d’affaires avoisiner les 24%. En revanche, le chiffre d’affaires des entreprises dans lesquelles l’intégration de l’IA était inférieure à 25% est resté pratiquement inchangé.

L’adoption de technologies complémentaires et en particulier l’exploitation des mégadonnées et de l’informatique en nuage joue un rôle considérable dans ce contexte. D’une part, en améliorant la robustesse de la collecte et à de la gestion des données, la capacité à exploiter les mégadonnées contribue à optimiser les résultats de l’IA. D’autre part, l’informatique en nuage permet d’accéder à la puissance de calcul nécessaire à l’exécution d’analyses complexes. Autrement dit, pour intégrer l’IA de manière efficiente, la technologie seule ne suffit pas, il faut également disposer des données et des infrastructures qui la rendent opérante.

L’IA générative déploie toute son efficacité lorsqu’elle est mise en œuvre dans la totalité d’un écosystème. La confiner à des secteurs d’activité limités est sous-optimal. Malheureusement, l’intégration de l’IA dans toute l’entreprise suppose un investissement financier qui peut s’avérer prohibitif. 

En conclusion, la présence de dirigeants très performants est une condition sine qua non de la production de bénéfices substantiels à partir des investissements dans la technologie et dans l’IA générative. Il appartient en effet à ces dirigeants d’aligner les intérêts des diverses parties prenantes, de promouvoir le changement et son acceptation par le personnel, d’instaurer une culture de l’innovation afin d’assurer la réussite de la transition. Pour ce qui concerne l’IA générative, il est impératif de la déployer largement et de consentir des investissements suffisamment importants pour obtenir les résultats attendus. Tous ces facteurs sont décisifs lorsqu’il s’agit de distinguer les leaders des «traînards» sur le plan de leur capacité à intégrer de nouvelles technologies.

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