Le degré d’intégration de l’IA: un indicateur clé

Aurélien Duval, DPAM

2 minutes de lecture

Alors que les entreprises multiplient les investissements dans l’intelligence artificielle, la question de leur impact sur la rentabilité se pose.

 

Même si les chefs d’entreprise reconnaissent largement la nécessité d’une intégration plus poussée du digital et de l’intelligence artificielle (IA), le scepticisme prévaut quant aux efforts et aux investissements associés. Une étude publiée par McKinsey en 2022 révèle que, les entreprises ont dégagé, en moyenne, moins d’un tiers de la valeur attendue de leurs tentatives de transformation numérique, et ce, malgré des engagements financiers considérables. Il existe cependant des disparités significatives.

Statista a mis en évidence un recul du retour sur investissement mondial déclaré issu des déploiements dans l’IA au cours des années. En 2015, 54% des entreprises ont déclaré avoir dépassé les rendements prévisionnels au cours de la première année d’intégration de l’IA, un chiffre qui n’atteignait plus que 13% en 2019. Les entreprises visionnaires qui ont intégré l’IA très tôt ont généralement une culture de l’innovation plus développée, ce qui les conduit ensuite à de meilleurs résultats. Les entreprises retardataires ont tiré moins de bénéfices de leurs investissements ou ont connu des cycles de déploiement plus lents. Les premiers à implémenter une nouvelle technologie («early adopters») bénéficient d’une position avantageuse. À mesure que les entreprises intègrent une nouvelle technologie, sa fonction distinctive décroît pour les derniers arrivés («late adopters»), réduisant ainsi ses rendements potentiels.

Les avantages concrets des technologies d’intelligence artificielle générative (GenAI) sont considérables: les entreprises constatent un retour sur investissement dans un délai moyen de 14 mois après l’implémentation. En moyenne, pour chaque dollar investi dans l’IA, les entreprises bénéficient d’un retour sur investissement de 3,5 dollars. Au niveau mondial, 5% des entreprises bénéficient d’un retour sur investissement moyen de 8 dollars (IDC, novembre 2023). L’intégration de l’IA, incarnée par la GenAI, ne vise pas à supplanter les collaborateurs, mais plutôt à améliorer leur productivité, en leur permettant de se concentrer sur les tâches stratégiques.

De l’intégration au rendement

Les données empiriques révèlent que les entreprises disposant de compétences avancées en matière de digital et d’IA surperforment systématiquement leurs concurrents. Les rendements totaux des actionnaires excédent de deux à six fois ceux des entreprises retardataires, et ce, à travers divers secteurs. Certes, les rendements des actionnaires peuvent ne pas refléter systématiquement une performance ou une croissance fondamentale remarquable en raison des fluctuations du marché, des cycles économiques ou de la valorisation. Malgré leur nature court-termiste, ces événements exercent généralement une influence limitée sur une période de cinq ans. Néanmoins, les indicateurs fondamentaux tels que la rentabilité des capitaux propres tangibles (ROTE) peuvent nous informer sur les tendances centrales. Dans le secteur de la banque de détail, un scénario similaire en termes de ROTE s’observe. Les leaders en matière de numérique ont connu une augmentation de 3,8%, contre 1,7% pour les retardataires.

Il est essentiel de distinguer la création d’une plateforme digitale de son exploitation efficace pour générer de la valeur. A travers une intégration complète des outils digitaux et de l’IA dans le parcours client, les entreprises peuvent minimiser les points de friction et renforcer leur avantage concurrentiel dans les ventes en ligne. En outre, l’adoption de stratégies marketing omnicanal, associées à l’automation et à l’analyse, permet de réduire considérablement le coût du service client.

Le fossé se creuse

Les disparités en termes de maîtrise du digital et de l’IA entre les leaders de l’industrie et les retardataires sont significatives et se creusent dans tous les secteurs. À mesure que les leaders continuent d’améliorer leurs compétences dans ces domaines, ils acquièrent un surplus de performance qui s’accumule au fil du temps, ce qui creuse davantage l’écart entre eux et les retardataires.

Selon une étude de McKinsey parue en 2023, «l’effet cumulatif du digital et de l’IA prend place parce que les entreprises leaders réinventent leur organisation. Ainsi, elles bénéficient de capacités difficiles à reproduire et cela leur permet de mieux identifier les points sur lesquels leur modèle d’affaires pourrait être amélioré grâce à la technologie, de développer des solutions digitales et de les adopter efficacement et à plus grande échelle.» Mieux identifier la valeur, plus rapidement, et en capturer une plus grande part est devenu un processus régulier grâce aux transformations du numérique et de l’IA.

En outre, les leaders du secteur attirent les meilleurs talents de la sphère technologique. Ils s’appuient sur leur expertise comme moteur pour faire progresser l’innovation dans différents aspects de leur activité et créer un effet d’entraînement. En réunissant une équipe de spécialistes, les entreprises peuvent renforcer considérablement leurs capacités technologiques et leurs performances dans le traitement des données.

Cette dynamique pourrait être renforcée à l’avenir, car l’IA générative annonce un changement de paradigme dans le panorama technologique mondial, qui n’a pas encore été mis en pratique. Au vu des avantages, nous prévoyons également des disparités qui pourraient dépasser de manière exponentielle celles observées dans le cadre de la transformation numérique et IA jusqu’à présent.

A lire aussi...