Booster la performance grâce à la gouvernance d’entreprise

Nicolas Mougeot, Indosuez Wealth Management Suisse

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En 2020, l’intérêt des investisseurs s’est porté sur le E, mais en 2021 il ne faudra pas délaisser le G.

2020 aura confirmé l’engouement des investisseurs pour les fonds ESG. Paradoxe de ces fonds, si la gouvernance est probablement le thème le plus ancien parmi E, S et G (pour Environnement, Social et Gouvernance), ce sont surtout les considérations environnementales qui ont poussé les investisseurs vers les fonds ESG. Faut-il pour autant délaisser les questions de gouvernance? la réponse est bien évidemment négative.

De quoi parle-t-on tout d’abord? La gouvernance d’entreprise englobe un certain nombre de principes qui dictent la manière dont une entreprise fonctionne. Une bonne gouvernance d'entreprise peut être mesurée à l’aide d’un certain nombre de facteurs tels que:

  • Structure du conseil d’administration (dualité PDG/Président, comités de rémunération et de nomination);
  • Rémunération (rémunération des dirigeants, gouvernance en matière de rémunération);
  • Actionnaires («pilules empoisonnées», actions en circulation détenues par les dirigeants);
  • Score éthique (montant des amendes/sanctions, dons à des partis politiques, politique anticoncurrentielle, risque de réputation);
  • Pratiques fiscales (scandales fiscaux, transparence fiscale);
  • Existence d'une stratégie ESG.
Evaluer les pratiques de gouvernance d’entreprise
devrait faire partie intégrante de tout processus de gestion.

Comme l’intérêt pour les questions de gouvernance n’est pas nouveau, son impact sur les performances financières est bien documenté, notamment dans la littérature universitaire.  Par exemple, Gompers, Ishii et Metrick1 (2001) ont établi un indice de gouvernance pour 1500 entreprises américaines et observé que les entreprises ayant la gouvernance la plus robuste avaient surperformé celles ayant des systèmes de gouvernance très fragiles d'environ 8,5% par an dans les années 1990.

Ils ont également constaté que les entreprises dotées d'une gouvernance robuste avaient une valeur d'entreprise et des bénéfices plus importants, une croissance des ventes plus solide et des dépenses d’investissements moins élevées.

Au-delà de l’aspect éthique, privilégier les entreprises ayant de bonnes pratiques de gouvernance peut renforcer la performance du portefeuille, car les actions de ces entreprises ont tendance à surperformer celles des entreprises moins rigoureuses dans ce domaine.

En utilisant des données mondiales sur la période 2000-2017, S&P Global a confirmé les études universitaires précédentes et constaté que les entreprises ayant une gouvernance défaillante tendaient à sous-performer de 7,84% par an leurs homologues dotées d’une gouvernance robuste.

Une notation sur la gouvernance des entreprises devrait donc permettre d’obtenir un meilleur rendement mais c’est aussi un moyen de réduire le risque d’un portefeuille car éviter les entreprises dont la gouvernance est médiocre peut s’avérer payant à moyen-terme. Wirecard est l'un des derniers exemples de mauvaise gouvernance, avec pour conséquence l'effondrement de cette entreprise allemande, fleuron de l'indice DAX 30. Après avoir nié les allégations de fraude du Financial Times en 2019, l’entreprise a été contrainte de reconnaître en 2020 qu’environ 1,9 milliard d'euros s’étaient «volatilisés», conduisant à son insolvabilité.

Evaluer les pratiques de gouvernance d’entreprise devrait par conséquent faire partie intégrante de tout processus de gestion car il permet d’améliorer la performance ajustée au risque et peut s’appliquer à tous les secteurs. Ceci pourrait être d’autant plus important en 2021,  après une année marquée par la crise du COVID-19 qui pourrait avoir poussé les entreprises à la gouvernance médiocre à dissimuler davantage  leurs mauvaises pratiques à leurs investisseurs.

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