Une rentrée sous le signe de l’optimisme

Yves Hulmann

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Même si de nombreux facteurs d’incertitude persistent, le ton reste résolument optimiste sur les marchés en cette fin d’été. Avec raison?

Les mois de juillet et d’août n’auront laissé que peu de place à la torpeur estivale. Inondations, feux de forêt, reconquête éclair de l’Afghanistan par les Talibans ou encore progression rapide du variant Delta dans de nombreux pays, l’été n’a pas été de tout repos pour tout le monde. Pendant ce temps, les marchés ont, eux, poursuivi leur progression, seulement entrecoupée de quelques passages à vide, un peu comme s’ils évoluaient à l’écart des bruits du monde. Alors que l’heure de la rentrée a sonné dans presque tous les pays européens, l’optimisme continue de dominer sur la plupart des places financières. Plusieurs observations en attestent. 

Tout d’abord, les attentes de bénéfices des entreprises pour les troisième et quatrième trimestres restent toujours orientées à la hausse. Au point que certains prévisionnistes semblent aujourd’hui s’intéresser moins à l’évolution des bénéfices en tant que telle mais avant tout aux éventuelles surprises potentielles, qu’elles soient positives ou négatives. Récemment, le gérant d’actifs néerlandais NN IP soulignait dans un article qu’il recourait à un modèle reposant sur l’apprentissage profond pour analyser des milliers de déclarations d’entreprises dans le but de pouvoir anticiper d’éventuelles surprises de revenus. 

Ensuite, beaucoup d’entreprises continuent de lever des fonds sur les marchés des capitaux. Durant la seule semaine dernière, deux sociétés suisses ont annoncé des projets de cotation en bourse. Lundi, c’est le fabricant de chaussures de sport haut de gamme On Running qui a dévoilé son intention d’être coté à la Bourse de New York. Mardi, la société d’investissement BV Holding a annoncé qu’elle prévoyait de faire coter le groupe Skan à la bourse suisse SIX au cours du quatrième trimestre après avoir retiré ses actions de la place boursière bernoise BX.

Même si le variant Delta reste un grand facteur d’inquiétude, plusieurs pharma profitent des investissements massifs effectués pour lutter contre la pandémie.

Enfin, même si le variant Delta demeure un important facteur d’inquiétude dans plusieurs endroits de la planète, y compris dans des pays comme Israël ou la Grande-Bretagne où les taux de vaccination sont déjà élevés, plusieurs entreprises pharmaceutiques profitent des importants investissements effectués pour lutter contre la pandémie. Outre les quelques laboratoires directement impliqués dans la production de vaccins comme Moderna, Pfizer et BionTech, qui tireront parti de l’injection d’une 3e dose de vaccins à une partie de population durant l’hiver prochain, de nombreuses autres sociétés pharma ou biotech bénéficient des investissements accrus dans le domaine des sciences de la vie.

Tout va-t-il alors pour le mieux? Bien sûr, les facteurs d'anxiété ne manquent pas. Des tensions géopolitiques aux résurgences inattendues du variant Delta dans différents endroits du monde, les risques susceptibles de faire capoter la reprise sont légion. Et si l’inflation figure toujours en bonne place des inquiétudes des investisseurs, elle préoccupe toutefois un peu moins la communauté financière que ce printemps.

Quant aux craintes d’une répétition de l’épisode du «Taper Tantrum», qui a tant marqué les esprits en 2013, la réunion annuelle phare de Jackson Hole qui s’est tenue jusqu’à samedi a permis à la Réserve fédérale de rassurer les investisseurs à propos de ses futures interventions, ou justement de l’absence de celles-ci à court terme. La phase de «tapering», soit le resserrement de la politique monétaire par la Fed qui s’effectue dans un premier temps par la diminution des achats de titres obligataires, n’aura lieu que de manière très progressive, s’accordent la plupart des observateurs. Comme le résumait cet été Thomas Stucki, directeur des investissements à la Banque cantonale de Saint-Gall (SGKB), dans une note, «l’inflation, c’était hier, le variant Delta c’est aujourd’hui, le Tapering arrivera demain».

Paradoxalement, l’évolution de la pandémie cet automne, qui pourrait entraîner une possible baisse de régime de l’économie américaine, permet d’envisager la poursuite d’un scénario «Boucle d’or», soit une reprise progressive sans surchauffe. Et avec à la clé la perspective de voir le resserrement de la politique monétaire aux Etats-Unis être repoussé - encore une fois - de quelques trimestres supplémentaires.

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