L’économie allemande traverse une période de critique intense, mais il est essentiel d’adopter une perspective plus nuancée. En effet, la croissance économique de l’Allemagne est à la traîne depuis plusieurs années. Pour 2024, le FMI prévoit une croissance de seulement 0,2%, bien en dessous des 1,7% attendus pour les pays développés, des 2,7% pour les Etats-Unis et des 0,8% pour la zone euro. De plus, le Conseil allemand des experts économiques estime que le potentiel de croissance du pays ne dépasse que 0,4%, freiné par des défis démographiques persistants et un manque d’investissements cruciaux dans le capital.
Les entrepreneurs expriment de plus en plus leur inquiétude concernant la compétitivité du pays, affectée par une bureaucratie excessive, une réglementation rigide, et un système fiscal complexe qui pèse sur l’initiative privée. Le budget fédéral 2024, avec ses 476,8 milliards d’euros, alloue seulement 14,8% de ces fonds à l’investissement, malgré une hausse des recettes fiscales atteignant 915,8 milliards d’euros en 2023. Ce déséquilibre met en lumière un problème de gestion des dépenses publiques plus qu’un déficit de recettes.
Néanmoins, l’Allemagne conserve des forces significatives. Le Mittelstand, composé de petites et moyennes entreprises familiales, constitue l’épine dorsale de l’économie. Ces entreprises, représentant plus de 99% des entreprises privées, se distinguent par leur capacité d’innovation et leur contribution notable au PIB, notamment grâce à des investissements élevés en recherche et développement. Leurs produits de haute qualité sont prisés sur le marché mondial, et leur résilience économique est un atout majeur dans un contexte de concurrence internationale.
Par ailleurs, l’Allemagne excelle dans le domaine de la recherche, soutenue par des institutions prestigieuses comme la Société Max Planck, qui a vu six de ses chercheurs remporter des prix Nobel entre 2020 et 2023. Ce succès témoigne de la qualité de la recherche scientifique allemande, malgré les critiques justifiées sur le manque de soutien aux matières STEM (sciences, technologie, ingénierie et mathématiques) dans les écoles.
Cependant, les indicateurs économiques publiés récemment soulignent un manque d’exploitation de ces atouts. L’indice ifo du climat des affaires, tombé à 86,6 points en août, indique une détérioration notable, en particulier dans le secteur industriel. Ce manque d’investissements plonge l’économie allemande dans une crise croissante. De plus, la profitabilité des entreprises allemandes cotées en bourse reste trop faible: le rendement des capitaux propres atteint seulement 8,9 % en Allemagne, comparé à une moyenne européenne de 11,4%, à 17,6% aux Etats-Unis et à 16,9% en Suisse.
Dans ce contexte, notre recommandation pour les investisseurs est claire: il est crucial de diversifier les portefeuilles à l’international. La part de l’Allemagne dans l’indice MSCI World reste inférieure à 3%, alors que celle des Etats-Unis avoisine les 70%. Le marché boursier envoie un message sans équivoque.