La Réserve fédérale américaine a abaissé ses taux directeurs pour la première fois depuis 2020. Mercredi soir, elle a surpris le marché en réduisant le taux des fonds fédéraux de 50 points de base, le ramenant dans une fourchette de 4,75 à 5,00%. Cette décision dépasse les attentes des analystes, qui anticipaient une baisse plus modérée, car la Fed est généralement adepte des ajustements progressifs.
La Fed a justifié sa décision par un ralentissement de l’inflation et les signes de ralentissement économique. L’inflation semble maîtrisée avec une hausse des prix à la consommation ralentie à 2,5% en août 2024. L'inflation sous-jacente, qui exclut l’énergie et les produits alimentaires, s’établit à 3,2%. Mesurée à travers le déflateur des dépenses de consommation personnelle, l'indicateur favori de la Fed, l’inflation était de 2,5% pour l’indice total et de 2,6% pour l’indice sous-jacent. Bien que l'objectif de 2% ne soit pas encore totalement atteint, la Fed considère que la lutte contre l’inflation est moins prioritaire à ce stade.
Malgré une augmentation rapide de l'emploi en 2023 et 2024, avec plus de 4,5 millions de nouveaux travailleurs intégrés, le marché du travail ne surchauffe pas.
Par ailleurs, la croissance aux Etats-Unis, bien qu’encore forte, montre des signes de modération par rapport aux trimestres précédents. Avec une croissance moyenne de 3% sur l’année précédente, l'économie américaine se dirige désormais vers une expansion plus modeste et sous les 2% pour 2025. En parallèle, la croissance de l'emploi a ralenti, passant de 267’000 emplois créés au premier trimestre 2024 à seulement 115’000 emplois par mois au troisième trimestre.
Néanmoins, malgré une augmentation rapide de l'emploi en 2023 et 2024, avec plus de 4,5 millions de nouveaux travailleurs intégrés, le marché du travail ne surchauffe pas. La hausse du chômage s'explique par l'augmentation de la population active, notamment grâce à l'immigration, qui a contribué à hauteur de près de 3 millions de personnes. L’augmentation de l’offre de travail a permis d'absorber l’expansion de l'emploi sans générer de tensions inflationnistes. Le nombre de licenciements reste stable, et les indicateurs JOLTS montrent que le marché n'est pas sous pression.
A court terme, les marchés s'attendent à 2 nouvelles baisses des taux d’ici la fin d’année et 4 en 2025 par 25 points de base. Toutefois, la Fed pourrait adopter un rythme plus prudent que celui anticipé par les investisseurs pour l’an prochain. Son objectif est de ramener les taux vers un niveau neutre, estimé entre 2,5% et 3%, un point où la politique monétaire n'exerce ni effet restrictif ni effet expansionniste. Pour une très grande majorité des membres de la Fed, il est en effet plus risqué de diminuer les taux progressivement que de les diminuer rapidement.